Paul Biya fait commandeur du mérite le Cardinal Tumi

Cardinal Tumi 3 Cardinal Christian Tumi

Mon, 6 Jun 2016 Source: camer.be

Il compte parmi les personnalités les plus écoutées du Cameroun. En raison de ses positions à la limite de l’activisme politique, il est redouté par le pouvoir de Yaoundé. Cependant et fait rarissime pour un prélat iconoclaste, à l’occasion de ses 50 ans de sacerdoce, il a été fait commandeur du mérite Camerounais.

Je suis prêtre, je reste prêtre. Premier prêtre Camerounais créé cardinal par le pape Jean-Paul II lors du consistoire du 28 juin 1988, Mgr Christian Tumi n’a pas sa langue dans la poche. Très proche du petit peuple démunis il denonce les injustices, les atteintes aux droits de l’homme, et prôné la paix et le dialogue. Le prélat, aujourd’hui âgé de 86 ans, a commencé à parler au cours des années 90 lorsque la population, poussée par la misère est descendue dans la rue pour réclamer plus de liberté. Le cardinal est sorti du presbytère pour dénoncer la misère ambiante et les inégalités sociales criardes.

Dans cette dénonciation, il va pointer le doigt accusateur sur les pouvoirs publics et la corruption rampante. Dans la foulée, il a adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat, dans laquelle il lui dit : «À un certain âge, il faut laisser le pouvoir». Des lors, respecté par les fidèles, admirés par le grand public, il sera très craint par le pouvoir. Du coup, il a été présenté comme l’homme providentiel venu sauver la Cameroun ; le candidat unique de l’opposition à l’élection présidentielle de 1992 était alors trouvé. Bien que partisan de l’alternance politique, Christian Tumi va opposer une fin de non recevoir à une délégation de leaders de partis politiques venus solliciter sa candidature : « Je suis prêtre, je reste prêtre »

Si j’étais Paul Biya, je me retirerais.

Plus proche de nous, on observe depuis un certain temps une déferlante d’appels à candidature de Paul Biya pour l’élection présidentielle. Approché par le journal Jeune Afrique, Christian Tumi demande à Paul Biya de designer quelqu’un d’autre pour prendre la relève « Je n’apprécie pas du tout cette façon d’agir.

La question est de savoir si ceux qui font ces appels sont sincères ou s’ils ne pensent pas d’abord à eux-mêmes, s’ils ne sont pas tenaillés par l’angoisse de partir, eux aussi, après la retraite du président… Si j’étais à la place de Paul Biya, je surprendrais tout ce beau monde en disant : « C’est fini, je me retire, je ne suis plus candidat ! » Je demanderais que mon parti désigne quelqu’un d’autre pour prendre la relève. Puisque les statuts du parti en question prévoient que son président national en soit le candidat naturel, pourquoi ses partisans le pressent-ils de se présenter ? Je trouve tout ceci étrange.

Le bon sens nous fait-il défaut à ce point ? Pourquoi cette peur du changement ? » Et s’insurge contre les appels à candidature « Tôt ou tard, un nouveau président prendra la tête du pays et appliquera sa politique en fonction de ce qu’il voudra faire du Cameroun. Donc, je n’aime pas ces appels à candidature. D’ailleurs, ils sont en train de diviser leur parti, car d’autres ne sont pas d’accord avec cela »

Merci au président de la République

L’archevêque émérite de l’archidiocèse de Douala a été élévé à la distinction de commandeur de l’ordre du mérite camerounais. La distinction honorifique a été offerte « au nom du chef de l’Etat » par Réné Emmanuel sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MINATD), représentant du Chef de l’Etat, S.E Paul Biya e samedi 04 Juin 2016 à la cathédrale Saints Pierre et Paul de Douala. C’était au cours de la célébration eucharistique marquant les noces d’or du prelat au saint ministère sacerdotal. En plus de cette distinction spéciale du Président Camerounais, l’archevêque émerite de Douala a eu un cadeau du chef de l’état et des honneurs militaires dans l’enceinte de la cathédrale.

Cette reconnaissance du chef de l’Etat camerounais, vient ainsi rallonger la liste des distinctions de l’archevêque émérite de Douala dont la plus importante dans son ministère sacerdotal fut son élévation à la dignité cardinalice en 1988. Cette distinction qui vient élever le cardinal Tumi à la dignité pour des « services rendus à la nation » vient elle mettre la détente au climat tendu entre les deux hommes ? Rien n’est moins sur. Toujours est-il que le cardinal Christian Tumi a dit MERCI au président Paul Biya.

Source: camer.be