Les syndicats des enseignants épousent Ots
Les griefs formulés par les enseignants non syndiqués, pour justifier leur colère, sont récupérés par les syndicats invités à la négociation.
éunis à Yaoundé le 19 septembre 2023, douze syndicats des divers corps de l’éducation nationale ont menacé de lancer une grève générale à partir du 5 octobre 2023, si leurs attentes n’étaient pas satisfaites. Si le fait n’est pas nouveau, le vocabulaire a changé. Le Snaes, le Cocaja, le Syntespric, le Synafepcam, le Snaef, le Snuipen, le le Snieb, entre autres, affirment à leur tour avoir désormais « trop attendu », « trop supporté » face au « silence du gouvernement qui s’apparente au mépris ». Ils exigent donc que les délais de paiement de la dette due par l’Etat aux enseignants soient raccourcis substantiellement ; que des gages d’une véritable automatisation des actes de carrière des enseignants soient donnés, notamment la suppression des commissions préalables aux reclassements et changements de grade ; que le délai de trois mois pour l’immatriculation des enseignants, sur lequel le ministère de la Fonction publique s’était engagé soit respecté ; que des allocations budgétaires conséquentes soient dégagées pour le paiement mensuel des effets financiers des actes signés afin de sortir du cercle vicieux de l’accumulation des arriérés et surtout, que la date de la tenue du Forum national de l’éducation soit fixée et annoncée. Intersyndicale Le gouvernement veut négocier. Il a pour cela sollicité des responsables syndicaux pour une rencontre. « Suite au préavis de grève des syndicats d’enseignants et contactés individuellement en vue d’une rencontre avec les services du Premier ministre, les syndicats, après concertation, posent les conditions minimales suivantes à toute rencontre éventuelle : l’engagement du gouvernement de payer sans délai la dette due aux enseignants ; la fixation et l’annonce de la date de la tenue du Forum national de l’Education », exigent les mêmes, au nom de l’Intersyndicale de l’Education, qui veulent éviter la dispersion souhaitée par les pouvoirs publics. En effet, la douzaine de syndicats regrette « le climat délétère qui s’installe et perdure dans le secteur de l’éducation », à travers des mouvements d’humeur quasi permanents dans ce secteur d’activité depuis au moins une décennie.
« Des problèmes posés par les enseignants à travers leurs syndicats, seules les questions essentiellement financières, de façon exclusive celles touchant à la dette de l’Etat envers les enseignants, sont considérées par le gouvernement dignes d’intérêt. Les problématiques plus profondes et structurelles touchant à la qualité même de l’éducation qui doit être entièrement repensée sont clairement abandonnées ; les solutions apportées aux questions financières susmentionnées se font en mode sapeur-pompier, ce qui permet juste de panser les plaies visibles tout en occultant les blessures cachées. Ces solutions provisoires ouvrent ensuite un boulevard à de nouvelles crises; le statut même de l’enseignant qui est marginalisé, clochardisé, statut qui n’a cessé de se dégrader, subit un nouvel et inacceptable assaut ces dernières années du fait de l’intervention intempestive des Forces de maintien de l’Ordre et des autorités administratives dans la gestion approximative de la crise de l’enseignement », tempêtentils. Etats généraux A l’occasion de le Journée mondiale des enseignants qui arrive et qui risque d’être un tournant décisif dans cette fronde, le Snaes (Syndicat national autonome de l’Enseignement secondaire) appelle à une prise de conscience collective face à ce qu’il appelle une détermination soutenue de saboter l’enseignement et de dévoyer l’éducation. « D’un côté, libéralisation de la formation initiale des instituteurs avec à la clé l’effondrement des niveaux d’entrée et de sortie ; corruption des processus d’entrée et de sortie dans des écoles normales supérieures ; organisation de l’endettement massif des enseignants ; bureaucratisation des processus de traitement de leurs dossiers de carrière ; et pour s’assurer qu’ils ne puissent se défendre ni être défendus, décrédibilisation ouverte et subtile de leurs syndicats réduits au rang de pierre de touche d’un système qui dégaine le dialogue à chaque protestation pour mieux anesthésier les revendications… », regrette Roger Kaffo Fokou. « Nous avons ouvert les portes de l’enseignement ces dernières années à tout le monde par une foule de procédés viciés et toutes sortes de raisons sans rapport avec la vocation ni le mérite. Et le message subliminal ainsi envoyé à la corporation a été reçu : débrouillez-vous pour entrer dans les écoles de formation et pour en sortir, débrouillez-vous pour survivre là où vous serez affectés, débrouille-§vous pour ressembler à des enseignants, et surtout, taisez-vous ! »