Le président sortant publie son premier message de campagne sur Facebook, évoquant sa "passion" pour "de nouveaux défis"
À trois semaines jour pour jour de l'élection présidentielle du 12 octobre, Paul Biya sort de son silence. Depuis la Suisse où il séjourne actuellement, le président camerounais a publié ce mercredi 24 septembre un message sur sa page Facebook qui sonne comme le coup d'envoi de sa campagne électorale.
« Aujourd'hui, une seule passion m'habite : poursuivre en la consolidant l'œuvre accomplie et relever avec vous de nouveaux défis », écrit le chef de l'État, accompagnant son message des hashtags #Biya2025, #PaulBiya et #Cameroun.
Un message stratégique depuis l'étranger
Cette sortie médiatique, bien que brève, revêt une dimension particulièrement symbolique. Elle intervient alors que le président se trouve à Genève pour ce qui est présenté comme un séjour de soins de santé, soulevant une fois de plus les questions sur sa capacité physique à gouverner et sa gestion "à distance" du pouvoir.
Le timing de cette publication n'est pas anodin : elle précède de trois jours le lancement officiel de la campagne électorale fixé au 27 septembre, permettant au candidat Paul Biya de marquer symboliquement le terrain avant ses adversaires.
Contrairement aux scrutins précédents où le président s'était montré discret, nos informations révèlent qu'une campagne de terrain d'envergure se dessine. Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil présent à Genève, travaille actuellement sur un programme ambitieux qui devrait voir Paul Biya quitter Yaoundé pour trois étapes stratégiques.
Le scénario privilégié prévoit des déplacements dans l'Est pour l'inauguration du barrage de Lom Pangar, dans le Littoral pour les 150 ans du port de Douala, et à Maroua dans l'Extrême-Nord. Une stratégie pensée pour mettre en avant les "grandes réalisations" du quinquennat et répondre aux critiques sur sa gouvernance distante.
L'étape de Douala revêt une importance particulière. La capitale économique, qui avait placé Maurice Kamto en tête lors de la présidentielle de 2018 avec 38,60% des suffrages contre 35,75% pour Paul Biya, représente un défi majeur pour le candidat sortant.
Cette visite, qui serait la première depuis 2013, vise à reconquérir une région stratégique où l'influence d'ecclésiastiques opposés au régime, comme l'archevêque Samuel Kleda, complique la donne électorale.
Le choix de Maroua pour clôturer cette tournée témoigne des préoccupations du pouvoir concernant les régions septentrionales. L'Adamaoua, le Nord et l'Extrême-Nord connaissent des mouvements de contestation liés à la pauvreté, l'insécurité et le déficit d'infrastructures.
La défection d'Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre passé à l'opposition et originaire de Garoua, inquiète particulièrement les stratèges d'Etoudi qui redoutent un rassemblement des populations nordistes derrière un candidat d'opposition.
Si des préparatifs et rénovations ont déjà été lancés dans les résidences présidentielles régionales, le programme officiel de campagne reste secret, même au sein du RDPC. Une prudence qui traduit les incertitudes sur l'état de santé du président et sa capacité à mener une campagne intensive.
Ce message Facebook, lapidaire mais porteur, pourrait bien être le prélude à une campagne plus active que prévu. Reste à savoir si Paul Biya parviendra à transformer l'essai sur le terrain et à convaincre un électorat camerounais en quête de renouveau après plus de quatre décennies au pouvoir.