L’annonce officielle de la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle de 2025 ne fait pas l’unanimité au sein du Mouvement pour la renaissance du Cameroun. Des voix s’élèvent pour déplorer la manipulation de la cause des anglophones à des fins électoralistes. Dans cette tribune, Armand Noutack II explique pourquoi il dénonce le discours prononcé par son leader Maurice Kamto samedi à Nkongsamba.
Ce qui m'embête c'est que ceux qui, aujourd'hui acclament la décision du président Maurice Kamto de reprendre le chemin des élections, sont les mêmes qui ont applaudi hier lorsqu'on a décidé du boycott. Les mêmes applaudiront assurément demain si jamais le président Maurice Kamto décide à nouveau de boycotter.
Je crois quand-même que ne serait-ce que pour la crise anglophone et le sang de nos compatriotes, cette annonce pouvait attendre, avant 2025 bien de choses pouvaient évoluer au NOSO et nous donner toute la légitimité d'aller à l'élection tout en restant cohérents envers nous-mêmes et surtout loyaux et solidaires de nos frères anglophones. Le challenge maintenant est d'expliquer aux anglophones au moins trois choses :
Le Mrc ne doit pas cautionner ça , non
1_ que nous n'avons pas essayé de surfer sur leurs souffrances pour simplement faire du chantage au système en place,
2_ comment leur faire comprendre que l'annonce de samedi dernier à Nkongsamba n'est pas une forme de trahison vis à vis d'eux. ( Nous avions dit que sans la fin de la crise , on n'irait plus à une élection , et on n'avait pas précisé "élections locales" ou présidentielle, on avait seulement dit élection).
Et à nos militants et au peuple camerounais dans son ensemble,
3_ comment ne pas se demander si notre parti a été créé uniquement pour les élections présidentielles... En 2018 "nous" étions à la présidentielle (il est bien vrai je n'étais pas encore là), après avoir observé un certain nombre de choses, le boycott a été choisi et salué par la majorité des militants Moi y compris , dans la foulée le président Maurice Kamto a pris la résolution de conditionner toute participation du MRC à une élection par deux éléments : le code électoral consensuel et la fin de la crise anglophone ( c'est surtout la fin de crise anglophone qui m'intéresse au premier plan)... Les camerounais qui étaient dans leur majorité d'accord dans ce choix stratégique et conditionnement vont légitimement nous demander des comptes : pourquoi devons-nous aller à la présidentielle ? Notre parti a-t-il été créé pour les présidentielles uniquement ? Est-ce normal que par deux fois (2018 et bientôt 2025), pour une élection nationale ( présidentielle) on lèse les deux régions anglophones ?! Nos enfants nous regardent,nos frères anglophones aussi.
Je voudrais dire aux gens , qu'un militant qui n'a aucune ambition est un danger pour le parti , et que les manipulateurs des consciences cessent de tromper les naïfs sur les plateaux de télévision en faisant croire qu'ils militent juste pour militer alors que le jour même du boycott tous leurs dossiers de candidature étaient fin prêts ... Contrairement à certains qui ont pleuré ouvertement, eux ils ont juste fait la malice en pleurant dans le silence.
Je dis donc que pour ma part , en tant que citoyen camerounais et militant du changement,
1_ j'ai soutenu le boycott des élections de 2020,
2_ j'étais d'accord que les deux batailles principales étaient l'adoption d'un nouveau code électoral et la fin de la crise anglophone,
3_ que depuis samedi j'ai beau tourner l'annonce de mon président dans tous les sens , je ne trouve pas les véritables motifs de cette décision, parceque à mon avis le quotidien en zone anglophone et même sur le plan politique est encore plus sombre qu'en 2020 ,
Par conséquent je prends donc l'opinion publique à témoin de ce que par respect et par solidarité pour nos frères anglophones :
_je marque très respectueusement et officiellement mon désaccord quant à l'annonce du président Maurice Kamto samedi dernier à Nkongsamba,
_ je continue à appeler le président Paul Biya à trouver les moyens (dialogue franc et sincère) pour la fin totale de la crise anglophone,
_ Que tout comme je suis aujourd'hui contre l'annonce de samedi à Nkongsamba, je suis prêt à soutenir le moment venu un autre boycott ( même de la présidentielle) si le sang continue de couler dans le NOSO, ( nous ne devons plus seulement boycotter les élections locales, soit on participe à toutes les élections, soit on les boycotte toutes ).
Ceci dit , je voudrais préciser à ceux qui critiquent tout et rien , qu'avoir des ambitions de devenir député ou maire dans un parti politique n'est pas un crime , mais préciser aussi qu'on ne milite pas que pour ça...
Moi par exemple, avec ou sans poste (élection ou nomination) , je suis militant du changement, le Cameroun doit changer , notre pays a besoin d'un nouveau souffle.