La joie d’une nouvelle naissance aura été de courte durée pour la famille mokem à Kribi. Famille dont la mère Françoise donne la vie le 13 septembre courant à son cinquième enfant aux environs de 21 heures à l’hôpital de district de Kribi (HDK).
Hôpital dont l’équipe médicale de garde ce dimanche soir-là ne détecte aucune anomalie ni pour le bébé de sexe féminin pesant près de 4 kg, encore moins pour sa mère qui vient de souffler sa 41e bougie.
La preuve c’est que l’accouchée va à travers appels et sms, annoncer la bonne nouvelle à ses parents, amis et connaissances. Des proches dont certains n’hésiteront pas à s’offrir une bière pour arroser l’heureux événement tandis que d’autres préfèrent se rendre à la maternité de l’HDK.
Une formation sanitaire où les choses vont commencer à se compliquer une heure à peine après l’accouchement. Complications qui se présentent sous la forme d’une sévère hémorragie. L’hôpital n’ayant pas de banque de sang fonctionnelle, les membres de la famille sont appelés à la rescousse. Par chance le frère cadet de la parturiente est donneur universel.
Il lui sera donc prélevé une poche de sang dont la transfusion à sa sœur se révélera être insuffisante. Le temps de trouver un deuxième donneur, Françoise mokem sombre dans le coma. Un état pour lequel une assistance respiratoire s’impose mais comble de malheur toutes les bonbonnes d’oxygène de l’hôpital de district de Kribi sont vides.
Même l’infirmerie de la garnison de Kribi (IGK) qui se trouve dans le voisinage n’est pas mieux lotie en la matière. C’est donc pratiquement abandonnée à son sort que cette institutrice en service à l’école bilingue de Dombè, passera de vie à trépas quelques minutes plus tard. Les siens accourus à son chevet n’en croient pas leurs yeux encore moins leurs oreilles quand les soigneurs leur annoncent le décès.
Il leur faudra d’ailleurs attendre le matin de lundi pour se rendre à l’évidence et accepter que le corps soit conduit à la morgue. Morgue où il sera levé le vendredi 18 septembre dernier sous les regards médusés des membres de la communauté éducative de l’arrondissement de Kribi II.
Des hommes et des femmes qui ont d’ailleurs tenu à aller accompagner leur collègue à sa dernière demeure au village Babeté par mbouda. Pendant ce temps, le nouveau-né a pris goût aux seins de sa belle tante, mère d’un bébé de deux mois. Une maigre consolation pour cette famille si durement éprouvée qui malgré les nombreux doigts accusateurs qu’elle a pointés sur l’hôpital, s’est résolue à s’en remettre à Dieu.
Par contre de nombreux observateurs avertis continuent de se demander combien de morts stupides de ce genre faudra-t-il encore pour que l’hôpital de district de Kribi qui date de 1934 soit réellement arrimé aux grandes réalisations dont Kribi est justement la vitrine ?
La question a toute sa place quand on sait que ledit hôpital n’a bénéficié d’aucun projet dans le budget d’investissement public de l’année en cours. Année qui a vu le docteur Jean Gustave tsagadigui, le directeur de l’HDK tendre avec l’onction du préfet de l’océan, la main aux entreprises citoyennes et aux élites de cette partie du pays pour venir au chevet de sa formation hospitalière.
Le ministre de la santé publique semble pour l’instant, le seul à ne pas se rendre compte de l’urgence de la situation, lui qui poursuit sa réflexion sur les réponses sanitaires à apporter au chef-lieu du département de l’océan pourtant bien engagé sur la voie de l’émergence.
Une attitude incompréhensible pour ce dignitaire du rassemblement démocratique du peuple camerounais. Le parti au pouvoir qui aime à se vanter d’être résolument passé à l’action depuis 2011. Un passage de témoin entre les grandes ambitions et les grandes réalisations qui apparemment aurait échappé au ministre André Mama Fouda dont les ambitions pour Kribi n’ont pas fini d’être nourries.