Martin Fayulu Madidi, président de "Engagement pour la citoyenneté et le développement" (ECIDE), s’est également mis à l’assaut des Provinces du pays. Il sollicite le vote de la quarantaine de millions des Congolais pour briguer la magistrature suprême.
La campagne électoral bat s'achève ce soir en RDC. Les candidats déploient les dernières énergies dans les meetings et autres rassemblements à la quête du suffrage des électeurs.
Candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, il est porté dans le cadre de cette présidentielle par la Coalition Lamuka Fayulu dont son parti est membre. Martin Fayulu qui continue de revendiquer sa victoire de 2018, estime que c’est lui que les Congolais avaient élu et que cette confiance n’est pas perdu aujourd’hui.
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« Je suis le candidat qui a le plus d’atouts », ne cesse-t-il de le répéter, surtout lorsqu’il a été reçu dans l’émission « Spécial débat » dans laquelle BBC Afrique ouvre son micro aux candidats en course pour cette élection.
Quels sont ces atouts dont dispose le candidat Fayulu ?
Martin Fayulu veut se positionner aujourd’hui comme le seul défenseur du peuple congolais durant ces cinq dernières années « contre la dictature de Tshisékédi ».
Ayant organisé des manifestations contre l’insécurité à l’Est et dans d’autres endroits du pays. Il dit être le candidat qui peut, demain, travailler à l’intégrité et à la pacification de la RDC, un candidat qui peut mettre en place un véritable Etat de droit, ramener la cohésion nationale dans le pays, assurer la gouvernance intègre avec la règle « tolérance zéro corruption ».
« J’ai les compétences, les qualités nécessaires, les ressources intellectuelles, morales et spirituelles pour exercer cette fonction de président pour bâtir un Congo libre, fort, digne et prospère », se glorifie-t-il.
« J’ai toujours été constant. Je n’ai jamais changé. Je ne suis jamais parti rejoindre Mobutu ni quelqu’un qui est au pouvoir. J’ai travaillé avec les amis de Lamuka, ils sont partis et ils m’ont trouvé là où je suis », lance-t-il à ceux qui pensent qu’il n’est pas constant dans sa politique.
Ce qui milite en sa faveur, selon lui
Sur ce point, le candidat pense qu’il a assez démontré sa volonté de conduire la RDC à bon port depuis son « élection volée » par le régime Tshisékédi en 2018. Et il a beaucoup obtenu comme gains qui peuvent lui servir d’arguments pour son élection le 20 décembre prochain.
« J’ai démontré à la face du monde et surtout à mes compatriotes que Félix Tshisékédi a été placé là par des gens qui voulaient qu’il les serve, notamment Monsieur Kagamé, et il les a servi en amenant notre pays la RDC à EAC, il a permis à Monsieur Kagamé d’installer sa force militaire, des éléments armés sous le nom de la milice M23 », indique Fayulu.
Pour lui, le gouvernement joue à la comédie en accusant cette milice. C’est un jeu qu’il joue avec le Rwanda. « Moi je dis que ce sont des supplétifs de l’armée rwandaise », ajoute-t-il.
Il dénonce la collaboration entre Félix Tshisékédi et Paul Kagamé, qui était fait sciemment. On sait que Felix Tshisekedi accuse régulièrement le Rwanda de soutenir les rebelles dans l'Est du Pays, ce que Kigali a toujours nié.
Martin Fayulu indique en outre être le candidat qui développe un programme cohérant qui amène les populations à se rappeler sa victoire lors de l’élection présidentielle de 2018.
« C’est nous qui sommes allés sur le terrain pour réveiller les consciences, en organisant des campagnes », souligne-t-il, faisant rappeler que ceux qui étaient au départ avec lui à l’époque sont partis rejoindre le camp de Félix Tshisékédi.
La « détermination » du candidat Fayulu et ses partenaires politiques à réclamer des élections transparentes et équitables à travers des réformes au sein des institutions chargées de les organiser, a, selon lui-même, ouvert les yeux au peuple congolais, surtout aux évêques catholiques et aux pasteurs protestants qui ont exigé un audit citoyen du fichier électoral.
Et face au refus de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les responsables religieux ont appelé les Congolais à n’accepter que les résultats qui proviendront du comptage manuel et qui seront proclamés affichés dans les bureaux de vote, et ce que vont proclamer la CENI et la Cour constitutionnelle ne doit pas être différent de ces résultats.
Le candidat de la coalition Lamuka se dit fier d’avoir impulsé cette dynamique au peuple congolais, notamment les évêques catholiques et les pasteurs protestants pour une élection transparente. Et c’est cette lueur de transparente imposée par le peuple congolais, selon lui, qui l’a amené à faire acte de candidature, lui qui dénonçait l’opacité qui avait entouré le processus à son début et qui allait le conduire à ne pas se présenter.
Pour lui, c’est une victoire, un fait qui doit être mis dans les éléments militant en faveur de son élection le 20 décembre prochain.
Il promet déjà des postes de ministres et autres à ceux qui sont avec lui dans la coalition, même s’ils n’ont pas pu se présenter aux dernières législatives à cause du boycott.
Martin Fayulu président de la RDC, que fera-t-il ?
Le candidat qui se dit « très populaire » auprès des Congolais, nourrit visiblement beaucoup d’ambitions pour son pays. Et il le dit à tous que le peuple le choisira parce qu’il a un programme compréhensif, complet. Fayulu compte sur le peuple pour rappeler à l’Assemblée nationale, où il n’a pas de député, que c’est le programme du président élu qui doit être exécuté.
« Je vais nommer un informateur. Après je vais regarder la tendance qui se dégage à l’assemblée nationale pour ensuite nommer un Premier ministre qui va conduire un gouvernement qui sera un gouvernement fort, un gouvernement des hommes et des femmes compétents, un gouvernement de patriotes qui veulent sortir ce pays du trou où Monsieur Kabila et Monsieur Tshisékédi l’ont conduit », promet-il.
En tant que président de la RDC, Martin Fayulu pense relever plusieurs défis. Il s’agit du défi sécuritaire qui passe par l’intégrité territoriale et la pacification du pays. « Dans l’intégrité territoriale, il nous faut une armée de 500.000 personnes, hommes et femmes bien formés, motivés, entrainés, équipés pour défaire les aventuriers qui veulent attaquer le Congo », annonce le candidat.
Il pense ensuite demander aux Nations unies de faire retourner les soldats du Rwanda dans leur pays ou leur trouver un autre pays. Cette mesure doit concerner aussi les ADF d'origine ougandaise. Pour lui, si la RDC a une armée efficace, elle peut venir à bout des conflits armés, surtout éradiquer l’insécurité interne du pays.
Fayulu veut en outre mettre en place un Etat de droit où les lois de la République sont les mêmes pour tout le monde. « Si vous ne les respectez pas, vous êtes punis », avertit-il.
Le rétablissement de la cohésion nationale tient également à cœur au candidat Martin Fayulu qui accuse Tshisékédi d’avoir détruit le pays en instaurant le tribalisme à outrance. Il espère que cette situation qui a duré 5 ans sera vite oubliée par les Congolais qui doivent porter leur choix sur lui.
Le président du parti ECIDE compter installer aussi la gouvernance intègre s’il est élu le 20 décembre prochain. « Vous volez, vous allez en prison », met-il en garde.
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« Voilà quatre prérequis pour avoir un pays normal. Nous allons les mettre en place dès que nous serons élus », a fait savoir Fayulu qui annonce 14 autres défis qu’il promet à son peuple et qui se répartissent en trois groupes.
Il s’agit des priorités qu’il compte mettre en place. Ce sont notamment l’éducation, l’agriculture et l’élevage pour enrayer la misère alimentaire, la santé, l’eau et l’électricité qui sont des biens sociaux de base, les infrastructures (portuaires, aéroportuaires, ferroviaires, routières, connectivité internet).
« Nous allons aussi développer l’entrepreneuriat congolais. Les Congolaises et les Congolais doivent être des entrepreneurs, des chefs d’entreprises pour donner de la valeur ajoutée à ce qui est produit sur le sol et dans le sous-sol congolais », promet-il.
Il parle aussi « des autres challenges » qu’il met dans l’identité culturelle congolaise, promettant que personne ne vivra avec un handicap. Il compte créer des centres de formation pour la jeunesse, récupérer les filles-mères pour apprendre un métier.
Martin Fayulu mettra à contribution aussi l’élite congolaise qui participera au développement du pays, selon ses promesses. Il envisage remobiliser la diaspora au chevet du Congo et redynamiser la coopération régionale.
« Nous allons développer une coopération avec nos voisins, ceux qui veulent vivre avec le Congo et qui veulent travailler avec nous », invite-t-il, en prévenant toutefois : « Mais celui qui pense qu’il a une terre à récupérer au Congo n’est pas notre ami ».
L’élément nouveau qui permettra de traiter autrement les « ennemis » de la RDC, selon lui, est que cette fois-ci le nouveau président élu (qui sera lui-même) sera le président du peuple congolais et non celui imposé par Paul Kagamé et d’autres qui ne sont pas amis du pays de Fayulu.
« Je ne vais pas chercher la guerre contre leur pays. Mais je vais protéger mon pays contre eux et je vais demander aux citoyens congolais de défendre leur pays », déclare-t-il.
Des réformes institutionnelles
Martin Fayulu, président, veut réformer certaines institutions de la République de sorte à réduire les impôts, les taxes pour avoir plus de gens qui paient des taxes et faire des recettes pour le trésor public. Tout cela va concourir à élargir le budget de l’Etat, selon lui.
Il prévoit aussi ouvrir la nationalité congolaise à d’autres pays, « c’est-à-dire qu’il y a des enfants congolais qui sont dans d’autres pays à l’étranger et qui aimeraient bien garder cette nationalité et celle congolaise. On va l’élargir, sauf les 9 pays limitrophes pour éviter des problèmes ».
Il projette faire des réformes dans la loi électorale en remettant l’élection présidentielle à deux tours.
Pour lui, dans le cadre de cette présidentielle, la CENI a violé plusieurs articles de la loi électorale, mais doit à tout prix organiser cette élection à la date du 20 décembre 2023 et assurer sa transparence et sa crédibilité conformément à la loi. Et d’ajouter qu’il y a de nombreuses irrégularités sur lesquelles la cour constitutionnelle n’a pas réagi.
« Il y a des gens qui doivent prendre leur responsabilité et nous dire ce qui s’est passé ou ce qui se passe », appelle-t-il.
Fayulu et les autres figures de l’opposition
Il est le candidat porté par la Coalition Lamuka. Mais il avait collaboré dans d’autres mouvements avec d’autres figures de l’opposition congolaise.
S’agissant de la candidature commune que les grandes figures de l’opposition n’ont pas pu avoir, Martin Fayulu indique qu’il n’a jamais été question d’avoir une candidature unique au sein du mouvement qui les avait réunis. C’était plutôt pour réunir les forces et les moyens pour avoir des conditions de transparence pour des élections impartiales, apaisées et inclusives.
« On allait peut-être petit à petit arriver à cette candidature commune. Mais certains n’avaient pas respecté leur engagement. L’engagement c’était : pas de parodie d’élection. Aujourd’hui, je suis revenu parce que la CENI est mise à nue », tente-t-il d’expliquer.
Beaucoup ont pensé que la rencontre de Prétoria était destinée à avoir cette candidature unique. Faux, rétorque Martin Fayulu qui affirme que les facilitateurs ne les avaient pas convoqués pour ce sujet.
« Les facilitateurs nous avaient dit que les autres avaient peur parce qu'à la fin on devrait faire un criterium pour le candidat commun. Et dans ce criterium, c’est Fayulu qui passait », insiste-t-il.