Ce n’est pas la sérénité absolue au niveau des députés en cette fin d’année. Le gouvernement a décidé de leur coupé un peu le robinet, du moins revoir les choses. Au centre de la controverse, les 8 millions de F CFA que l’Etat alloue à chaque élu du peuple pour financer des projets dans sa circonscription. Jeune Afrique indique dans un article que les députés redoutent de se retrouver sans le fonds.
« Changement de dénomination, de fonction d’usage ainsi que de gestionnaires… C’est un tout nouveau visage que le gouvernement vient de donner au budget accordé aux députés pour le financement de microprojets dans leurs circonscriptions respectives.Lors de l’adoption de la loi de finances de l’année 2023, ce 5 décembre au Parlement, les députés ont été surpris de constater la disparition de la ligne réservée à cette dépense du budget de l’État. La nouvelle que cette enveloppe annuelle de 1,44 milliard de F CFA – très souvent critiquée – avait été annulée a rapidement circulé, suscitant l’indignation des élus, si bien que les cadres du ministère des Finances ont entrepris de clarifier la situation », rappelle Jeune Afrique.
Cette nouvelle dynamique ne plaît manifestement pas à tout le monde.D’après des députés rencontrés par Jeune Afrique au cours de la session qui se poursuit actuellement au palais des congrès de Yaoundé, « le financement réservé aux microprojets des députés n’a pas été supprimé ». Le gouvernement a en revanche décidé de se désengager de sa gestion et de reporter cette ligne dans le budget de l’Assemblée nationale sous la dénomination « budget d’appui pour l’action parlementaire ». L’argent qui sera reversé sur les comptes des parlementaires devrait désormais servir non seulement à financer des microprojets, mais aussi à doter les élus de véritables cabinets, rapporte le confrère.
« Selon nos informations, ce changement est la conséquence des moultes interrogations que l’opacité entourant l’usage de cette ligne budgétaire suscitait au sein même de l’hémicycle. Lors de la précédente législature, le président de l’Assemblée nationale avait dû faire afficher au Parlement et à l’hôtel des députés une note demandant aux élus de déposer des rapports d’exécution des microprojets – autrement dit, les intéressés étaient sommés de rendre des comptes.Au sein de l’opinion publique aussi, l’attribution de ces fonds publics était perçue comme un « archaïsme ». « Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale [PCRN, opposition] applaudit cette réforme, a d’ailleurs réagi le député Cabral Libii. Cette dépense était confusionnelle […], juridiquement insensée, insignifiante et inutile. » À l’origine, les subventions de microprojets avaient été instituées pour permettre aux députés de devenir des acteurs du développement de leur circonscription. Mais « avec 8 millions [de F CFA] par an dans un budget de 6 300 milliards, aucun député ne peut avoir d’impact socioéconomique dans sa circonscription », relève encore Cabral Libii, poursuit Jeune Afrique