C'est quand meme extraordinaire, cette aiguille enfoncée dans le ballon qu'était le plus vieil écrivain francophone - 86 ans, actif depuis les annees 1960. Du bilan de sa longue vie, quasiment aucun de ses livres n'est retenu alors qu'ils étaient imposes dans nos écoles, aucun écrivain contemporain n'est sorti le défendre alors qu'il les a fréquentes, personne n'a pris la parole - comme lui-même s'est tu sur la tyrannie qu'il a servi. Ses livres ne sont donc mentionnes que par leurs titres, et quelques-uns seulement d'ailleurs. Ce qui reste, c'est le sang qui a coule sous sa responsabilité, le sang, le sang, le sang de son propre peuple.
Ce qui n'est pas dit, et qui se manifeste au Cameroun aussi, est que le collorisme était son instrument de pouvoir - le fait d'etre métisse, tel qu'on le voit au Cameroun aussi, bref, le racisme à l'envers qu'il appelle 'métissage'. Non, c'est le collorisme. Je n'ai pas lu ce que les médias français ont dit de lui après sa mort, ni ce que les médias congolais en ont dit, car il faisait partie des écrivains dont j'ai plusieurs fois refuse de serrer la main - y compris quand nous nous sommes retrouves à publier des livres dans la meme maison d’édition, Lattes, au meme moment, et nous sommes donc rencontres sur les mêmes espaces. Je ne serre tout simplement pas la main aux criminels, c'est la moindre des choses, car après tout, c'est avec mes mains que j'écris, et je ne crois pas que les livres servent à s'essuyer les mains dégoulinantes de sang.
Il demeure : ce genre de personnage est d'habitude francophone - il faut se demander pourquoi. En fait, je n'en connais pas, des écrivains, qui soient anglophones, qui aient tel parcours infame, tel qu'on les a vus au Cameroun aussi, avec les Ferdinand Oyono et consort. Il y'a un truc absolument pourri, absolument criminel qui pousse dans la langue française, dans la culture française, un truc qui fabrique les tueries, les dictatures, les génocides, et cela surtout dans les pays africains d'expression française. C'est peut-être la médiocrité politique française qui condamne nos écrivains à demeurer des édentes moraux comme Henri Lopes. Mais que de ruines ils laissent derrière eux! Que de ruines !