Valère Bessala, administrateur civil et coordonateur du Parti Jouvence réagit par rapport à la polémique née de la visite de Maurice Kamo à Etoudi. Dans une correspondance adressée au confrère Actu Cameroun, l’acteur politique se lâche
Ce 22 décembre 2022, le Pr. Maurice KAMTO a été aperçu à bord de son véhicule à la guérite des services publics de la Présidence de la République. Un communiqué laconique mais explicite de son Parti l’a confirmé.
Je ne veux pas savoir…!!!
Je ne veux pas savoir ce que le Grand frère y est allé chercher, ni pourquoi il y est allé en plein jour, encore moins s’il a l’habitude d’y aller, beaucoup moins encore s’il a l’habitude de collaborer avec l’Homme qu’il combat officiellement depuis 2018.
La Présidence de la République n’est pas la maison de Paul BIYA !!!
Je ne veux pas savoir si d’autres »opposants » l’on fait avant lui, si d’autres dorment à Etoudi nuit et jour, si d’autres s’y retrouveront demain…c’est une évidence, la Présidence de la République… c’est la Présidence de la Res publica …le lieu du service de la chose publique…bref…la Maison du Peuple. KAMTO Maurice est Camerounais…il est membre à part entière du Peuple Camerounais…donc, c’est aussi sa maison.
Ce qui m’intéresse…!!!
Ce qui m’intéresse c’est de savoir comment tant d’intelligences font-elles pour se tromper en politique?
La politique n’est pas une guerre de tranchées. La politique n’oppose pas des soldats en blanc d’un côté et des soldats en rouge de l’autre. Le pouvoir dans la République n’est pas entièrement rouge quand les rouges sont au trône…il n’est non plus entièrement blanc quand les blancs sont au trône.
Il y a un déni de bonne gouvernance à exclure la vraie opposition
L’exercice du pouvoir est un savant mélange de contradictions pour la garantie perpétuelle de l’intérêt commun…de l’intérêt général. Le meilleur exercice du pouvoir réside dans l’art de la prise en compte des oppositions dans la recherche du bien-être de la Nation. Il y a donc un déni de bonne gouvernance à exclure la vraie opposition de la gestion de l’Etat. Surtout lorsque cette dernière a des idées valables et un projet porteur. Il y a un déni de service au Peuple quand on choisit d’appeler au service politique de l’État, des aventuriers et contrebandiers de l’opposition . Juste pour le besoin de »tuer » la contradiction, ou d’humilier les opposants qui s’opposent vraiment et réellement.
Il y a un déni d’opposition à se radicaliser radicalement
Il y va du pouvoir comme de l’opposition. Être Opposant ce n’est pas de toujours dire NON ad vitam aeternam même lorsque celui qui trône au pouvoir a de bonnes raisons de faire appel à ses opposants pour le BIEN de la Nation. Être Opposant ce n’est pas de toujours déclarer NOIR, même lorsque c’est manifestement BLANC. On ne naît pas Président de la République, tout comme on ne naît pas opposant. On le devient. Mourir naturellement président de la République est une honte. De même mourir opposant radical radicalisé est un déshonneur et un malheur infécond pour la postérité. Pour ce dernier cas, cela veut dire qu’on a fait le choix du TOUT OU RIEN, autrement dit du MOI OU PERSONNE.
La mauvaise foi n’est pas un courant politique .
L’opposition pour l’opposition n’est pas une marque de l’Opposition. Intégrons la nuance.
Il y a donc un déni d’opposition à se radicaliser. Tout comme il y a un déni de citoyenneté, de patriotisme ou de service à la Nation pour tout opposant qui ne sait pas ou refuse de faire des compromis.
Faire des compromis est un art, se compromettre est une tare.
Un leader ou un meneur d’hommes qui ne sait pas faire des compromis n’en est pas un. Il est même un danger pour ceux dont les vies et les destins dépendent de ses choix.
Un Parti politique, c’est comme une entreprise. Il a une raison sociale, c’est sa ligne Politique qui ne doit jamais être extravertie, au risque de tomber dans la compromission. Il a un personnel, ce sont ses membres qui doivent y trouver un épanouissement, à travers la juste répartition des dividendes des victoires politiques engrangées (postes de députés, sénateurs, maires, conseillers municipaux etc.). Tout comme l’on se fait recruter dans une entreprise pour subvenir aux besoins existentiels des siens(salaire/rémunération), ainsi l’on adhère à un parti politique pour travailler et oeuvrer au changement de ses conditions de vie et de la communauté toute entière. Un parti politique c’est une offre politique à une demande politique Un Parti politique, c’est le service à une clientèle à travers une offre politique qui correspond à une certaine demande politique.
Le compromis est un acte d’altruisme et de responsabilité.
Rester inflexible, radical, intransigeant, c’est compromettre et obstruer le bonheur des membres et le progrès de l’organisation. Je m’arrête là.
La compromission Politique est une maladie.
Un leader qui fond dans la compromission est une gangrène pour l’organisation. Il est un cancer, un maladie contagieuse dont il faut s’éloigner. La compromission est un acte manifeste d’égoïsme et d’immolation de l’organisation politique sur l’autel des intérêts individuels et privés.
Aucun système n’est jamais assez étanche à toute pénétration. Chaque système a ses pertuis, ses failles, ses ouvertures que tout bon leader doit pouvoir identifier.
Un bon leader ou un meneur d’hommes en politique doit donc avoir des connexions dans le système. Il doit avoir des soutiens partout dans la Machine. Surtout dans le camp d’en face. Ce sont ces amitiés et ces soutiens qui lui permettront de toujours avoir la bonne information, le vrai renseignement. Ce sont ces connexions qui lui permettront de toujours avoir une longueur d’avance et d’épargner aux siens, des désagréments et des surprises de mauvais goût.
Un opposant n’est ni ennemi, ni un ami du système.
Un opposant n’est donc pas un ennemi du pouvoir en place. Il n’est non plus son ami. Un opposant n’est juste que le reflet amélioré du tenancier du pouvoir en place, vu dans un miroir. Il est la pièce de rechange en aiguillon et en attente de la décision du Peuple.
L’opposant est un serviteur du peuple dans l’Opposition
Sans se mélanger au pouvoir en place, l’opposant doit servir le peuple dans l’opposition, au même titre que celui qui tient le pouvoir réel dans la République. Pour cela, ses positions et ses attitudes doivent toujours rester chevillées à la vertue, à l’honnêteté, à la citoyenneté, au patriotisme…et même au plus haut service de l’Etat, si la proposition et la position lui permettent de pratiquer et d’appliquer ce qu’il prêche dans l’opposition.
Et pour finir…
Ce qui m’intéresse c’est de donner raison à la Jeunesse Camerounaise en politique. Pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris, ils peuvent dès à présent le comprendre à travers cet épisode »douloureux » mais sans intérêt sur le Pr. Maurice KAMTO.
Combattre Paul BIYA et son système, mais »collaborer » avec le Président de la République ?
Il y a bel et bien une différence entre PAUL BIYA et le Président de la République. On peut ne pas aimer l’individu, mais on doit respecter l’Institution qu’il incarne. On peut combattre Paul BIYA comme adversaire politique, mais on doit pouvoir préserver ou protéger l’Institution qu’il porte au nom du Peuple. Tout opposant sérieux est un potentiel président de la République. Tout individu acteur politique d’aujourd’hui est une potentielle institution qu’il faudra bien respecter demain. Respecter une institution de la République et collaborer avec elle, n’enlève rien au sérieux ou à l’honneur d’un opposant. Au contraire cela est une grande preuve de hauteur et de maturité. Un »bon » opposant ne doit pas se compromettre avec Paul BIYA, mais il doit pouvoir et savoir faire un compromis avec le Président de la République, au nom de l’intérêt suprême de la Nation. Et surtout lorsque besoin s’en faut.
Le radicalisme ne profite qu’à l’opposition grise ou postiche
Vivement donc que l’opposition comprenne que le radicalisme pour le radicalisme dessert l’opposition et le changement. Le radicalisme d’une certaine opposition est devenu le fonds de commerce des sous-marins de l’Opposition . Pendant que d’autres se braquent totalement, les profiteurs de l’Opposition s’installent dans les zones grises intermédiaires pour empêcher une collaboration saine entre le pouvoir et l’Opposition. C’est à force de vendre ce radicalisme impossible au peuple camerounais, que certains leaders de l’opposition finissent par se retrouver à l’étroit dans leur propres contradictions.
Un opposant peut rencontrer son adversaire
Il n’existe pas des camerounais faits pour l’Opposition et d’autres faits pour diriger toujours le pays. Il y a des postures idéologiques de l’Opposition et celles du pouvoir en place. Un opposant peut rencontrer son adversaire. Tout comme leurs postures idéologiques peuvent se croiser. Tant que cela ne se fait pas, ne s’assume pas au Cameroun, les Opposants postiches auront encore de beaux jours devant eux.
Tant que l’Opposition et ses vrais leaders n’auront pas occupé la zone grise qui les sépare du pouvoir, la difficulté restera entière de mettre à mal et d’évincer ceux que nous voulons tous chasser du pouvoir. Car, la nature ayant horreur du vide, les antipatriotes qui nous gouvernent continueront de se servir des opposants gris ou postiches, pour fragiliser l’Opposition.
Si le Pr. Maurice KAMTO l’a compris, tant mieux. Mais que ses partisans et les autres leaders de l’Opposition suivent.