Paix entre Tikar et Bamoun : le célèbre Abdelaziz Moundé fait une proposition à Mbombo Nabil Njoya

Conflit entre les deux royaumes Tikar et Bamoun

Sat, 4 Feb 2023 Source: www.camerounweb.com

« Appel à la fraternité à Magba », c’est le titre d’un texte rédigé par le journaliste indépendant, critique politique, consultant en géopolitique et histoire, spécialiste dans le droit de l’espace, Abdelaziz Moundé Njimbam.

Celui qui est connu pour ses actions pour la restitution des biens culturels africains expropriés s’est penché sur le conflit qui a débuté ces dernières heures entre les royaumes Tikar et Bamoun à cause d’une appellation.

Le roi Tikar a appelé son homologue Bamoun « mon fils ». Cela n’a pas plu aux Bamoun qui l’ont immédiatement attaqué physiquement. Les Tikar ne sont pas restés de marbre. Ils ont à leur tour saccagé des biens des Bamoun.

Si Ncharé Yen, fondateur de la dynastie Bamoun en 1394, venu de Rifum (Bankim actuel dans l’Adamaoua) en pays Tikar, revenait parmi nous, il aurait compris le mot du chef de la communauté Tikar de Magba dans le Noun.

L’expression - « mon frère, mon fils » - utilisée par ce chef traditionnel, accueillant le Mfon, roi des Bamoun, prend sa source dans cette période de l’histoire commune entre ces deux peuples.

En effet, les rois Bamoun, à l’exception de Ngouwouo (1818-1863), ont pour ancêtre direct ce prince Tikar, venu dans le Noun actuel avec près de 200 personnes. Une histoire partagée avec tant de populations de l’Ouest et du Nord-ouest Cameroun, des Bafoussam aux Baleng, des Nso aux Bagam ou Bafut et bien d’autres. Ou encore des Bafia dans le Centre.

Au fil des siècles, les rencontres entre autorités traditionnelles de ces différents peuples ont été symbolisées par des évocations de ces liens, le souvenir de la conquête de terres de l’Ouest et du Nord-Ouest par des princes Tikar, des monarques qui s’appelaient « frères ou fils ».

Cela n’enlève rien ni à la puissance ni à l’aura, encore moins à l’autorité de l’autre. Bien au contraire, comme on le voit dans bien des chefferies de l’Ouest Cameroun, cela permet d’ancrer davantage le présent dans l’histoire, de valoriser un patrimoine immatériel, de transmettre aux jeunes générations des pans de l’histoire précoloniale de l’Afrique.

L’un des exemples de ces symboles est, au sein même de la royauté Bamoun, l’existence de titres comme Tita Mfon, littéralement « Père du roi », accordé à des dignitaires ou des personnalités ayant rendu d’éminents services ou descendants de personnages emblématiques ou liées à la contrée. Ainsi, le Mfon, roi, qui est réputé être le « père de tous » se désigne des « pères ».

C’est pourquoi, il aurait été utile pour des membres de la garde et de la suite du Mfon-roi des Bamoun, de laisser le propos de ce chef aller jusqu’à son terme et d’exprimer, s’il y’avait lieu, leur désaccord, par des voies appropriées. Au lieu de cela, les actes observés à Magba entachent cette forte charge symbolique, crispent les liens entre ces deux peuples et suscitent un tollé qui aurait pu être évité. Le comble : des saccages après une cérémonie qui avait des allures foraines, fraternelles et enjouées.

Il appartient au Mfon, roi des Bamoun, d‘initier dans un esprit d’apaisement et de conciliation, un retour au calme ainsi qu’une démarche fraternelle permettant de réparer tous les dégâts causés par cette fâcheuse situation. Cela aurait la vertu, d’une part, de réitérer la nécessité du respect des principes républicains, d’édifier les uns et les autres sur les symboles de l’histoire entre ces peuples, et enfin, que plus jamais de telles scènes n’adviennent.

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