Paul Biya. Ce nom est le mantra que les thuriféraires du régime psalmodient à longueur de journée. Ces derniers se servent de ce nom comme d’une formule magique qui délivre les croyants du pessimisme en les plongeant dans un océan de félicité incommensurable. Paul Biya, c’est aussi un talisman pour ces militants qui vont à la conquête des suffrages briguer un poste parlementaire ou communal. Paul Biya est le pain bénit qui agrémente toute liturgie de la parole après une grâce présidentielle par décret interposé. Paul Biya, est l’amulette porte-bonheur des happy few qui quémandent les privilèges de la République. Paul Biya est ce mandala qui orne les bureaux administratifs transformés en temple de vénération.
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Paul Biya est en outre l’égérie, celui-là qui inspire les auteurs férus du dithyrambe. Mais ici, l’égérie devient en même temps le personnage principal de l’œuvre, celui qui déclenche, entretient et dénoue l’intrigue, tout en esquissant l’épilogue. Paul Biya a donc été l’égérie de Gilles Roger Belinga qui a dirigé la Société immobilière du Cameroun(SIC) pendant une décennie et demie. Courant 2004, il commet un ouvrage : «Révélations : Paul Biya l’homme qui a changé le Cameroun». La louange au prince est parfaite, l’auteur dressant un portrait exclusivement élogieux de Paul Biya qui eut l’insigne inspiration de créer Gilles Roger Belinga par décret présidentiel quelques années auparavant.
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Au moment où le livre est publié, la sérénité est de mise, aucun fait ne brouille le joli destin directorial de l’auteur. Ses camarades du parti ne bouderont pas le plaisir de venir assister à la cérémonie de dédicace dans un hôtel huppé de la capitale camerounaise. Les médias, à capitaux publics et privés, ne boudent pas la couverture de cette dédicace. 21 février 2006, coup de tonnerre. Gilles Roger Belinga est interpellé et placé en détention préventive ; il sera jugé et condamné l’année d’après. Il purge sa peine en se privant de faire quelque révélation que ce soit, même sur l’œuvre grandiose de Paul Biya.