Les forces de sécurité ougandaises renforcent la sécurité dans la capitale Kampala suite aux deux attentats-suicides revendiqués par l'Etat Islamique (EI).
Des points de contrôles et des patrouilles ont été mises en place dans les rues de Kampala, tandis que les zones où les deux attentats ont eu lieu au cœur de la capitale ont été fermées aux automobilistes. Des équipes d'enquêteurs fouillent les sites des explosions.
Que s'est-il passé ?
Des kamikazes ont pris pour cible la capitale ougandaise Kampala, tuant au moins trois personnes et en blessant plus de 30 autres, selon la police.
Trois assaillants à moto se sont fait exploser près du parlement et du siège de la police de la ville.
Le nombre de morts risque d'augmenter, les explosions ayant laissé des morceaux de corps éparpillés dans les rues.
Les attaques ont eu lieu à trois minutes d'intervalle. D'autres bombes ont été découvertes dans d'autres parties de la ville, ont indiqué des responsables.
"Les alertes à la bombe sont toujours actives, en particulier de la part d'attaquants suicidaires", a déclaré le porte-parole de la police, Fred Enanga.
"Nous pensons qu'il y a encore d'autres membres de ces cellules terroristes nationales, notamment l'escouade de kamikazes qui a été créée par l'ADF".
Un quatrième assaillant a été arrêté et une veste explosive récupérée, a indiqué la police.
Qui est derrière l'attaque ?
Le groupe État islamique (EI) a déclaré être à l'origine de l'attaque, rapporte l'agence de presse Amaq.
Cependant, les autorités continuent de blâmer les ADF.
Les Forces démocratiques alliées (ADF) ont été créés dans le nord de l'Ouganda par d'anciens officiers militaires fidèles à l'ancien homme fort Idi Amin. Ils ont pris les armes contre le président ougandais de longue date, Yoweri Museveni, en invoquant la persécution des musulmans par le gouvernement.
Après sa défaite face à l'armée ougandaise en 2001, il s'est réinstallé dans la province du Nord-Kivu en RD Congo. Après une période de faible activité, les ADF sont réapparus en 2014 avec une série d'attaques contre des civils congolais.
Mais après sa réapparition en RD Congo, son activité a pris une dimension djihadiste plus globale, avec des attaques de plus en plus revendiquées au nom du groupe État islamique (EI).
Musa Seka Baluku est devenu chef en 2015 après l'arrestation de son prédécesseur Jamil Mukulu. Baluku aurait d'abord prêté allégeance à l'EI en 2016.
Mais ce n'est qu'en avril 2019 que l'EI a reconnu pour la première fois son activité dans la région, lorsqu'il a revendiqué une attaque contre des positions de l'armée près de la frontière avec l'Ouganda.
Cette déclaration a marqué l'annonce de la "province d'Afrique centrale" (Iscap) de l'EI, qui comprendra plus tard le Mozambique.
Bien que certains éléments indiquent que l'EI a coopté l'ADF, l'organisation n'a jamais mentionné publiquement son nom dans sa propagande.
Condamnation des autorités
Le président ougandais Museveni a fermement condamné l'attaque perpétrée mardi matin dans la capitale Kampala.
Il a appelé à un renforcement des mesures de sécurité et a exhorté la population à rester vigilante.
"Les terroristes nous ont invités et nous venons pour eux", le président a tweeté.
Three (3) IED (Improvised Explosive Devices) have been recovered including the one of today. The terrorists invited us and we are coming for them.
Ssabalwanyi
16th November, 2021 pic.twitter.com/aQ9ftgCKce
— Yoweri K Museveni (@KagutaMuseveni) November 16, 2021
Dans une déclaration publiée mardi soir, plusieurs heures après l'attaque, il a utilisé l'eau des animaux pour les réprimander et mentionner leurs noms.
"Le kamikaze du CPS est connu sous le nom de Mansur Othman et celui qui s'est fait exploser dans les bureaux de l'IGG s'appelle Wanjusi Abdalla", a déclaré le président.
Il a ajouté que des informations ont été obtenues d'une troisième personne qui était également un kamikaze dont les gardes du corps ont arrêté Bwaise, mais a noté qu'il est décédé plus tard des blessures par balle subies lors de son arrestation plus tôt mardi.
Le Kenya en état d'alerte après les attentats en Ouganda
Le gouvernement kenyan a déclaré que les agences de sécurité sont en état d'alerte après les attaques de mardi dans la capitale de l'Ouganda voisin.
Le porte-parole du gouvernement, Cyrus Oguna, a exhorté les citoyens à être vigilants et à signaler toute personne suspecte.
Cette alerte intervient quelques jours après que trois prisonniers condamnés pour des accusations liées au terrorisme se sont échappés d'une prison de haute sécurité située à proximité de la capitale Nairobi.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est au Kenya pour des entretiens sur la sécurité régionale avec le président Uhuru Kenyatta.
Une fusion dangereuse entre le militantisme national et l'extrémisme mondial menace la sécurité de l'Ouganda.
Ces dernières années, l'ADF a été cooptée par l'État islamique, et il s'agit de la plus grande attaque à laquelle elle a été associée en Ouganda depuis qu'ils ont établi des relations.
L'ADF est également connue sous le nom de Province d'Afrique centrale de l'État islamique. Un groupe islamiste du Mozambique porte le même nom et y mène une insurrection brutale.
Les militants connaissent leur chemin et peuvent se fondre dans la population locale. L'EI leur fournit un soutien tactique, les aide à mener leur campagne de propagande et leur a confié une nouvelle mission.
Les agences régionales de renseignement et de sécurité devront collaborer plus étroitement pour combattre la menace, et la population devra être plus vigilante.