Plusieurs têtes coupées au MRC : révélations sur les dessous de la purge qui a précédé le retour de Maurice Kamto

KAMTO MANIDEMM Image illustrative

Wed, 24 Dec 2025 Source: www.camerounweb.com

Jeune Afrique révèle comment le parti a éliminé les opposants internes avant la convention du 21 décembre

Le retour triomphal de Maurice Kamto à la tête du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) le 21 décembre dernier cache une bataille interne féroce. Dans une enquête exclusive publiée ce lundi, Jeune Afrique lève le voile sur les manœuvres qui ont précédé cette convention extraordinaire, révélant comment le parti a méthodiquement neutralisé toute opposition interne pour garantir un retour sans encombre de son leader historique.

La première révélation majeure de l'enquête de Jeune Afrique concerne le sort réservé à Okala Ebode, membre fondateur du MRC qui a osé contester le retour de Maurice Kamto. Le magazine dévoile qu'une aile dissidente menée par ce dirigeant historique "s'est dressée contre un retour au premier plan de l'ancien enseignant de droit" quelques semaines après l'annonce de la convention.

Jeune Afrique rapporte que les contestataires s'appuyaient sur une base juridique solide : "les statuts du parti qui exigent un minimum de trois années de militantisme sans interruption pour tout candidat à un poste électif". Un argument de poids, puisque Maurice Kamto avait démissionné du MRC le 17 juillet pour se rallier au Manidem d'Anicet Ekane, interrompant ainsi formellement son militantisme.

Mais la machine du parti, révèle Jeune Afrique, n'a pas tardé à répliquer avec une violence inattendue. Le magazine dévoile qu'Okala Ebode a été accusé de "haute trahison" par le trésorier national du MRC, Alain Fogué. Une qualification extrêmement grave dans le vocabulaire politique camerounais, généralement réservée aux actes de collaboration avec le pouvoir en place.

L'enquête de Jeune Afrique révèle ensuite le processus qui a conduit à l'élimination d'Okala Ebode. Le membre fondateur du MRC "a été traduit devant le comité national de médiation et d'arbitrage, qui a demandé l'exclusion de ce dernier", rapporte le magazine. Une procédure qui semble avoir été menée tambour battant, sans laisser beaucoup de place à la défense.

Dans une déclaration rapportée exclusivement par Jeune Afrique, Mamadou Mota a tenté de justifier cette décision radicale : "Je n'ai pas voulu d'exclusion au cours de mon intérim. Mais l'annulation de la Convention par l'un de nos ex-camarades était une ligne rouge que je ne pouvais laisser passer." Le magazine révèle ainsi que l'exclusion d'Okala Ebode était directement liée à son rôle présumé dans l'interdiction de la première convention prévue le 29 novembre.

L'un des aspects les plus intrigants révélés par Jeune Afrique concerne l'attitude de Maurice Kamto lui-même durant cette crise interne. "Maurice Kamto ne s'était jamais exprimé sur cette opposition naissante", souligne le magazine. Un silence qui peut apparaître comme une stratégie délibérée : laisser ses lieutenants faire le sale travail pendant qu'il conserve les mains propres.

Cette posture, révèle Jeune Afrique, contraste avec l'activisme de "la machine du parti" qui "n'a pas attendu pour se mettre en branle". Le magazine met ainsi en lumière une division du travail implicite : Kamto reste en retrait et silencieux depuis le 20 octobre (silence qu'il n'a rompu qu'avec le décès d'Anicet Ekane), pendant que ses fidèles mènent la bataille contre les dissidents.

Jeune Afrique révèle également la ligne de défense adoptée par les soutiens de Maurice Kamto face aux arguments statutaires des dissidents. Selon le magazine, "les soutiens de Maurice Kamto ont estimé que sa démission le 17 juillet dernier et son ralliement au Manidem étaient des mesures d'exception qui ne visaient qu'à contourner un éventuel blocage des autorités électorales".

Cette justification, rapportée par Jeune Afrique, est particulièrement révélatrice. Elle admet implicitement que la démission de Kamto était une manœuvre tactique, une sorte de "sortie technique" du parti destinée à faciliter son ralliement à Anicet Ekane, plutôt qu'une véritable rupture. Les partisans de Kamto plaident ainsi pour une interprétation politique plutôt que juridique des statuts du MRC.

L'enquête de Jeune Afrique révèle les conditions particulières dans lesquelles s'est tenue cette convention extraordinaire du 21 décembre. "L'évènement n'avait pas été publiquement annoncé", souligne d'emblée le magazine, expliquant cette discrétion par la mémoire encore fraîche de l'interdiction de la première tentative.

Jeune Afrique rappelle que la convention initialement prévue le 29 novembre avait été interdite par les autorités administratives pour "menaces de troubles à l'ordre public". Face à ce précédent, "les organisateurs ont finalement rassemblé un peu plus de 1 700 délégués issus des 17 fédérations régionales" en visioconférence, révèle le magazine. Un format qui a permis d'échapper à la surveillance des autorités tout en maintenant une apparence de légitimité démocratique.

Jeune Afrique dévoile les résultats de cette convention qui n'a réservé aucune surprise. "Sans surprise, Maurice Kamto, qui dirigeait la seule liste en lice, a été réélu avec 95,44 % des suffrages", rapporte le magazine. Des chiffres qui, s'ils témoignent d'un soutien massif, reflètent surtout l'absence totale de compétition après l'élimination des dissidents.

Le magazine précise que les travaux de la convention ont porté sur "deux points essentiels : un amendement des statuts du parti ainsi que l'élection d'un nouveau bureau". Jeune Afrique ne détaille pas la nature des amendements statutaires adoptés, mais on peut supposer qu'ils visent à clarifier les conditions d'éligibilité pour éviter de futures contestations similaires.

Les véritables enjeux : législatives et leadership de l'opposition

Au-delà des querelles internes, Jeune Afrique révèle les véritables enjeux de ce retour précipité de Maurice Kamto. "Le retour de Kamto intervient dans un contexte marqué par la préparation des législatives et municipales prévues au mois de mai", souligne le magazine. C'est donc une échéance électorale cruciale qui explique l'urgence de cette reprise en main.

Plus stratégique encore, Jeune Afrique révèle que "le leader du MRC pourrait ainsi reprendre le leadership de l'opposition laissé vacant par l'opposant Issa Tchiroma Bakary, challenger de Paul Biya à la dernière présidentielle, et depuis en exil en Gambie". Le magazine met ainsi en lumière le vide politique créé par l'exil de Tchiroma Bakary, un vide que Maurice Kamto entend bien occuper.

Dans son enquête, Jeune Afrique rapporte les ambitions affichées par le nouveau bureau du MRC. Le magazine cite Mamadou Mota déclarant que le parti entend "transformer chaque militant en gardien de la démocratie", "renforcer la sécurité de ses responsables", et "réorganiser son maillage territorial".

Particulièrement révélatrice est la dernière citation rapportée par Jeune Afrique : "Notre ancrage doit être inébranlable. Nous devons transformer chaque cellule de base en une forteresse de la Renaissance", a conclu Mamadou Mota. Un vocabulaire militaire qui suggère que le MRC se prépare à affronter des temps difficiles et entend renforcer sa discipline interne.

Les révélations de Jeune Afrique dressent finalement le portrait d'un parti qui a choisi l'unité par l'exclusion plutôt que par le débat. En éliminant Okala Ebode et les autres dissidents, le MRC a certes permis un retour sans accroc de Maurice Kamto, mais au prix d'une purge qui pourrait laisser des traces durables.

Le magazine ne le formule pas explicitement, mais la question reste posée : cette victoire de Kamto est-elle le signe d'un parti fort et uni, ou plutôt celui d'une organisation où la contestation interne n'est plus tolérée ? Avec les législatives de mai qui approchent, Maurice Kamto et son nouveau bureau devront rapidement prouver que cette "forteresse de la Renaissance" est capable de mobiliser au-delà du cercle des fidèles. Pour l'heure, le MRC a retrouvé son capitaine, mais une partie de l'équipage a été jetée par-dessus bord.

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