Deux regroupements de partis de l’opposition ont été initiés dans l’optique de la conquête du pouvoir. Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale les déclare illégaux et clandestins. La bataille pour la prochaine élection présidentielle au Cameroun est véritablement lancée. Et de quelle manière !
Si du côté du parti au pouvoir l’on se garde encore de se prononcer sur la candidature du président Paul Biya, du côté de l’opposition, un certain nombre de mouvements ont été constatés. Des actions visant à constituer des regroupements pour affronter le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) lors de l’échéance de 2025. « Depuis bientôt trois mois, certains responsables politiques en quête de notoriété et au mépris des textes en vigueur, ont mis sur pied deux pseudo associations dénommées « Alliance politique pour le changement » et « Alliance pour une transition politique au Cameroun » dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025 », a constaté dans un communiqué de presse signé le 12 mars 2024, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.
Son communiqué, cependant, est loin de s’arrêter au simple constat. « Malgré le caractère illégal de ces mouvements, leurs promoteurs tiennent des réunions, des conférences de presse et des concertations dans l’optique de recruter de nouveaux adhérents. Plus grave, les promoteurs de ces mouvements clandestins sont allés rencontrer en prison des terroristes définitivement condamnés pour des crimes graves planifiés et orchestrés dans les régions du NordOuest et du Sud-Ouest dans le but de nouer une alliance politique », poursuit le Minat.
Aucun nom cité, mais pour qui a suivi l’actualité politique récente au Cameroun, le communiqué est suffisamment explicite. Le 9 mars dernier, l’Honorable Jean Michel Nintcheu, président du Front pour le Changement du Cameroun (Fcc) et président par intérim de l’Alliance politique pour le changement (Apc) est allé rencontrer à la prison principale de Yaoundé le leader séparatiste Sisuku Ayuk Tabe. Il a surtout été, il y a quelques semaines, l’initiateur de l’Apc, une coalition de l’opposition visant à porter Maurice Kamto au pouvoir en 2025.
Cette dernière sortie du député semble avoir été pour le ministre de l’Administration territoriale une sortie de trop. Il évoque notamment « les préalables inacceptables en faveur de ces dangereux terroristes » posés au gouvernement à la suite de cette rencontre. L’autre coalition visée par le communiqué du Minat est l’Alliance pour une transition politique au Cameroun (Apt). Une initiative d’Olivier Bile, qui est allé à la rencontre d’autres leaders politiques tels que Cabral Libii, Akere Muna, Shanda Tonme…
Pour le patron de l’administration territoriale, les deux coalitions n’ont pas le droit de mener les activités qu’elles ont entreprises, car ils « ne sont pas des partis politiques ». « N’ayant aucune existence légale, ces mouvements clandestins ne peuvent mener aucune activité politique sur toute l’étendue du territoire national », précise le communiqué. Et concernant Jean-Michel Nintcheu, il ajoute : « La qualité de parlementaire ou d’homme politique ne saurait être un passe-droit pour défier impunément l’autorité de l’Etat, inciter à la rébellion, tenir des propos outrageants à l’égard des autorités et afficher l’intention délibérée de piétiner en permanence l’ordre public ».
Et le communiqué se termine par une menace claire à l’endroit de toute autre initiative du genre : « Toute tentative d’organiser une quelconque activité sous les appellations susmentionnées ou toutes autres dénominations de même type en création, sera désormais considérée comme un casus belli par le Minat ».
En réaction au communiqué de presse du Minat, le coordonnateur national par intérim de l'Apc a publié une déclaration le même jour. Il estime que les coalitions ont existé depuis longtemps au Cameroun et qu'elles n'ont pas d'existence juridique autre que celle de leurs membres. Jean-Michel Nintcheu maintient que l'Ap m est prête pour affronter victorieusement les élections municipales, législatives et présidentielle de 2025 et qui cessera de fonctionner à la fin de ces échéances