Jeune Afrique vient de publier un nouveau dossier très intéressant mettant en lumière le paradoxe camerounais qui persiste malgré la situation de producteur de pétrole du pays. Il est étonnant de constater que le Cameroun, en dépit de sa capacité à produire du pétrole, se trouve toujours dans l'obligation d'importer du carburant. Cela soulève des questions intrigantes sur les raisons sous-jacentes à cette situation apparemment contradictoire.
Dans l’ article de Jeune Afrique, il est révélé que le Cameroun, bien qu'étant le douzième plus grand producteur d'or noir sur le continent africain, continue à importer des produits pétroliers raffinés pour satisfaire la demande locale. D'après les informations fournies par Gaston Eloundou Essomba, ministre de l'Eau et de l'Énergie, le pays est à la recherche de pas moins de 660 000 tonnes de pétrole raffiné pour combler ses besoins en carburant.
Les détails de ces importations sont dévoilés dans le rapport de Jeune Afrique. Les quantités recherchées incluent 240 000 tonnes de Super, 360 000 tonnes de gasoil et 60 000 tonnes de Jet A1, un carburant utilisé par les avions. Ces réserves, stockées par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), sont censées couvrir la demande du pays pour les mois d'octobre, novembre et décembre 2023, ainsi que pour janvier 2024.
Il est ironique de constater que, bien que le Cameroun produise chaque année environ 25 millions de barils de pétrole, ces ressources sont entièrement orientées vers l'exportation. Un incident majeur survenu en 2019, à savoir l'incendie qui a dévasté quatre des treize unités de production de la Sonara (l'unique raffinerie du pays), a eu pour conséquence l'arrêt complet des opérations de transformation du pétrole brut.
Cela place le Cameroun dans une situation similaire à d'autres pays producteurs tels que le Nigeria et le Ghana, comme le rapporte Jeune Afrique. Ces pays sont contraints d'importer les carburants nécessaires à leur propre consommation, ce qui engendre des coûts considérables et des complications logistiques, en particulier compte tenu de la volatilité des prix du pétrole et des frais élevés de transport maritime. On se souvient que le Cameroun a même dû faire face à une pénurie de carburant à la suite du conflit en Ukraine, faute de réserves adéquates.
En outre, Jeune Afrique met en évidence une récente baisse légère de la production de pétrole au Cameroun, alors que les ressources gazières connaissent une croissance. Entre janvier et avril 2023, le pays a produit 8 millions de tonnes de pétrole brut, enregistrant ainsi une diminution de 2,2 % par rapport à la même période en 2022. En revanche, la production de gaz naturel a augmenté de 4,53 % pour atteindre 916,01 millions de mètres cubes. Ces chiffres reflètent la complexité de la situation énergétique du pays.
L'article de Jeune Afrique souligne également que, bien que la vente de ces ressources ait généré des revenus considérables, ces gains demeurent insuffisants pour couvrir les importantes subventions sur les prix à la pompe. Le gouvernement camerounais a donc entrepris des démarches progressives et séquentielles pour réduire ces subventions, en accord avec les recommandations du Fonds monétaire international (FMI).
Ce dossier de Jeune Afrique offre un aperçu fascinant du paradoxe camerounais, où un pays producteur de pétrole se trouve dans l'obligation de recourir à l'importation de carburants pour satisfaire les besoins locaux. Il illustre parfaitement les enjeux économiques et logistiques auxquels le Cameroun est confronté, tout en invitant à une réflexion approfondie sur les mesures possibles pour résoudre cette situation complexe.