Plus d'un milliard: une grosse plainte qui va mettre en colère Paul Biya déposée sur ses bureau à Etoudi

Etoudi Number One Image illustrative

Mon, 19 May 2025 Source: www.camerounweb.com

Plus de quatre ans après la fin de la CAN 2021, les entreprises camerounaises ayant travaillé comme sous-traitants pour la construction du complexe sportif d'Olembe attendent toujours d'être payées. Ces sociétés locales, qui avaient collaboré avec l'entreprise italienne PICCINI avant que le marché ne soit réattribué au Canadien MAGIL, réclament aujourd'hui plus d'un milliard de francs CFA au gouvernement camerounais.

L'information, qui a filtré de sources proches du dossier, révèle l'ampleur du préjudice subi par plusieurs PME camerounaises engagées dans l'un des projets phares du pays pour la Coupe d'Afrique des Nations. Ces entreprises locales, qui avaient fourni divers services et matériaux à la société GRUPPO PICCINI SPA, se retrouvent aujourd'hui dans une situation financière critique, leurs factures restant impayées depuis plusieurs années.

"Nous avons investi toutes nos ressources et contracté des prêts pour honorer nos engagements dans ce projet d'envergure nationale", témoigne le directeur d'une des sociétés concernées, sous couvert d'anonymat. "Aujourd'hui, non seulement nous sommes étranglés par les dettes, mais certains d'entre nous ont dû mettre la clé sous la porte."

Le contentieux trouve son origine dans la décision du gouvernement camerounais de retirer, en novembre 2019, le marché de construction du complexe sportif à l'entreprise italienne GRUPPO PICCINI pour le confier à la canadienne MAGIL Construction. Cette réattribution est intervenue alors que, selon PICCINI, les travaux du stade étaient déjà réalisés à 90%, avec un pic de 1429 personnes travaillant sur le site.

Dans ce contexte de transition tumultueuse entre les deux entreprises internationales, les sous-traitants locaux se sont retrouvés dans un vide juridique et financier. N'ayant de contrat direct qu'avec PICCINI et non avec l'État camerounais ou MAGIL, ils peinent à faire valoir leurs droits.

LE PRÉCÉDENT DE LA MISE AU POINT DE PICCINI

Cette situation n'est pas sans rappeler la mise au point publiée il y a quelques années par GRUPPO PICCINI SPA, dans laquelle l'entreprise italienne dénonçait une "campagne de désinformation et de dénigrement" visant à discréditer son travail sur le site d'Olembe.

Dans ce communiqué, PICCINI rappelait avoir signé en décembre 2015 un contrat de 163 milliards de FCFA (environ 248 millions d'euros) pour la conception et la réalisation d'un ambitieux complexe comprenant non seulement le stade de 60.000 places, mais également un hôtel cinq étoiles, un centre commercial, un musée du sport, un palais omnisport, une piscine olympique et d'autres infrastructures.

L'entreprise soulignait également avoir été contrainte de préfabriquer en Italie une grande partie des éléments de construction pour rattraper un retard de 15 mois dans le démarrage des travaux, "dû à des raisons administratives indépendantes" de sa volonté. Elle affirmait avoir préfinancé cette opération exceptionnelle avec l'accord du maître d'ouvrage.

Aujourd'hui, les sous-traitants camerounais se sentent abandonnés dans ce qui apparaît comme un différend entre l'État et les grandes entreprises internationales. Certains d'entre eux ont déjà entamé des procédures judiciaires, tandis que d'autres tentent de négocier directement avec le gouvernement.

"Nous avons adressé plusieurs correspondances au Ministère des Sports et de l'Éducation Physique ainsi qu'au Ministère des Marchés Publics, mais les réponses tardent à venir", déplore le représentant d'un collectif de sous-traitants récemment constitué pour défendre leurs intérêts.

UN IMPACT SUR L'ÉCONOMIE LOCALE

Au-delà des entreprises directement concernées, cette situation a des répercussions sur l'ensemble de l'écosystème économique local. Fournisseurs, employés et leurs familles subissent les conséquences de ces impayés qui s'élèvent à plus d'un milliard de FCFA.

"C'est un paradoxe douloureux", souligne un analyste économique local. "Alors que le complexe sportif d'Olembe devait symboliser la fierté nationale et stimuler l'économie locale, il est devenu pour certains entrepreneurs camerounais synonyme de faillite et de désillusion."

Face à cette situation qui perdure, les sous-traitants appellent à une intervention urgente des plus hautes autorités de l'État pour débloquer la situation. Ils demandent la mise en place d'une commission spéciale chargée d'auditer les créances et de proposer un échéancier de paiement.

De son côté, selon nos informations, le gouvernement étudierait plusieurs options pour résoudre ce contentieux, y compris la possibilité d'un règlement direct des créances légitimes des sous-traitants, indépendamment du litige avec PICCINI.

En attendant une issue favorable, ces PME camerounaises, qui avaient cru participer à un projet d'envergure nationale porteur de développement économique, continuent de compter leurs pertes et d'espérer que justice leur sera rendue.

Source: www.camerounweb.com