Dans son plan de remaniement, le Secrétaire général de la Présidence aurait déjà choisi le successeur de Paul Atanga Nji à l'Administration territoriale, marquant sa volonté de contrôler les leviers sécuritaires et politiques du régime.
Alors que Ferdinand Ngoh Ngoh travaille à remodeler le gouvernement et la Présidence, une autre cible de premier plan apparaît clairement dans sa stratégie : le ministère de l’Administration territoriale (MINAT), pilier central de l'architecture sécuritaire et politique du Cameroun. Selon les informations de Jeune Afrique, le Secrétaire général de la Présidence de la République, conforté par le renouvellement de confiance de Paul Biya, prévoit le remplacement de son actuel titulaire, Paul Atanga Nji.
Ce poste, considéré comme l’un des plus sensibles du gouvernement, est crucial pour le contrôle du territoire, l'organisation des élections et la gestion des pouvoirs locaux. En plaçant un fidèle à sa tête, Ngoh Ngoh assoirait son influence sur l’ensemble de la chaîne de commandement administratif et sécuritaire intérieur.
Le successeur déjà identifié et proposé par Ferdinand Ngoh Ngoh serait Philippe Mbarga Mboa, l’actuel ministre délégué à la Présidence en charge de la Défense. Ce choix est lourd de sens. Mbarga Mboa n’est pas un nouveau venu dans l’appareil présidentiel. En tant que ministre délégué, il a été placé sous la supervision directe de Ngoh Ngoh et a évolué dans l’orbite immédiate du Secrétaire général.
Sa nomination au MINAT représenterait donc moins une promotion venue d’ailleurs qu’une extension directe de l’influence du Secrétariat général de la Présidence sur un ministère opérationnel clé. C’est une manœuvre typique de Ngoh Ngoh, qui a construit son pouvoir en plaçant des proches à des postes stratégiques à travers l’administration et les entreprises publiques.
Cette volonté de remplacer Atanga Nji s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renouveler la vieille garde et à consolider un appareil loyal en priorité à la Présidence – et par extension, à son Secrétaire général. Les départs envisagés de Laurent Esso (Justice) et de René Emmanuel Sadi (Communication) vont dans le même sens.
Cependant, le MINAT représente un cas particulier de par son importance. Paul Biya, en arbitre final, pèsera sans doute avec une attention extrême cette proposition. Atanga Nji est un serviteur loyal de longue date, et son éviction ne serait pas un simple changement ministériel, mais un signal politique fort de changement générationnel et de recentralisation du pouvoir autour du noyau présidentiel.
La bataille pour la succession de Paul Atanga Nji au MINAT est bien plus qu’un portefeuille ministériel en jeu. C’est une pièce maîtresse dans le jeu de Ferdinand Ngoh Ngoh pour se positionner comme l’architecte incontournable du régime en phase, peut-être, de préparation de l’après-Biya. En installant Philippe Mbarga Mboa, il placerait un de ses lieutenants à un poste qui commande les préfets, les administrations locales et la sécurité territoriale.
Si Paul Biya valide ce mouvement, cela signifiera que Ngoh Ngoh a non seulement survécu à ses récents revers, mais qu’il a obtenu les coudées franches pour remodeler l’État à son image. Le prochain remaniement gouvernemental révèlera donc l’étendue réelle du crédit dont jouit le « vice-président » auprès du chef de l’État.