C’est désormais chose faite. Le président de la République Paul Biya a signé le décret précisant les attributions des secrétaires généraux des collectivités territoriales décentralisées. La rédaction de CamerounWeb a consulté le document divulgué par voie de presse ce jour.
Décret précisant les attributions des Secrétaires Généraux des Collectivités Territoriales Décentralisées.#PaulBiya#Cameroun pic.twitter.com/bzOE3xTI9g
— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) September 19, 2023
« Comment un prince pourra-t-il juger exactement ses ministres ? Voici un moyen qui jamais n'en a défaut. Quand tu le vois penser moins à toi qu'à lui-même, rechercher en toute chose, ce qui convient le mieux à son intérêt, tu peux être certain qu'il ne sera jamais un bon serviteur, jamais un homme de confiance. Celui qui a entre ses mains la responsabilité de l'État d'un autre ne doit jamais penser à lui-même, mais toujours à son maître… ».
Biya veut-il, au-delà de son départ, un jour, rester cloîtré dans l'antichambre du pouvoir, en respect des des- seins ahidjoïstes en 1982 ?«< Biya n'est pas Ahidjo »>, répond un politologue. Il a été formé pour quêter le pou- voir, pour gouverner et pour savoir partir. Il a fait les sciences politiques et sait comme Charles de Gaulle qu'«< il faut savoir quitter les choses avant qu'elles ne vous quittent ». Il a eu plus d'expérience politique qu'Ahidjo et sait que le pouvoir ne se conserve pas à l'infini. S'il part, il quittera les choses pour toujours, même s'il peut servir comme un bon stratège politique. Il en a les capacités.
Et si Biya voulait véritablement partir, lui que l'on dit avoir si peu investi à l'étranger, et demeurer à Mvomeka'a ? Dans ce cas, il saura définitivement tourner la page. Tout le problème réside au niveau des principes successoraux, surtout que le contexte pluraliste laisse peu de chance au président de la République de choisir son dauphin de façon explicite. La voie des urnes étant l'unique gage d'alternance, c'est au sein du RDPC que peuvent tout de même s'opérer les prémices de la substitution nationale.
Que peut-il se passer dans les prochaines années ? Biya achèvera-t-il son ultime mandat, c'est-à-dire le septennat 2007 ? ou devra-t-il l'écourter ? Une fois de plus, le président a la liberté de la manière.
Le vrai problème réside dans l'activisme maquillé des dauphins. Ce n'est pas bien connaître les principes du biyaïsme, tant Biya n'aime pas les dauphins agités : comme Dieu, Biya est jaloux de son pouvoir. Et comme le créateur, il préfère les hommes aussi taciturnes que lui, des dauphins sans vacarme ni pédantisme qui auront tout appris de sa logique politique subjectiviste. L'efface- ment et l'art de la dissimulation peuvent constituer des paramètres essentiels dans la grande mutation au sein du RDPC. Biya voudra d'un fin stratège, comme lui.