Dans les plus hautes sphères du gouvernement camerounais, la crise anglophone traumatise. Paul Biya suspecte une tentative de déstabilisation. Il en a conscience et sait que tout peut basculer grâce aux réseaux sociaux qui ont été ces dernières années au centre des révolutions et conflits qui secouent les pays où le peuple aspire à la démocratie et à l’alternance politique.
Les autorités craignant que les réseaux sociaux ne soient utilisés pour animer et organiser un mouvement de contestation qu’elles ne pourraient contenir, et soucieux de ne pas voir s’internationaliser la crise anglophone, ont suspendu l’internet, depuis le 17 janvier 2017, dans dix régions du pays, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, soit 20% de la population coupée du web.
Depuis cette suspension, l’économie reste paralysée dans les régions anglophones. Plus de 500 millions de perte en un mois. Si l’Internet reste toujours coupé, d’après des analystes économiques, cela pourrait entraîner un manque à gagner de plus de 150 milliards de FCFA pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun frontalières du Nigeria.
Le gouvernement reste sourd, malgré les vagues d’indignations suscitées par cette coupure de l’internet, malgré la révolte des Camerounais et la sonnette d’alarme tirée par l’ex-consultant à la NSA, l’américain Edward Snowden, qui fait partie de ceux qui se sont émus de cette décision radicale, relayant le hashtag #BringBackOurInternet (« Rendez-nous notre Internet »), utilisé depuis sur les fils d’actualité.
This is the future of repression. If we do not fight it there, it will happen here. #KeepItOn #BringBackOurInternet https://t.co/UCzV1kN2Wx pic.twitter.com/uwzy8uhtpi
— Edward Snowden (@Snowden) 25 janvier 2017
Sur le réseau social Twitter, Isabelle Bezeng, entrepreneuse dépendante du paiement en ligne s’est plainte d’avoir vu son chiffre d’affaires chuté de 70% depuis le début de cette crise.
@africatechie Thanks for appealing for internet to be restored. I've seen my business sale dropped to 70% as a result of this ongoing crises https://t.co/d0KlCo4jU0
— Isabelle Bezeng (@iBezeng) 16 février 2017