Palais de l'Unité : Paul Biya surprend ses faux dauphins pressés

Paul Biya ne compte pas céder son pouvoir à un dauphin

Tue, 15 Feb 2022 Source: L'Independant N°23

Plusieurs proches du président de la République se sentent investis de la mission de remplacer l’homme du 04 novembre au soir de sa vie. Selon le journal « L’Indépendant » Paul Biya a un tout autre plan.

Dans son numéro 3109 de février 2022, explorant les lieux de pouvoir, les jeux et les enjeux de la succession au Cameroun, le magazine panafricain, Jeune Afrique, jette son dévolu sur quatre personnalités : Ferdinand Ngoh Ngoh (Sg/Pr), Samuel Mvondo Ayolo (Dec), Franck Emmanuel Biya et Louis Paul Motaze (Minfi).

C’est un secret de polichinelle, la succession est ouverte au Cameroun. A son corps défendant, Paul Biya est rattrapé par le poids des ans et l’illusion de la présidence à vie.

Dans une interview demeurée célèbre à France 24, Paul Biya confiait que le mot dauphin sonnait mal en République. Interrogé sur son bail interminable à la tête de l’Etat, Paul Biya soutenait à l’occasion de la visite de François Holland au Cameroun, qu’il n’était pas arrivé au pouvoir par la force, et que « ne dure pas au-pouvoir qui veut, mais qui peut » Ces deux sorties médiatiques, n’ont pas démenti les griefs sur la volonté de Paul Biya de perdurer aux affaires envers et contre tout.

Paul Biya n’aime rien tant que son pouvoir. Et tous ceux qui ont manifesté des velléités réelles ou supposées de lui succéder, l’auront appris à leurs dépens. La longue liste des prétendus dauphins déchus est un florilège de destins brisés : de Marafa Hamidou Yaya à Pierre Désiré Engo, de Jean Marie Atangana Mebara à Edgard Alain Mèbe Ngo’o, de Titus Edzoa à Polycarpe Abah Abah en passant par bien d’autres, le Chef de l’Etat a su se défaire de tous ceux qui ont tenté de lui faire ombrage ou de lorgner son fauteuil.

Plus sournoises et plus subtiles, les méthodes d’une police politique, qui active sur la violence symbolique au sens de Pierre Bourdieu (la peur et le chantage alimentaire) ont été surclassées par l’instrumentalisation d’une justice kafkaïenne, qui livre aux orties, des collaborateurs indociles et protège des prévaricateurs invétérés, qui continuent à narguer le petit peuple du fait de leurs forfaitures impunies.

Dans un tel climat pesant et oppressant, même si elle est ouverte, la succession de Paul Biya est un sujet qui gêne aux entournures. Mais sous cape, des interlocuteurs des plus introduits, ne manquent pas d’aborder ce sujet avec quelques précautions.

Un ministre aux affaires nous confie que le scénario de la disparition de Paul Biya au pouvoir, ouvrirait la voie au syndrome ivoirien.Les ambitions jusque-là bridées, pourraient alors se déchaîner par l’affrontement des ambitions entre divers réseaux %: clans. L’armée pourrait-elle jouer les arbitres ? Difficile à dire !

Lors d’une interview accordée à Charles Ateba Yene, Pierre Semengue, premier officier général du Cameroun, confiait que les militaires et autres hauts gradés camerounais, n’étaient pas complexés. Ils avaient fait les mêmes études, les mêmes écoles que les civils aux affaires, et qu’ils s’en tenaient avec honneur et fidélité à leur mission de protection des institutions et de l’intégrité territoriale, de défense de la légalité républicaine.

Incertitude

La constitution actuelle règle la question de la vacance au pouvoir non sans ouvrir le champ à une zone d’incertitude. Au stade actuel des choses, les acteurs de la transition en cas de vacance, sont tous octogénaires : Cavaye Yeguié Djibril, Clément Atangana et Niat Njifenji Marcel.

Ces trois acteurs peuvent-ils organiser la transition dans un délai de 120 jours, sans prêter le flanc à des interprétations subjectives de la loi fondamentale ? Niat Njifenji Marcel appelé à assumer la transition en cas de vacance, apparait aujourd’hui plus fatigué et plus usé que le président Paul Biya, du fait de ses multiples évacuations sanitaires. Dans un tel contexte, on assiste au bal des vrais et faux dauphins.

Source: L'Independant N°23