Le président camerounais Paul Biya se rendra à la conférence mondiale sur le climat (COP21) qui s'ouvrira le 30 novembre à Paris, a-t-on appris lundi de source diplomatique française, lors d'une visite à Yaoundé de la secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin.
Arrivée dimanche soir dans la capitale camerounaise pour une visite en grande partie consacrée à la question du changement climatique, Mme Girardin a été reçue lundi par M. Biya.
"Le Cameroun est au centre de la lutte contre la pauvreté et le dérèglement climatique. On subit ici le réchauffement sans y avoir jamais contribué", a-t-elle déclaré à l'issue de son entretien.
"L'Afrique, avec le Cameroun, nous demande des accords et des financements. Mais l'Afrique a aussi des solutions à proposer (...). Nous, pays industrialisés, devons répondre à ce défi de la solidarité", notamment "par des solutions concrètes, avec par exemple l'électrification, un système d'alerte naturelle et d'information sur le climat", a expliqué Mme Girardin.
Le Cameroun, comme la quasi-totalité des pays africains, a déjà donné sa contribution pour la COP21, avec l'appui d'une expertise française. Il est concerné à plus d'un titre par le réchauffement climatique, avec la déforestation, la désertification dans le nord, l'érosion des zones cotières, l'urbanisation anarchique, etc...
Le président Biya et Mme Girardin ont également parlé de la menace de Boko Haram sur l'extrême-nord du pays, "qui reste une préoccupation majeure pour les autorités", toujours demandeuses d'un soutien technique à la force régionale (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger et Bénin) en lutte contre les islamistes nigérians, selon la même source.
Le Cameroun accueille plus de 300.000 réfugiés, dont 60.000 Nigérians, mais aussi 250.000 Centrafricains ayant fui la crise dans leur pays, et la ministre française s'est engagée à soutenir davantage Yaoundé sur cette question, en appuyant notamment des projets humanitaires.
Le gouvernement camerounais devrait autoriser très prochainement l'enrôlement des réfugiés centrafricains sur les listes électorales pour qu'ils participent aux élections normalement prévues en décembre dans leur pays d'origine.
Mme Girardin a par ailleurs évoqué avec son hôte les cas de l'avocate francaise d'origine camerounaise Lydienne Yen-Eyoum, emprisonnée depuis 2014 et condamnée à 25 de prison pour détournements de fonds, de même que le sort du correspondant de Radio France Internationale (RFI) à Maroua (extrême-nord), Ahmed Abbas, détenu au secret depuis trois mois pour complicité présumée avec Boko Haram.
Enfin, il a été question de l'ouverture, promise en juillet par le président français François Hollande lors d'une visite d'Etat à Yaoundé, des dernières archives françaises sur la répression des "maquis" de l'UPC (Union des populations du Cameroun), en pays Bamiléké, avant et après l'indépendance du pays dans les années soixante.
Plusieurs dizaines de milliers de militants pro-UPC ont été massacrés d'abord par l'armée française, puis après l'indépendance par l'armée camerounaise du régime d'Ahmadou Ahidjo.