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Présidentielle 2018: les gagnants et les perdants du scrutin

Bulletin De Vote Cameroun Les résultats seront connus dans les 15 prochains jours

Wed, 10 Oct 2018 Source: Defis Actuels No 335

Le déroulement de la campagne a permis de rebattre les cartes politiques avec l’émergence de nouveaux poids lourds et la déchéance des mouvements historiques de l’opposition.

S ’il y a un qui ne doute pas un seul instant de ses chances de victoire à l’issue de l’élection de dimanche dernier, c’est bien lui, Paul Biya. Le candidat du Rassemblement démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) a surfé sur « la force de l’expérience ». Une « force » et une « expérience » que les caciques du parti au pouvoir ont mises en avant durant toute la campagne. Parce que, Paul Biya, c’est 36 ans de règne à la magistrature suprême. Paul Biya, c’est aussi six élections présidentielles remportées de façon consécutive (1984, 1988, 1992, 1997, 2004 et 2011).

Suffisant pour que bon nombre d’experts le donnent vainqueur d’un septième mandat à la présidence de la République. Le locataire d’Etoudi, disent-ils, a tout (ou presque) pour gagner : une popularité indiscutable ; la stature ; le contrôle par son parti de la quasi-totalité des arrondissements du pays ; des militants (électeurs) implantés sur tout le territoire national ; des ministres du gouvernement qui ont mouillé le maillot pour lui assurer un « 100 % » de réussite dans leurs localités d’origine respectives ; une équipe qui maîtrise les rouages de la politique camerounaise, puissante, organisée ; un parti qui n’a pas lésiné sur les moyens financiers et de mobilisation...

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Et une opposition qui n’a pas su constituer une coalition à huit contre un. Pourtant, s’il est des présidents dont la parole est rare, Paul Biya est de ceuxlà. Avare en discours, il ne s’est exprimé en public qu’une fois, à Maroua, durant la campagne, jouant la carte du « père de l’unité camerounaise ».

« L’histoire du Cameroun n’est pas celle de frères et de sœurs qui s’entre-déchirent mais celle d’une famille qui reste unie dans la prospérité. Alors quand on parle du Cameroun, de notre Cameroun, du berceau de nos ancêtres, le meilleur choix restera toujours le choix de la stabilité, Paul Biya », a-t-on abondamment entendu, dans un clip de campagne diffusé sur les réseaux sociaux.

Dans ce clip, le champion du Rdpc a été présenté comme « la boussole qui sait diriger » et avec qui « la démocratie est assurée », car ses « réalisations sont partout » à travers le pays. A ce propos, ses partisans citent, entre autres, la construction des routes, des barrages hydroélectriques et d’autres infrastructures de développement devant permettre au Cameroun « d’être un pays émergent à l’horizon 2035 ».

Autant de faits d’arme qui font que « tous les Camerounais sont derrière lui », note le clip, soulignant que Biya est donc cet homme qui « rassure », « le gentleman », « l’expérience», « le chef qui sait écouter » et qui incarne « l’unité nationale ». Agé aujourd’hui de 85 ans, Paul Biya promoteur du « Renouveau » dont les piliers sont la « rigueur et la moralisation des comportements », espère encore un mandat de sept ans « pour parachever l’œuvre qu’il a entamée à la tête du pays » clament ses partisans.

Akere - Kamto : la force de la coalition

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Ils ont attendu les dernières 36 heures de la campagne présidentielle pour appliquer ce proverbe africain. C’est en effet le 5 octobre dernier qu’Akere Muna a annoncé qu’il se désistait de la course à la présidentielle au profit de Maurice Kamto, avec qui il a formé une coalition.

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Parce qu’il a constaté « qu’une vaste majorité de la population camerounaise souhaite élire un nouveau président qui mettra un terme à leurs souffrances et à leur misère », et ayant reconnu « qu’une coalition est nécessaire pour sauver ce pays et que, sans une réelle coalition des principaux candidats qui s’opposent au maintien au pouvoir de Paul Biya, il ne peut y avoir de changement dans la gouvernance du Cameroun », « Akere Muna accepte de retirer sa candidature à la présidence de la République (…) et de soutenir Maurice Kamto », peut-on lire dans le communiqué rendu public vendredi soir.

Les deux hommes, qui négociaient depuis plusieurs mois, se sont rencontrés une dernière fois en personne ce jour-là à Garoua, dans la région du Nord, où tous deux se trouvaient en campagne. Tout de suite, l’opinion exulte. La nouvelle a été bien accueillie sur les réseaux sociaux, et de nombreux Camerounais ont vite fait d’annoncer qu’ils voteront pour le candidat de la coalition.

Cabral Libii : la force de la mobilisation

C ’est Paul Biya lui-même qui l’a dit dans son discours à la jeunesse, le 10 février 2017. Ce jour-là, le chef de l’Etat sortant a invité les jeunes à « oser », à « faire preuves d’audace et d’initiative ». S’il en est qui l’ont bien compris, Cabral Libii en fait partie. Le candidat du parti Univers a osé, à 38 ans seulement, en se présentant à l’élection présidentielle de dimanche dernier. Il n’en a pas fallu beaucoup d’ailleurs pour que le benjamin de ce scrutin séduise une frange importante de Camerounais : les jeunes. Pour beaucoup, son nom résonne avec « espoir » et « désir d’un avenir meilleur ». Plus encore, certains se voient en lui.

C’est qu’au fil des jours, Cabral Libii a inspiré chez de nombreux jeunes, une certaine assurance, une garantie de changement et de victoire. Au point de réussir à incarner le rêve que tout est (encore) possible pour cette jeunesse. Fort d’une campagne qui en a étonné plus d’un, cet ex-analyste politique a fait ses preuves avec l’opération « 11 millions » d’inscrits sur les listes électorale. Une opération qui a eu le mérite d’avoir convaincu bon nombre de jeunes à s’inscrire et à remplir leur devoir de citoyens en allant voter dimanche dernier.

Mais la où le candidat du parti Univers s’est également illustré, c’est à travers sa force de mobilisation, lors de la période de campagne. Chacun de ses meetings avait l’art de rassembler des dizaines de milliers de personnes. Comme ce fut le cas le 23 septembre dernier. C’est une véritable marée humaine qui l’a accueilli au stade Cicam de Douala. Cet ancien analyste politique s’était d’abord vu interdire la tenue du meeting, avant que l’autorité administrative ne revienne sur sa décision et l’autorise à tenir le rassemblement. Résultat : une vraie démonstration de force qui a eu le mérite d’agacer au sein du parti au pouvoir, le Rdpc.

« J’entends dire que c’est inédit au Cameroun de voir une telle mobilisation autour d’une personne », assure Cabral Libii. « Je me dis que le travail que nous faisons depuis des mois n’est pas sans effet ». S’il incarne désormais une forme de menace pour certains partis politiques, des observateurs sont convaincus qu’il jouera un grand rôle dans l’environnement politique camerounais, durant les sept prochaines années.

Source: Defis Actuels No 335
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