La société camerounaise Camwater (Cameroon Water Utilities) vient d'essuyer un sérieux revers judiciaire en France. Selon des informations d'Africa Intelligence, confirmées à Jeune Afrique par une source bien introduite, la société parapublique a perdu le 4 avril dernier son recours devant la cour d'appel de Paris face à un créancier allemand.
Camwater contestait la décision d'un précédent arbitrage rendu en février 2023 par la chambre de commerce internationale (CCI) de Paris. Cette dernière l'avait condamnée, ainsi que le ministère camerounais des marchés publics, à régler une facture de près de 2 millions d'euros à l'entreprise allemande de construction Ludwig Pfeiffer Hoch und Tiefbau.
Cette somme astronomique, qui continue d'augmenter avec les pénalités et intérêts de retard, découle d'un ancien marché remontant à 2016 pour des travaux d'alimentation en eau potable au Cameroun. Le montant initial n'était alors "que" d'environ 675 000 euros, mais il n'a jamais été honoré à temps par la partie camerounaise.
En rejetant le recours de Camwater, la cour d'appel de Paris vient donc d'entériner la sentence arbitrale très défavorable pour la société publique. Et ce n'est peut-être qu'un début, puisqu'une nouvelle audience sur le fond du litige est prévue dans les prochains mois.
Une décision d'autant plus dommageable que Camwater, qui a renoué en 2018 avec la gestion directe du service public d'eau potable, fait déjà face à un vaste déficit d'investissement pour moderniser ses infrastructures vieillissantes.
Payer cette lourde facture de près de 1,4 milliard de francs CFA pourrait une nouvelle fois fragiliser les comptes de la société et ses capacités à honorer tous ses engagements, notamment auprès des entreprises prestataires pour l'entretien du réseau d'eau.