Depuis une dizaine de jours, trois portes sont hermétiquement closes à la direction générale de Camwater au quartier Koumassi à Douala. Ces bureaux appartiennent à Mme Josette Ngo Bisseck, épse Noah, à Hives Bekale Akono et à Omgba Sébastien Emmanuel. Ces cadres occupent les fonctions de directeur ou de sous directeurs dans cette entreprise d’Etat. Tous sont proches de Jean William Sollo.
Ils étaient aussi des affidés de Basile Atangana Kouna du temps où il menait, en qualité de directeur général, le passage stratégique de la Snec à Camwater, avec en prime la création de la « Camerounaise des eaux (Cde) » pour la distribution de ce liquide. Quand Basile Atangana Kouna entre au gouvernement le 09 décembre 2011, il recommande pour le remplacer à Camwater, Jean William Sollo. C’est donc tout naturellement que le nouveau Dg maintient à leur poste, des personnes trouvées en place, et dont la loyauté ne saurait être remise en cause. Jean de Dieu Mah fait partie de ces personnes triées.
Directeur administratif et financier, ce chef traditionnel du village Essé à Nkoabang dans la banlieue Est de Yaoundé, il connaît tout de la Camwater. Il fait recruter son fils Jean-Marie Bodo dans la même boîte. Jean-Marie Bodo était au parfum de ce qui se profilait sur son père.
En déplacement samedi 17 mars dernier pour un enterrement à Mengueme proche de Mbalmayo dans le Nyong et So’o, il se confie à certains de ses collègues de service : « J’ai surpris hier une conversation de mon père au téléphone. Il parlait à voix basse à un correspondant. Il lui disait qu’il est certain qu’il serait bientôt arrêté… « Révèle-t-il.
Quand Jean de Dieu Mbah arrive à son bureau ce lundi 19 mars, aux environs de 10h, trois policiers en civil lui demandent de les suivre. Il est emmené vers une destination inconnue, sous les regards médusés de ses collaborateurs.
La longue liste.
La rumeur a cédé la place à l’information réelle dès le 14 mars dernier. Cette information est un message que la gendarmerie nationale région du Littoral à Douala envoie à toutes les frontières « terrestres, aériennes et maritimes du territoire national ». Interdiction est faite de sortir du territoire à : Bekolo Ebe Bruno, ex-Recteur de l’université de Douala ; à Ayina Ohandja Louis Max, ex-Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics, chargé des routes. Auparavant, le 2 mars dernier, c’était au tour de Martin Mbarga Nguelé, le Délégué général à la Sureté nationale (Dgsn), d’émettre un message identique à celui de la gendarmerie du Littoral.
Le message du Dgsn interdit pareillement de sortir du territoire à : David Nkotto Emane, Directeur général de Camtel, Richard Maga Directeur adjoint, Enow Kenneth Agbor, ex-directeur des finances et du budget, Nganou Boris Judicael, coordonnateur de programme, Dieutoss Evariste, ex-directeur des ressources humaines, Tsaam Gah Marcellin, ingénieur de marchés,Assouzo’o Benjamin Gérard, chef de service de marchés, Mfou’ou Jean Claude, commissaire aux comptes.
Alors que l’opinion publique nationale ergotait encore sur les noms des personnalités concernées par ces deux messages, nous apprenions en milieu de journée de lundi, la mise aux arrêts de Jean William Sollo, ancien directeur général de Camwater, et la fuite constatée de Basile Atangana Kouna, ex-ministre en charge de l’eau et de l’énergie.
Il est difficile au stade actuel des choses, de dire avec exactitude ce qui est reproché à cette cohorte de personnes. On peut toutefois souligner que la transition de la Snec à Camwater s’est opérée sous une gestion financière pleine d’opacité. Toutes les autres mesures ont une relation étroite avec la gestion de la fortune publique, mise à la disposition de ces hauts responsables.