Paul Biya est pris en otage: un ministre vend la mèche et livre Ferdinand Ngoh Ngoh qui va finir à Kondengui

Dans un geste qui révèle les fractures internes du parti au pouvoir, le ministre Henri Eyebe Ayissi a boycotté la réunion organisée par Ferdinand Ngoh Ngoh dans le cadre des consultations préparatoires à la campagne présidentielle de Paul Biya. Cette décision du chef de la délégation permanente du Comité central du RDPC dans la Lekié témoigne des tensions croissantes au sein de la formation présidentielle.

Henri Eyebe Ayissi, par ailleurs ministre, a justifié son absence en dénonçant ce qu'il considère comme une dérive dans la gestion du parti. Selon lui, le président Paul Biya serait "pris en otage" par son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a mis en place un "Comité stratégique de préparation de la campagne" sans consultation préalable des instances officielles du RDPC.

Cette accusation fait écho aux interrogations croissantes sur le rôle prépondérant de Ngoh Ngoh dans la conduite des affaires du parti et de l'État, particulièrement depuis l'annonce de cette nouvelle structure politique informelle le 1er juillet dernier.

Le boycott d'Henri Eyebe Ayissi s'inscrit dans un contexte plus large de remous au sein du RDPC. Plusieurs responsables du parti contestent en effet l'autorité de Ferdinand Ngoh Ngoh en matière électorale, remettant en question sa légitimité à diriger les consultations préparatoires à la campagne présidentielle.

Le choix du palais de l'Unité pour accueillir ces échanges, plutôt que les locaux officiels du parti, a également été perçu par certains comme une marginalisation du RDPC au profit du secrétariat général de la présidence.

Cette crise révèle les difficultés du RDPC à gérer sa transition vers la campagne présidentielle d'octobre. L'absence de convocation du bureau politique, un temps annoncée puis abandonnée, et la création d'une structure parallèle dirigée par Ngoh Ngoh soulèvent des questions sur les processus de décision internes du parti.

La position d'Henri Eyebe Ayissi, figure importante du RDPC dans la région du Centre, pourrait encourager d'autres responsables du parti à exprimer publiquement leurs réserves sur la méthode adoptée par le secrétaire général de la présidence.

Alors que Ferdinand Ngoh Ngoh poursuit ses consultations avec les responsables des dix régions du pays, le boycott du ministre Henri Eyebe Ayissi constitue un premier test pour l'autorité du secrétaire général et pour l'unité du RDPC à l'approche de l'échéance électorale.

Cette dissidence interne survient au moment où le parti au pouvoir doit faire face à la défection d'anciens alliés comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, rendant d'autant plus cruciale la nécessité de préserver la cohésion interne pour la campagne à venir.