Pascal Magnaguemabe ou la chute du bourreau de Marafa Hamidou Yaya

Pascal Magnaguémabé Limogeage Pascal Magnaguemabe hérita de l’affaire albatros, du nom d’un avion présidentiel acquis en 2003

Thu, 6 Jul 2017 Source: lebledparle.com

Pascal Magnaguemabe commence vraiment sa carrière de magistrat à Mora dans le département de Mayo-Sava, il y a à peu plus de deux décennies. Il est alors juge dans l’une des juridictions locales. Son plus grand dossier à l’époque fut le dossier de la succession de Mahamadou Lamine. Le jeune magistrat s’en est sorti tant bien que mal. Interdiction de sortie à Marafa Après un passage à Yabassi dans le Nkam, Pascal Magnaguemabe prend des galons lorsque Amadou Ali devient Minjustice. Il est nommé substitut du procureur auprès du tribunal de grande instance du Mfoundi, puis en même temps juge d’instruction à la faveur d’une réforme judiciaire intervenue entre temps. Il hérite alors de certains dossiers des affaires de l’Opération Epervier, notamment celle de l’affaire albatros, du nom d’un avion présidentiel acquis en 2003 dans des conditions peu élucidées, de l’affaire du Bbj, autre avion présidentiel qui a alimenté la controverse, et de la deuxième affaire Titus Edzoa, dont il va rendre une ordonnance de non lieu partiel fortement débattue.

Au fil des ans, Pascal Magnaguemabe devient incontournable. Tout comme il va grandir en puissance au point de devenir quelque peu incontrôlable dans la juridiction où il officie. Des confidences au Palais de justice de Yaoundé Centre administratif avancent qu’à un moment donné, le président du tribunal de grande instance du Mfoundi, le magistrat Gilbert Schlick semblait quelque peu le redouter. Pascal Magnaguemabe ne se laisse pas intimider ni influencer pour imposer son autorité de juge d’instruction. C’est ainsi que en instruisant le dossier de l’affaire de l’avion présidentiel du Bbj, il ira jusqu’à interdire Marafa Hamidou de sortir du territoire national alors ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation. L’ancien Minatd va se plaindre auprès du président de la République contre ce « magistrat téméraire ». Pascal Magnaguemabe est traduit au conseil supérieur de la magistrature. On pense que s’en est fini pour lui. Mais comme un sphinx il va rester en place et rebondir. Déchéance ? En décembre 2011, le vice-Premier ministre Amadou Ali change de porte feuille. Le ministre d’Etat Laurent Esso quitte le secrétariat général de la présidence de la République pour le ministère de la Justice.

En magistrat hors hiérarchie nantie d’une expérience irréfutable, Laurent Esso commence par demander aux magistrats de prendre leurs responsabilités. Quand arrive l’affaire Marafa avec la convocation, puis l’arrestation et la mise sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui de l’ex-Minatd, Pascal Magnaguemabe qui conduit l’instruction se retrouve sur la sellette. Il croit tenir le bon bout. Mais c’est sans compter avec la réaction du camp d’en face. Marafa qui l’accuse (preuve à l’appui) de l’avoir autrefois approché pour négocier sa disculpation dans l’affaire le récuse. Mais en vain. Pascal Magnaguemabe continue d’instruire à charge malgré les questions que l’opinion se pose désormais. En fait, cette rumeur de « comportement qui bafoue la déontologie du métier de magistrat » relevé chez le juge Pascal Magnaguemabe dans l’affaire Marafa se posait déjà dans l’esprit de certains de ses collègues.

Comment expliquer que le juge Pascal Magnaguemabe ait pris sur lui d’entrer en « négociations » avec le suspect qu’était alors Marafa Hamidou Yaya comme l’indiquent les demandes d’audiences signées de sa main et rendues publiques récemment par certains médias? La question était d’autant plus lancinante au sein du corps des magistrats que lors du vaste mouvement dans la magistrature initié par le ministre d’Etat Laurent Esso, Pascal Magnaguemabe a été maintenu à son poste de juge d’instruction auprès du tribunal de grande instance de Yaoundé. Mais plusieurs mois après, compte tenu des éléments dont il est le seul juge d’opportunité, le Minjustice a choisi de le dessaisir des dossiers de l’Opération Epervier au profit du juge d’instructions du Tribunal criminel spécial (Tcs).

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