Kamto s'est fait avoir à son propre jeu par Biya
A force de joueur les populistes et l'opposant qui ne joue pas au jeu du régime, Maurice Kamto s'est fait lamentablement avoir (comme un débutant) à son propre jeu.
Qu'on se dise les vérités tout en prenant le risque de ne pas plaire aux assoiffés de l'alternance, en prenant la décision de ne pas participer aux législatives et aux élections locales il y a quelques années, Maurice Kamto a pris la pire décision de sa vie en tant qu'homme politique.
Le voici aujourd'hui en train de se débattre comme un beau diable pour prouver son éligibilité.
Dans une tribune, Georges Dougueli, journaliste de Jeune Afrique, crache en un langage clair et une cohérence très facile à saisir, l'erreur de Kamto et de ses lieutenants qui se sont fait avoirs par Paul Biya.
LISONS
"Qui s’en souvient encore ? C’était au cours de l’année 2021 en pleine épidémie de Corona virus. Où était donc passé Paul Biya ? Un président invisible, une rumeur folle court, chevauche. Elle est partout et, lui, nulle part. Et s’il était mort ? Les mêmes qui nous traitent aujourd’hui encore de «journalistes vendus» nous enjoignirent alors de «faire notre travail». «Le président est mort mais vous cachez la vérité». «Oui, vous, les journalistes, vous êtes vendus, pourris, corrompus par le régime» ! A ceux qui ont la mémoire courte, faites une recherche, vous retrouverez les envolées de l’activiste Franklin Nyamsi sur You Tube. C’était avant que lui-même ne soit pris en chasse par la foule lyncheuse du MRC.
Las d’attendre, Maurice Kamto, le principal leader de l’opposition non parlementaire, a donc adressé une correspondance au président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, pour constater la vacance au sommet de l‘Etat. Rien d’anormal en République, me direz-vous. Sauf que cette étrange disposition à prendre au sérieux une rumeur aussi farfelue a sidéré les observateurs les plus sérieux. Je ne dirai rien de l‘élégance du procédé, ni de l’empathie à l’égard de la famille d’un humain littéralement enterré vivant.
Pourquoi a-t-il pris cette rumeur au sérieux ? A mon avis parce que, au regard de l’âge du capitaine, un impensé morbide n’a jamais quitté l’opposition paresseuse qui roule des mécaniques : PAUL BIYA NE FINIRA PAS LE SEPTENNAT. D’où la stratégie perdante du boycott, qui nous vaut aujourd’hui de devenir un peuple de constitutionnalistes, les uns pour sauver une candidature, les autres pour la disqualifier. Tout ça parce que les génies qui nous donnent des leçons avaient estimé que, dans la perspective de la Transition attendue, la non participation au "simulacre" d’élections renforcerait leur «virginité» politique et leur donnerait un avantage moral sur leurs concurrents qu’ils traitent de «vendus» à longueur de journée. Problème : Paul Biya n’a tellement pas fini le septennat qu’il nous nargue encore du haut de 92 ans. La fin du mandat approchant, revoilà nos petits génies sur la ligne de départ d’une élections après sept ans de dédain. Mais Paul Biya les a pris à leur propre jeu en prorogeant les mandats des élus. Et nos petits génies de nous livrer le scoop de la décennie : Paul Biya est un despote voire un tyran qui fait ce qu’il veut. Ah bon ? Merci pour l’info. C’est sympa de nous l’apprendre, vraiment, nous ne savions pas !
Et vous alors ? Rien à vous reprocher ? Déjà, il faut avoir une pauvre idée de la politique pour élaborer son agenda en misant sur la mort d’un humain. Ensuite un bon stratège ne devrait-il pas tenir en compte la pire des hypothèses ? Que faire dans le cas où la nature lui permet d’aller jusqu’au bout de son mandat ? Nous y voilà ! l’humilité précédant la gloire, la moindre des choses serait d’avoir honnêteté de reconnaître l’erreur - la faute en réalité - au lieu d’insulter notre intelligence à longueur de faux débats juridiques. Descendez de votre piédestal et réunissez les Camerounais au lieu de faire le jeu malsain des extrémistes de votre camp !
PS : A ceux qui me disent «vendu», passez votre chemin. Comme disait Brassens, «J’ai déjà mon âme en peine».