Dans un message porté à l’adresse des dix gouverneurs des régions le 02 décembre dernier, le Minat dévoile le projet d’un découpage administratif en vue d’un "meilleur maillage du territoire national".
Le ministre de l'Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, vient d'instruire les gouverneurs des régions de lui soumettre d'urgence des propositions en vue de la création de nouvelles unités administratives. Ces propositions devront tenir compte des critères stricts tels que la taille de la population, l’étendue géographique, la distance entre les unités, les activités économiques et culturelles, les infrastructures disponibles, les considérations sécuritaires...
Au moment où le Cameroun s’apprête à organiser des législatives et des municipales à grands enjeux, cette sortie du Minat alimente la controverse. Le timing n’est pas fortuit. Les résultats de la présidentielle du 12 octobre dernier ont révélé la montée en puissance des forces centrifuges. On s’achemine vers une nouvelle cartographie électorale.
Ce nouveau découpage administratif pourrait redessiner la carte politique en octroyant des départements et des arrondissements aux bastions imprenables du parti au pouvoir. L’attribution du nombre des conseillers municipaux et des députés répondant le plus souvent à des logiques purement électoralistes. Pour marquer l’urgence de ce projet qui pourrait advenir avant la convocation du corps électoral dans la perspective des législatives et des municipales, le Minat énonce comme critère la disponibilité des infrastructures à même d’accueillir les autorités administratives et sécuritaires. Un critère contraire au devoir régalien de l’État d’aménager le territoire en tenant compte des critères de justice sociale et des redistributions des fruits de la croissance.
Ce projet pourrait régler l’épineuse question de la déconcentration en rapprochant l’administration des administrés. Un exemple effarant : l’Est, la plus vaste région du Cameroun ne compte que quatre (04) départements. Autre exemple, la Mefou et Akono compte quatre arrondissements dont un député dans chaque arrondissement. Il y a en toile de fond, des logiques de rétribution politique et électoraliste.
Les crises dans les régions du Nord-ouest, du Sud-Ouest et l’Extrême-Nord, ont entrainé une vague d’immigration, laissant des villages entiers déserts et en proie à des problèmes sécuritaires. Ce nouveau découpage tiendra-t-il compte de tous ces aléas démographiques ? De source concordante, on s’achemine vers la création de douze (12) nouveaux départements, ce qui ferait passer le nombre des départements de 58 à 70.
L’augmentation de 12 départements affecte sept régions sur dix, avec une concentration notable dans cinq régions qui verraient chacune deux nouveaux départements être créés : La région du Centre passerait de 10 à 12 départements (+2). La région du Littoral passerait de 4 à 6 départements (+2). La région de l’Est passerait de 4 à 6 départements (+2). La région du Nord passerait de 4 à 6 départements (+2).
La région de l’Extrême-Nord passerait de 6 à 8 départements (+2). Les deux autres régions concernées par l’accroissement verraient la création d’un seul département : La région de l’Adamaoua passerait de 5 à 6 départements (+1). La région du Sud passerait de 4 à 5 départements (+1). Les régions de l’Ouest (avec 8 départements), du Nord-Ouest (avec 7 départements) et du Sud-Ouest (avec 6 départements) maintiendraient leur nombre actuel, n’enregistrant aucune variation. Pour éviter toute mauvaise surprise, le pouvoir veut se prévenir et contenir un probable raz de marée de l’opposition lors des législatives à venir. Ce qui pourrait rebattre les cartes politiques.