Paul Biya a chaud : des avocats et juristes de la diaspora rejoignent Issa Tchiroma pour un lobbying international

Biya  Tchiroma Image illustrative

Tue, 4 Nov 2025 Source: www.camerounweb.com

Le combat judiciaire et diplomatique d'Issa Tchiroma Bakary franchit un nouveau cap. Alors que le candidat contestataire poursuit sa mobilisation contre les résultats de la présidentielle du 12 octobre, il vient de s'adjoindre les services d'un réseau d'avocats, de juristes et d'experts internationaux basés dans la diaspora camerounaise pour porter sa cause sur la scène internationale.

Baptisé "Respondere Advocatus" (Répondre en tant qu'Avocat, en latin), ce collectif est présenté comme un réseau d'experts juridiques "chevronnés" qui va "prendre en charge une partie du lobbying à l'attention des gouvernements, institutions et organisations internationales pour dénoncer les crimes en cours au Cameroun".

Cette annonce a été faite ce dimanche sur les réseaux sociaux par des proches du candidat malheureux, avec la formule devenue signature : "Ainsi va la République".

Cette initiative marque une évolution dans la stratégie de contestation d'Issa Tchiroma Bakary. Après les manifestations de rue, les opérations "villes mortes" et les déclarations incendiaires, le candidat opte désormais pour une approche plus institutionnelle visant à internationaliser son combat.

Le recours à des experts juridiques basés à l'étranger n'est pas anodin. Il s'inscrit dans une démarche de lobbying auprès des chancelleries occidentales, des organisations internationales de défense des droits de l'homme et, potentiellement, des juridictions internationales.

Si les détails de l'action de ce réseau restent encore flous - "plus d'informations dans les prochains jours", promet l'annonce - on peut anticiper les principales accusations qui seront portées contre le régime de Paul Biya :

-Les violences post-électorales ayant fait des morts et des blessés

-Les arrestations massives d'opposants et de manifestants

-Les allégations de fraude électorale et de "braquage constitutionnel"

-Les tentatives présumées d'assassinat contre Issa Tchiroma lui-même

-La répression des libertés publiques et de la presse

Cette stratégie rappelle celle adoptée par Maurice Kamto après la présidentielle de 2018. Le leader du MRC avait également mobilisé des réseaux d'avocats et de juristes internationaux pour dénoncer ce qu'il considérait comme un hold-up électoral et porter plainte devant diverses instances internationales.

Si cette approche n'avait pas permis de renverser les résultats officiels, elle avait néanmoins contribué à maintenir une pression internationale sur le régime camerounais et à médiatiser la situation des droits de l'homme dans le pays.

L'annonce intervient curieusement au moment où l'artiste Richard Bona, connu pour son opposition au régime de Paul Biya, a effectué une visite éclair de 24 heures au Cameroun avant d'annoncer qu'il se rendrait à la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye.

Cette coïncidence temporelle soulève des questions : le réseau Respondere Advocatus envisage-t-il de saisir la CPI ? Des dossiers sont-ils en cours de constitution ? Y a-t-il une coordination entre différents acteurs de l'opposition camerounaise pour porter l'affaire devant les juridictions internationales ?

Au-delà des juridictions internationales, le lobbying annoncé vise clairement les "gouvernements" étrangers. L'objectif est probablement d'obtenir des déclarations de soutien, voire des sanctions diplomatiques ou économiques contre le régime camerounais.

Les capitales visées sont prévisibles : Washington, Paris, Bruxelles, Berlin, Londres... autant de centres de décision qui ont une influence sur la politique camerounaise et qui suivent de près l'évolution de la situation post-électorale.

Pour que cette stratégie fonctionne, le réseau Respondere Advocatus devra présenter des dossiers solides, étayés par des preuves tangibles et des témoignages vérifiables. Les organisations internationales et les chancelleries occidentales, bien que sensibles aux questions de droits de l'homme, restent prudentes avant de prendre position dans des crises électorales africaines.

Le fait que ce réseau soit composé d'"avocats, juristes et experts internationaux chevronnés" de la diaspora camerounaise lui confère a priori une certaine crédibilité technique. Reste à savoir quels noms se cachent derrière ce collectif et quelle sera l'ampleur réelle de leur action.

Cette annonce ne manquera pas d'inquiéter les autorités camerounaises, déjà confrontées à une contestation intérieure vigoureuse. L'internationalisation du conflit post-électoral pourrait compliquer la gestion de la crise et exposer le régime à des pressions diplomatiques accrues.

Yaoundé pourrait réagir en intensifiant sa propre diplomatie pour contrer ce lobbying et en durcissant encore sa répression contre les réseaux de soutien à Issa Tchiroma au Cameroun.

Source: www.camerounweb.com