Selon une information de Jeune Afrique, Moody's dégrade la note du Cameroun, mais Yaoundé reste indifférent.
A en croire le magazine panafricain Jeune Afrique, le 27 juillet, l'agence de notation Moody's a dégradé la note du Cameroun de deux paliers, passant de B2 à Caa1 avec une perspective stable. Cette décision fait suite aux retards de paiement enregistrés par le pays pour sa dette bilatérale envers certains créanciers privés, notamment la Deutsche Bank d'Espagne. Cependant, le Cameroun n'a toujours pas réagi officiellement à cette dégradation, probablement en raison de l'absence du ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, accompagnant le président Paul Biya au sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg.
Jeune Afrique révèle par ailleurs que le FMI avait déjà alerté sur la situation en juin, soulignant des dépassements mineurs et provisoires concernant l'accumulation d'arriérés extérieurs, ce qui avait suscité des préoccupations quant à un emprunt obligataire international de 200 milliards de francs CFA que le Cameroun envisageait de lancer par placement privé, structuré par Rothschild.
Cependant, du côté de Yaoundé, on tente de relativiser l'impact de cette dégradation sur les taux d'intérêt. Un cadre du ministère des Finances rappelle que par le passé, malgré une bonne notation, le taux d'intérêt de l'eurobond avait été élevé, et inversement avec une baisse de notation. La dette de marché financier ne semble pas souffrir de ces retards, mais il est important de noter que cela pourrait affecter la prochaine levée de fonds et pourrait nécessiter une structuration plus exigeante ou entraîner le retrait des prêteurs de l'opération, explique Jeune Afrique.
Outre les problèmes de notation, certains analystes s'inquiètent de la présence de la milice russe Wagner dans la sous-région, notamment en République centrafricaine, qui pourrait affecter le spread de crédit des pays voisins lors de leurs opérations sur les marchés financiers, révèle Jeune Afrique.
Pour l'instant, on attend les décisions des deux autres grandes agences de notation, Fitch Ratings et Standard & Poor's, pour confirmer ou infirmer la tendance de la dégradation de la note du Cameroun. Ces développements soulèvent des questions sur la gestion de la dette du pays et appellent à une vigilance accrue pour préserver la stabilité financière et la crédibilité du Cameroun sur les marchés internationaux.