Le combat reste ardu contre la jacinthe d’eau et autres graminées à Douala et dans le reste du pays. Dans ce coin de la localité de Bonaléa (Moungo), les lieux de baignade étaient devenus communs pour hommes et femmes. Parce que la jacinthe d’eau avait envahi et réduit la surface liquide jadis exploitée par les populations locales.
A Fiko (toujours dans le Moungo), ce sont des habitants de petites îles qui avaient dû quitter leur habitat pour aller s’installer ailleurs, la navigabilité ayant été fortement réduite sur leur chemin aquatique. Sur le Wouri, quelques criques étaient complètement fermées… De fait, dans la région littorale comme ailleurs dans le pays, la jacinthe d’eau et d’autres plantes aquatiques envahissantes causent du souci. D’où le projet de lutte contre ces fléaux conduit depuis bientôt trois ans par le ministère en charge de l’Environnement et des partenaires.
Hier, 17 mars, une mission de suivi-évaluation de la lutte s’est déployée à Douala, question de faire le point sur un combat pour lequel les moyens ne suivraient pas toujours. « Compte tenu de l’ampleur du problème, il nous faudrait environ sept milliards de francs pour une triennale. Or, juste 120 à 150 millions F sont consacrés annuellement à la lutte », explique Barthélémy Ndongo, inspecteur général au MINEPDED, qui a présidé les travaux.
Quelques bons points sont néanmoins enregistrés. « Au niveau de Douala, le projet a évolué. Nous avons aujourd’hui des plans d’eau débarrassés de la jacinthe (…) même si on constate un ralentissement des activités à Douala 5e », explique M. Ndongo. Par ailleurs, l’option de transformer la jacinthe d’eau, en objets d’art, fauteuils, papier, sacs à main, compost, se poursuit à l’unité de Sodiko (Bonabéri). « Ça continue et ça se vend bien », assure un responsable du MINEPDED.
A l’occasion de la mission, CT a également appris de la même source que depuis deux ans, tout le compost produit à Sodiko est acheté par la CAMWATER, distribué aux planteurs installés dans l’aire de captage de Yato. Ceci afin qu’ils évitent d’utiliser des engrais chimiques, lesquels, une fois en contact avec la nappe phréatique, rendent le traitement de l’eau plus difficile (et plus coûteux).
En dehors de Douala et de ses environs, les plantes aquatiques envahissantes font également peser des menaces sur le Nyong, la Sanaga et la Bénoué : réduction de navigabilité, envasement, péril sur la faune aquatique, etc. Aux techniques actuelles de lutte peut s’ajouter dans un futur proche l’intervention du catamaran, navire permettant une grande collecte sécurisée, dont la maquette a été présentée hier par des élèves-ingénieurs de la Faculté de Génie industriel de l’université de Douala.