Avom Dang, le sous-préfet de l’arrondissement de Moloundou dont la tête a été mise à prix par des réseaux occultes déroule les menaces sécuritaires qui viennent de cette partie du territoire tout en fustigeant l’irresponsabilité du pouvoir central de Yaoundé et la permissivité suicidaire du tribunal militaire.
Extrait :
Nous avons saisi l’année dernière des milliers de munitions de guerre et au moins 15 armes modernes de guerre. Ce faisant, nous avons déféré les auteurs au tribunal militaire de Bertoua. Malheureusement, pour des raisons qui nous sont inconnues, ces gens ont été relaxés. Nous avons ces personnes qui sont revenues ici et nous narguent à longueur de journée.
Ce sont ces mêmes personnes qui reviennent nous dire qu’elles ont donné soit 500 000 Fcfa soit deux millions Fcfa pour obtenir leur liberté. Je voudrai dire que cela me frustre et me gêne car lorsque nous combattons ces choses qui sont susceptibles de donner la mort auprès des camerounais, certains responsables les relaxent et ils reviennent ici continuer à mener leurs activités dangereuses et illicites. C’est criminel.
Si je peux donner l’origine, vous savez que nous sommes face à un pays communiste (Ndlr : République du Congo) et comme c’est un régime militaire, les armes de guerre circulent là-bas comme des petits bouts de pain qu’on vent à la boutique.
Ce qui fait que c’est juste le fleuve qui nous sépare de ce pays et les armes entrent en masse. Actuellement, nous pouvons affirmer d’après nos renseignements que les armes entrent autour de 10 à 15 par jour et même plus. D’ailleurs, la fois dernière, nous avons saisi 1000 munitions et armes de guerre. C’est trop.
A ce rythme, c’est inquiétant. Nous avons eu à saisir à Ngatto un cercueil bourré de munitions de guerre en destination de Moloundou. Nous sommes certes dans la forêt équatoriale. Autant d’armes et de munitions de guerre concentrées à Moloundou, cela sert à quoi ? Si ce n’est que pour abattre les éléphants, il y a lieu de se poser la question car on n’a pas besoin de tant d’armes de guerre pour une telle opération.
Je voudrai décrier ici à avec la dernière énergie la posture ou la façon de travailler d’un certain service qui s’occupe du renseignement extérieur et qui fait tout sauf ce travail qui lui a été confié.
Je suis parfois obligé de travailler avec mon collègue de Balla de l’autre côté du Congo qui me donne des informations afin je puisse sécuriser le pays alors qu’il y a un tel service ici susceptible de me donner ces renseignements, mais ce service s’occupe plutôt du grand braconnage, du trafic des pointes d’ivoires et des éléphanteaux.
Les munitions et les armes de guerre que nous saisissons viennent de ce pays et tenez-vous tranquille, une arme moderne de guerre de type kalachnikov se vend entre 15 000 et 20 000 Fcfa ici. Vous voyez que le risque sécuritaire est très élevé.
Entre autre mesures de sécurité que nous avons prises ici, nous avons écrit au Mindef à la Dgre, à la Dgsn et qu’est ce qui a été fait ? Ici à notre niveau, nous avons eu la création d’un poste frontalier de la sureté nationale à Kika et à Socambo, environ 60km de Moloundou. Il y a eu ici un détachement de la 132e compagnie issue du Bataillon d’infanterie motorisé (Bim) de Yokadouma.
Voilà en gros ce qui a été fait. Sur le plan local, nous prenons des mesures qui consistent à faire qu’il y ait des contrôles pédestres et même nocturnes et interpeler des individus et les refouler. Soit nous écrivons à la hiérarchie aux différentes administrations pour qu’il y ait de nouvelles unités sécuritaires. D’ailleurs à Socambo, il y a la marine marchande qui a été créée.