Porté disparu: Maurice Kamto refait surface et fait une déclaration

Kamto Lunettes Image illustrative

Sun, 14 Dec 2025 Source: www.camerounweb.com

En des temps de deuil national, la voix de Maurice Kamto s’élève pour rendre un hommage poignant et intime au Président Yondo Black Mandengue, disparu. Loin d’un simple éloge funèbre, ce témoignage se mue en un vibrant plaidoyer pour la fraternité, la justice et l’espoir. L’ancien candidat à la présidentière y révèle la trame d’une amitié discrète mais profonde, née dans les remous de la vie politique camerounaise, et célèbre en Yondo Black l’incarnation d’un idéal : celui d’un Cameroun réconcilié, porté par des femmes et des hommes de conviction. C’est un discours qui, tout en saluant la mémoire d’un grand avocat humaniste, interpelle la conscience d’une nation entière sur son avenir.

TÉMOIGNAGE DE M. MAURICE KAMTO AUX FUNÉRAILLES DU PRÉSIDENT DE BAR YONDO Black MANDENGUE, DONNÉ À LA FAMILLE DES DÉFUNTS.

13 décembre 2025

C'est un privilège pour moi de prendre la parole à cette occasion, alors que nous nous réunissons pour dire adieu au président de l'association du barreau YONDO Black MANDENGUE. Nous ressentons inévitablement le bruit de douleur qui nous saisit lors du décès de tout être cher. Mais cela ne peut diminuer la ferveur de notre gratitude envers Dieu pour la grâce de la longue vie qu'il lui a accordée.

Je remercie sa famille de m'accorder le privilège de prendre la parole en ce moment si solennel. Je remercie le destin, qui sait construire des ponts là où cela semble impossible. Qui aurait pu croire, il y a moins d'une décennie, que je serais ici, cher président de l'association des avocats YONDO, à déverser mon cœur sur le trésor d'espoir que notre rencontre a donné naissance, et que je refuse de vous laisser emporter dans votre tombe ?

Nous nous connaissons probablement et nous nous sommes observés de loin avant de nous rencontrer. Je vous ai rendu visite chez vous pour la première fois en 2013, je crois, au début de mon incursion dans la jungle politique du Cameroun. Puis je suis revenu en 2018. Et toi et Marie-France, votre admirable épouse de mémoire bénie, m'avez honoré d'un accueil chaleureux, détendu et ludique, le gentil que l'on réserve à un vieil ami de la famille.

Cela a conduit à une sorte de complicité intellectuelle, voire idéologique, basée sur une vision commune de gouverner la ville et l'avenir de notre pays. Ces relations, physiquement distantes mais intellectuellement intenses, ne sont ni ostentatoires ni déclamatoires. Ils sont nourris par le nectar intellectuel de ceux qui comprennent que tout n'est pas dans le domaine du pouvoir humain, et qui savent voir la lueur de lumière annonçant des jours plus brillants même dans les nuages les plus sombres.

Vous étiez un talentueux et ardent défenseur de la liberté d'expression constructive dans votre pays, un porteur d'humanisme transcendant. Et un avocat en serait-il encore un si, par lâcheté, vénalité ou indifférence, ils se régalaient de la tombe des libertés humaines fondamentales ? Vous étiez un avocat dans la plus pure tradition, parlant avec conviction et révolte retenue, mais avec une indignation irrépressible face à l'injustice. Parce que vous saviez que la justice est faite pour protéger les citoyens, pas pour les détruire. Vous saviez qu'elle est ancrée dans le respect de la personne humaine, sans distinction, guidée par un souci d'équité sous la bannière de la vérité. C'est pourquoi la profession juridique vous convient comme un costume sur mesure.

On me demande parfois ce qui me fait continuer. Vous me donnez l'opportunité de la révéler, ici et maintenant : c'est, d'une part, l'injustice et la souffrance des plus pauvres, dont la détresse résonne en moi quoi que je fasse ; et, d'autre part, l'éclat des étoiles rares, comme vous, échappé de la Voie lactée, scintillant dans le ciel opaque de notre société embourbée dans une nuit qui conspire à notre chute. Ces étoiles donnent de la force à l'espoir de ceux qui croient qu'aucun être humain ne mérite le mépris, que tout être humain a droit à la dignité, qu'aucune communauté humaine n'est condamnée à des souffrances infinies, et qu'un temps d'émancipation arrive toujours pour ceux qui sont réduits à trembler et à genoux.

Nous aurons besoin de YONDO Black MANDENGUE pour construire ou reconstruire tous ces ponts qui manquent entre camerounais et dont notre Nation a tellement besoin aujourd'hui.

Tout au long de ma vie publique, j'ai inlassablement prêché la fraternité républicaine parmi les camerounais ; je ne parle pas de la fraternité née des liens du sang, mais de la forme de fraternité que nous créons ensemble et inculquons dans les veines mêmes de la citoyenneté, fils et filles d'une même mère patrie, façonné par un idéal commun qui transcende les tribus et les ethnies. En vous cher Mr YONDO Black j'ai trouvé une incarnation de ceci.

Nous ne survivrons pas en tant que nation sans cette fraternité. Notre mère nation, le Cameroun, ne survivra pas sans tous ses enfants s'ils restent divisés, dispersés et engagés dans la destruction mutuelle alimentée par l'énergie mortelle de la haine. Il faut incontestablement reconnaître les origines de chaque camerounais, tout en reconnaissant que c'est ensemble que nous devons avancer vers l'avenir.

Vous avez aimé ce pays dont les malheurs vous ont transpercé, alors qu'ils nous déchirent. Que notre conviction commune reste fermement fixée dans mon âme : que la renaissance du Cameroun n'est pas un vain espoir. Et puisque vous avez cru au salut de l'humanité racheté, que votre foi rayonnante lisse votre chemin et facilite votre repos.

merci , cher aîné, dont je suis honoré d'avoir l'amitié, pour la partie du voyage que nous avons parcouru ensemble.

Maurice Kamto

Source: www.camerounweb.com