Malgré des revers récents, le Secrétaire général de la Présidence, conforté par Paul Biya et la Première dame, manœuvre pour remodeler le gouvernement et placer des fidèles, visant notamment la tête du Cabinet Civil.
Les arcanes du pouvoir à Yaoundé sont en pleine effervescence à l’approche d’un remaniement gouvernemental très attendu. Selon des informations exclusives de Jeune Afrique, Ferdinand Ngoh Ngoh, le puissant Secrétaire général de la Présidence de la République, sort renforcé d’un long entretien avec le président Paul Biya le 7 décembre dernier. Non seulement sa position semble sécurisée, mais il se verrait confier un rôle central dans la formation du prochain gouvernement, une marque de confiance capitale.
Ce renouvellement de confiance, obtenu notamment grâce au soutien indéfectible de la Première dame Chantal Biya, permet à Ngoh Ngoh – souvent surnommé le « vice-président » – de peaufiner sa liste de propositions pour le futur exécutif. Son objectif affiché : prendre un avantage décisif sur ses rivaux au sein de l’appareil d’État.
Parmi les changements majeurs envisagés, la direction du Cabinet Civil du président Paul Biya serait en ligne de mire. Ferdinand Ngoh Ngoh envisagerait le remplacement de son actuel directeur, Samuel Mvondo Ayolo. Le profil pressenti pour lui succéder serait celui de l’ambassadeur du Cameroun en France, André Magnus Ekoumou, un diplomate de carrière. Cette manœuvre, si elle est validée par le chef de l’État, signerait un réalignement significatif au plus proche du président, consolidant l’influence de Ngoh Ngoh sur le fonctionnement quotidien de la présidence.
Le plan inclurait également la mutation d’Oswald Baboke, directeur adjoint du Cabinet Civil, jugé trop indépendant. En revanche, des fidèles comme le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, resteraient en grâce.
La feuille de route de Ngoh Ngoh pour le remaniement irait bien au-delà du Cabinet Civil. Elle viserait spécifiquement des ministres influents avec lesquels ses relations sont exécrables. Les têtes les plus menacées seraient celles de :
René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication, qui a récemment fait échouer une tentative de Ngoh Ngoh de remplacer le directeur général de la CRTV.
Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (MINAT), dont le remplaçant serait déjà identifié en la personne de Philippe Mbarga Mboa, actuel ministre délégué à la Présidence.
Le patron de la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé, serait aussi sur la sellette, avec pour successeur potentiel Victor Ndocky, ambassadeur en Allemagne et ancien cadre de la police.
Cette stratégie offensive survient après une période de turbulences pour Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a subi plusieurs revers révélateurs de résistances à son autorité. Le bras de fer le plus significatif l’a opposé à Adolphe Moudiki, l’administrateur-directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Ce dernier a ouvertement bafoué l’autorité de Ngoh Ngoh, président théorique du Conseil d’administration de la SNH, en organisant des réunions sans lui et en ignorant un décret de remplacement d’un administrateur. Ce défi, qui selon des sources aurait le soutien tacite de Paul Biya lui-même, a montré les limites du pouvoir du Secrétaire général.
Malgré ces échecs dans le secteur pétrolier – un domaine qu’il convoitait de contrôler – et la prédiction de sa chute par certains observateurs, Ferdinand Ngoh Ngoh a donc réussi à retourner la situation. L’intervention de la Première dame semble avoir été décisive pour sceller son maintien et lui offrir une revanche politique.
La prochaine équipe gouvernementale camerounaise se dessine ainsi comme le champ de bataille où Ferdinand Ngoh Ngoh tentera d’asseoir son hégémonie et de régler ses comptes. La proposition de remplacer Samuel Mvondo Ayolo à la tête du Cabinet Civil constitue une pièce maîtresse de ce jeu d’échecs politique. Reste à savoir si le président Paul Biya, maître du temps et des arbitrages finaux, validera l’intégralité de ce plan audacieux, ou s’il choisira, comme par le passé, d’équilibrer les influences autour de lui. Une chose est sûre : Ngoh Ngoh, renforcé mais toujours contesté, joue une partie décisive pour son avenir et la configuration du dernier cercle du pouvoir biyiste.