'Pourvu qu’ils me craignent': Titus Edzoa dévoile la partie sombre de Biya

Plus de 40 ans au pouvoir, Biya doit sa longévité aux affaires grâce à la ruse, les stratagèmes et surtout grâce à la politique de terreur inspirée de l'un des livres plus adulés par les dictateurs africains: "Le Prince" de Machiavel.

Dans une interview qu'il a accordée à Jeune Afrique cette semaine, Titus Edzoa qui a travaillé avec Paul Biya pendant des années et a même été son ami, a dévoilé l'âme de la politique de ce dernier.

Celle-ci est inspirée des conseils de Machiavel aux Princes dont l'un des temps modernes est Biya et bien entendu, plusieurs autres présidents africains.

"Machiavel, dans son opuscule De Principatibus [Le Prince] définit les missions, différentes, d’un dictateur et d’un tyran. À son origine, la dictature était conçue comme un simple « remède de cheval » pour les libertés malades, dans un contexte bien défini de chaos: elle ne durait qu’un temps. Après quoi le sauveur, une fois la République remise sur les rails de la vertu, se retirait sur ses quelques arpents de terre. La tyrannie, en revanche, n’est que l’usage abusif, violent et permanent du pouvoir, sans autre objectif que la satisfaction personnelle d’un ego hypertrophié par les faiblesses humaines, telles que la domination de l’autre. Ce choix est laissé au libre arbitre", a expliqué Titus Edzoa.

"Malheureusement, Paul Biya et de nombreux chefs d’État africains ont choisi cette deuxième option, la tyrannie, qui autorise toutes les dérives. Leur slogan est le même : « Oderint dum metuant » [qu’ils me haïssent, qu’importe ! Pourvu qu’ils me craignent]. Les conséquences sont désastreuses pour leurs peuples !", ajoute l'ancien secrétaire général de la présidence de la République de Biya.