Les retombées de la récente expédition américaine de Paul Biya résonnent à coup de verdicts de la justice visant les interpellations des Camerounais d’origine impliqués dans la crise dans les régions du Nord-Ouest et Sud-ouest depuis octobre 2016. Bientôt sept ans que cela dure. Si au niveau interne l’insécurité est permanente, la célébration des arrestations est présentée comme des bons points pour la sortie de crise. Par certains.
Dans un monde finalement tourmenté, Paul Biya, l’Africain aussi joue le passager clandestin au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) plus large que les six pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). C’est la première institution qui a pris position sur la mode des putschs en Afrique de l’Ouest. La chance est que le dossier est porté par M. Ali Bongo avant sa chute le 30 Août 2023. Il est débarqué sans avoir pris part au sommet Russie-Afrique courant juillet 2023.
Paul Biya a lui pris son destin en main en allant s’afficher avec les putschistes de l’Afrique de l’Ouest sur la photo finale alors que certains chefs d’Etat à commencer par Macky Sall avaient boycotté cette articulation solennelle. Alors que le Gabon vit sa révolution de palais, les pays voisins à commencer par le Tchad via le porte-parole de la transition, affirme la position du pays. La République Centrafricaine suit sous la plume de son président Faustin Archange Touadéra qui vient de valider la modification de la constitution gage d’un troisième mandat illégitime dans l’esprit mais légal finalement par le nouveau contrat social. Paul Biya lui, semble observer le Gabon à distance. Avec des jumelles sans doute. Il sait que ce pays avec une population inférieure à une ville comme Yaoundé n’est pas Etoudi le poumon du Cameroun selon la formule bien connue : « quand Yaoundé respire le Cameroun vit ».
Alors que le Gabon passe du blanc bonnet, bonnet blanc, la CEEAC va à son chevet. Une réunion physique a eu lieu en Guinée Equatoriale entre les chefs d’Etat. M. Biya y est même si ce n’est que sa photo officielle qui apparaît sur les images des travaux relayées sur des pages officielles des présidences des pays participants. Cette absence présence, mieux ces « silences présidentielles » de M. Paul Biya ressemble à une séance d’introspection. Son mandat finit en Octobre 2025, dans deux ans exactement.
Aura-t-il le courage de se représenter?
En 2022, il a déjà dit à M. Emmanuel Macron, le président français en public qu’il reste maître du jeu en contraignant tout le monde aux opérations de soustraction 7-3 ou 7-4. Cette soustraction avait commencé la veille de l’arrivée de M. Macron. Les affiches à l’effigie de son fils pavoisaient à son initiative ou pas certaines artères de Yaoundé la capitale hôte. Elles seront enlevées à la vitesse de la lumière dans la pénombre. Il ne faut pas donner l'impression d’un pouvoir familial. Est-ce qu’il faut même encore le démontrer ? Son fils est présent. « Paulitiquement » rime bien avec politiquement, alors, il est important de savoir qu’à l'âge de 90 ans, si votre fils n’est pas à vos côtés, c’est quasiment un abandon de personnes du 3ème âge. Est-ce pour des raisons officielles? Oui aussi. Non aussi. Oui parce que Frank Emmanuel Biya est bien la seule sécurité de M. Paul Biya face aux autres « créatures ». Certes, ils aiment tous ses enfants, mais Frank peut être franc avec son père. Donc symbole de confiance. M. Biya en a besoin aujourd’hui en public comme en privé. Le diplomate Samuel Mvondo Ayolo fait déjà plus que ce qu’on avait coutume de voir d’un Directeur du Cabinet Civil. M. Biya connaît bien le poste pour l’avoir occupé en 1968. Il est donc conscient de ce qui se fait et se passe dans son cercle familial professionnel comme intime.
Ce ménage là est à la charge de M. Paul Biya. Son poids avec. Lui qui a présenté aux Camerounaises et Camerounais le visage de l’ascèse et dont d’une certaine sainteté distance sur les biens matériels et immatériels doit bien voir ou imagine ce que nous découvrons dans les images du Gabon. De l’argent liquide dans les domiciles privés. Or crise, le plus naïfs savent qu’il y a l’argent chez les pontes du régime. La presse relaie souvent des vols à domicile. Les procureurs restent muets. Pas M. Paul Biya sur certains dossiers. Nous ne citons pas la fameuse opération « Epervier » à mille interrogations. Nous pensons que c’est à Mvomeka'a où, il connaît mieux les coins et recoins de sa résidence que M. Paul Biya est en plein ménage. Sans doute interdit et interdira voire sévira-t-il désormais tout « vuvuzela » d’un membre de sa famille. Des signes sont visibles dans le sérail.
A bonne source, les interrogations et analyses montrent qu’au sein de l'administration publique, le trafic d'influence d’un des Biya au sens propre comme au figuré connaît l'affront des responsables publiques. La situation est telle que certains ministres résistent aux bonnes affaires juteuses de privilégiées de la République venues d’un proche du couple présidentiel. Les appels de représailles sont de moins en moins audibles. S’acheminet-on vers la fin des Très hautes instructions ? Pas de dessin pour ce dessein présidentiel. Il avait déjà stoppé les ardeurs des créatures fils autoproclamés ou par transitivité sur le terminal à conteneurs de Douala.
En 2019, en recevant Bolloré « Fils » en pleines eaux troubles du Wouri, M. Paul Biya avait sorti la carte de la nationalisation Etatique face à la privatisation à capitaux étrangers ou nationaux voilés. Autre signe d'un homme qui se ménage dans son ménage national à doses homéopathiques. Pour quel résultat ? Sans doute invisible pour les partisans du « il est fatigué. Donc il ne peut rien. » Est-ce possible pour un homme qui a son Directeur des renseignements extérieurs hors de son bureau depuis au moins 6 mois ? M. Paul Biya sait qu’il a des fidèles. Même quand il ne tient pas de Conseil ministériel, il a une administration qui archive au moindre détail l’activité du gouvernement.
En plein ménage, il cherche simplement une opportunité. La création d’une Ecole de Formation au Maintien de la Paix au Cameroun est un signe. Lui le Mendiant international de la paix sur la tribune des Nations-Unis pense sécurité globale à partir du local. En stratégie, cet effet majeur le hisse vers la géopolitique de la paix.
A l’analyse, les textes fondateurs de cette école qui modifie le stratégique décret de 2001 sur l’armée camerounaise est à explorer. Car, cette nouvelle école devient un peu complémentaire à l’Ecole Internationale de Guerre, l’Emia et les autres centres de formations de défenses et de sécurité au Cameroun et à l’étranger. Mieux, elle est supposée se démarquer de la violence congénitale de l’armée camerounaise appelée ou amenée à affronter ses compatriotes particulièrement sur l’expression des droits civils et politiques de 1959 à 2023 encore. Fatalement, comme il le disait dans certains de ses discours, « qui aime la paix prépare la guerre ». En cas de guerre, elle ne doit pas être éternelle. Il faut la penser pour la panser lorsque le but de la guerre est atteint. Le cas du Nord-Ouest et Sud-Ouest encore sous insécurité en est une illustration. Après avoir déployé personnellement ou sur très hautes instructions des contingents des forces de défense dans la zone, il faut sortir de l'impasse. Elle peut être législative en allant audelà du code général des collectivités territoriales. Dans des analyses disponibles, nous soutenons la voie législative peu explorée jusqu’ici pour faire le ménage définitif dans le Nord-Ouest et le SudOuest. Cette école du maintien de la paix logée dans la région de l'Est est aussi géopolitique du fait du triangle de la mort dans les zones frontières République Centrafricaine - Tchad - Cameroun. Ce lieu de formation est susceptible d’infuser des valeurs de paix aux populations et surtout aux hommes en treillis. Ils ont testé la paix en Avril 1984 par un affrontement conté entre factions en déchéance et d’autres en quête d’allégeance et de grâce. Pourquoi ne pas y voir le moyen solennel de Paul Biya de dire à l’armée dont il reste le Chef suprême que vous êtes au service de la paix. Désormais.
Plus que par le passé. L’on imagine des formations de l’ensemble des forces de défense et de sécurité. Faut-il plus que jamais exiger une paix civilo-militaire en phase avec le concept armée-nation ? Ce concept a de beaux jours devant nous à 24 mois de la fin du mandat du président Paul Biya. Surtout que cette conjoncture pleine de putschs en Afrique de l’Ouest et une Révolution de Palais au Gabon n’arrête pas Paul Biya. Il pense sans doute aussi à sa retraite au village qui repositionnera les cartes dans son ménage au propre comme au figuré. Attention aux pièges en plein ménage.