Paul Biya : la désolation est trop

Nguema Oligui Biya Cni Image illustrative

Sat, 19 Oct 2024 Source: www.camerounweb.com

Le président Paul Biya est hors du pays depuis le 2 septembre dernier. Au pouvoir depuis le 6 novembre 1982, c’est la première fois que le chef de l’État, aujourd’hui âgé de 91 ans, fait plus de 45 jours hors du Cameroun, alors qu’officiellement, il est en « excellente santé et vaque à ses occupations à Genève ». Cette absence prolongée ouvre fatalement le débat sur la vacance du pouvoir au Cameroun.

Après 42 années de pontificat présidentiel, les Camerounais dans leur immense majorité envisagent désormais l’alternance au sommet de l’État. Le sujet jusque-là tabou sur la succession de Paul Biya alimente désormais les conversations sous les chaumières et les débats sur les plateaux de télévision.

La communication très énergique des autorités ces dernières semaines ouvre fatalement le débat sur la vacance du pouvoir au Cameroun. Paul Biya aura 92 ans et 10 mois en octobre 2025, date prévue pour la tenue de la prochaine élection présidentielle. Un record planétaire parmi bien d’autres pour le Cameroun. Pourtant, les thuriféraires du régime de Yaoundé ne comptent pas s’arrêter là. Ils invitent à cor et à cri celui qui est actuellement en « excellente santé et vaque à ses occupations à Genève », à rempiler pour un autre septennat.

Cependant, la manipulation de l’opinion relative à son vrai faux-retour au bercail après un long et tumultueux périple en Orient et en Occident suscite de profondes inquiétudes au sein des populations. Du coup, le débat sur la succession de l’actuel locataire d’Etoudi refait surface, malgré les menaces et autres ultimata proférés çà et là.

ontrairement à une certaine opinion, adoubée aussi par l’ordre gouvernant au Cameroun, il n’est consigné nulle part dans la constitution du Cameroun un délai précis pour la constatation de la vacance à la présidence de la République.

vec le principe d’extra territorialité de la fonction présidentielle au Cameroun, le président de la République est toujours aux commandes, même étant hors du pays. C’est cette disposition que les défenseurs du chantre du Renouveau national brandissent pour adouber leur champion, absent du Cameroun depuis le 2 septembre dernier. Ils soutiennent d’ailleurs leur argumentaire en citant quelques actes et décisions pris par le chef de l’État depuis lors.

Des partis de l’opposition, des leaders d’opinion et acteurs de la société civile soutiennent le contraire. Pour eux, Paul Biya aura abandonné son poste de travail qui le lie au contrat avec le peuple camerounais. La présence du président de la République actuellement en Suisse, ne s’inscrivant guère dans le cadre d’une visite officielle, il serait hors de question de parler de principe d’extra territorialité de la fonction présidentielle. Et que par conséquent, cette absence prolongée entraîne de facto la vacance à la présidence de la République.

La constitution de la République du Cameroun a prévu trois cas de figure pour l’ouverture de la vacance à la présidence de la République : la démission, le décès ou l’incapacité prolongée constatée par le Conseil constitutionnel.

Dans ce dernier cas de figure, deux principaux verrous rendent compliqué le déclenchement du processus. Primo : Le flou qui enveloppe obstinément le délai de constatation de l’incapacité prolongée. Secundo : Cette incapacité prolongée doit être constatée elle-même par le seul Conseil constitutionnel dont la nomination du président dépend du pouvoir discrétionnaire du président de la République himself.

Les Camerounais ont les regards rivés et les oreilles tendues vers Genève. La question de la vacance du pouvoir devient de plus en plus pressante, et les citoyens attendent des réponses claires de la part des autorités.

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