Patrice Nganang en deuil : il 'accuse' Paul Biya et ses 'hommes'

Patrice Nganang Battre Patrice Nganang en deuil : il 'accuse' Paul Biya et ses 'hommes'

Sun, 22 Dec 2024 Source: www.camerounweb.com

Le romancier camerounais Patrice Nganang, vivant en exil depuis plusieurs années, a récemment perdu son père, Joseph Nganang. À travers un texte empreint d’émotion, l’écrivain a exprimé sa douleur tout en dressant un parallèle saisissant entre la mort et la tyrannie qui, selon lui, gangrène son pays d’origine.

« Le sommeil, c’est la répétition quotidienne de la mort, mais quand elle survient, on n’est jamais vraiment préparé », écrit Patrice Nganang. Ayant quitté le Cameroun il y a plus de trente ans et vivant en exil depuis sept ans, il confie s’être résigné depuis longtemps à ne pas pouvoir être présent pour la mort de son père, ni à son enterrement. « Quand je lui ai dit au revoir en 2019, c’était avec la conviction que je ne l’embrasserai plus », explique-t-il. Cette absence, Nganang la lie directement à ce qu’il appelle « la tyrannie camerounaise », qu'il compare à un cancer qui ronge les familles, les divisant et les dispersant.

L’écrivain n’hésite pas à pointer du doigt le régime de Yaoundé, qu’il critique ouvertement. « La tyrannie camerounaise s’est incrustée dans nos familles et les a jetées à tout vent », affirme-t-il. Ses propos résonnent avec la situation de nombreux Camerounais de la diaspora, contraints de vivre loin de leur terre natale en raison des tensions politiques et sociales. Pour Nganang, cette douleur est partagée par de nombreuses familles qui subissent les conséquences de régimes autoritaires, comme cela a pu être observé ailleurs dans le monde. Il évoque en exemple la scène des Syriens défigurant le tombeau d’Assad père, soulignant ainsi l’universalité des souffrances infligées par les dictatures.

Chez les Bamiléké, ethnie dont est issu Nganang, la mort du père avant celle du fils représente un cycle naturel de la vie. Malgré la douleur profonde qu’il ressent, il accepte cette réalité avec philosophie. Cependant, il admet ne pas avoir la force de répondre à tous les messages de soutien qui lui ont été envoyés. « La douleur impose son temps de recueillement », explique-t-il, ajoutant que la culture bamiléké, profondément ancrée dans la solidarité, préconise de ne jamais vivre le deuil seul. « Pleurer ensemble, c’est thérapeutique et social », souligne Nganang, rappelant les nombreuses fois où, dans son enfance, il a assisté aux deuils d’amis et de proches.

L'écrivain remercie tous ceux qui l'ont soutenu durant cette période difficile, et exprime sa reconnaissance envers ceux qui souhaitent contribuer à l'organisation des obsèques de son père. À cette fin, il invite ceux qui le souhaitent à faire un don via PayPal, pour l'aider à accompagner son père en sa dernière demeure.

Source: www.camerounweb.com