Panique à Etoudi: Paul Atanga Nji menace de faire arrêter Issa Tchiroma après sa victoire

Tchiroma Nigeria Image illustrative

Fri, 10 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

Le ministre de l'Administration territoriale a lancé un avertissement sans précédent à un candidat de l'opposition, ravivant le souvenir de l'affaire Issa Tchiroma après la présidentielle de 2018.

À 48 heures du scrutin présidentiel du 12 octobre, le ton durcit au sommet de l'État camerounais. Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, a adressé une mise en garde musclée à un candidat de l'opposition qu'il accuse de vouloir contester les résultats du scrutin depuis sa "région d'origine".

"Il y a un candidat qui a dit qu'il va terminer la campagne dans sa région d'origine parce qu'il compte se cacher dans sa maison et déclarer qu'il a gagné les élections", a déclaré le ministre sans nommer explicitement le concerné. "Je tiens à lui rappeler que l'administration ira le pêcher chez lui s'il tente", a-t-il averti dans des propos rapportés par Vision4.

Cette sortie intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir et certains candidats de l'opposition. Le ministre Atanga Nji a ensuite durci le ton : "La récréation se termine avec la campagne, à partir du 12 octobre au soir plus de tolérance pour la récréation."

Ces menaces à peine voilées font inévitablement ressurgir le précédent historique de 2018. Cette année-là, Issa Tchiroma Bakary, alors ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait mené une campagne mémorable en faveur de Paul Biya. Sa formule choc "Biya ou le chaos" avait marqué les esprits et incarné la stratégie d'intimidation du régime face à l'opposition.

Sept ans plus tard, c'est un autre ministre, Paul Atanga Nji, qui reprend le flambeau de la menace politique. Sa déclaration s'inscrit dans cette même logique : dissuader toute contestation des résultats par la menace de répression administrative, voire judiciaire.

Le message du ministre de l'Administration territoriale est clair : aucune contestation ne sera tolérée après l'annonce des résultats. En menaçant explicitement d'utiliser "l'administration" pour arrêter un candidat qui déclarerait sa victoire, Paul Atanga Nji franchit une ligne rarement traversée aussi ouvertement par un membre du gouvernement.

Cette posture rappelle les méthodes employées lors des précédents scrutins, où toute tentative de remettre en cause les résultats officiels a été systématiquement réprimée. La référence à la "récréation" pour qualifier la période de campagne électorale est particulièrement révélatrice : elle suggère que le pluralisme politique n'est qu'une parenthèse temporaire, tolérée le temps du scrutin.

Ces déclarations s'ajoutent à une liste déjà longue d'incidents signalés durant la campagne : militants convoqués, réunions interdites, matériel de campagne vandalisé, intimidations locales. Plusieurs candidats de l'opposition, notamment Cabral Libii du PCRN, ont dénoncé un "vandalisme politique" orchestré depuis les hautes sphères du pouvoir.

Le ton employé par Paul Atanga Nji ne fait qu'alimenter les craintes d'une période post-électorale difficile. En annonçant la fin de "la tolérance" dès le soir du 12 octobre, le ministre suggère que toute forme de contestation sera traitée avec la plus grande fermeté.

Si le rôle du ministre de l'Administration territoriale inclut effectivement la supervision du processus électoral et le maintien de l'ordre public, la formulation utilisée interroge. Menacer d'aller "pêcher" un candidat "chez lui" pour avoir déclaré sa victoire soulève des questions sur les limites entre application de la loi et intimidation politique.

Dans un système démocratique, le droit de contester des résultats électoraux existe, encadré par des procédures légales. Les déclarations de Paul Atanga Nji semblent écarter toute possibilité de recours, même légal, en qualifiant par anticipation toute contestation de tentative de déstabilisation.

Comme en 2018 avec Issa Tchiroma, le régime Biya mobilise ses figures les plus martiales pour sécuriser le scrutin et décourager toute velléité contestataire. Cette stratégie a fait ses preuves par le passé : après la présidentielle de 2018, malgré les contestations de certains candidats d'opposition, aucune remise en cause sérieuse des résultats n'a pu prospérer.

Le 12 octobre dira si cette approche musclée suffira une fois de plus à étouffer toute contestation. Mais une chose est certaine : l'avertissement de Paul Atanga Nji marque déjà cette présidentielle 2025 du sceau de la tension et de l'intimidation, dans la droite ligne de la méthode Tchiroma qui avait caractérisé le scrutin de 2018.

Source: www.camerounweb.com