La décision prise par le président du Parti camerounais pour la reconnaissance nationale (PCRN) a froissé très vite son homologue du parti Héritage, Christian Bomo Ntimbane. L’avocat lui dit les choses en face.
Monsieur le président du PCRN, candidat à l'élection présidentielle. Cher Cabral Lbii, vous avez déclaré hier dans une émission TV que je découvre ce matin viralisée sur les réseaux sociaux que : « Je fais confiance au Conseil constitutionnel. Si je possède la preuve par les PV que m'apporteront les citoyens. Je reste convaincu que le Conseil constitutionnel me déclarera vainqueur. Si moi je gagne ils vont me déclarer vainqueur ».
Pour vous résumer, vous faites confiance au Conseil constitutionnel, pour vous déclarer vainqueur, sur la base des PV des bureaux de vote qui seront en votre possession. Cher compatriote, votre déclaration pourrait être interprétée comme un rejet de mon interpellation aux 11 candidats retenus pour l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 qui consiste à exiger, comme préalable à leur participation à cette élection, l'adoption d'un code électoral permettant la sécurisation de la comptabilisation des votes.
Je considère qu'il s'agit d'une simple erreur d'analyse des dispositions du code électoral, qui m'oblige à mieux repréciser les points suivants. Le Conseil constitutionnel ne peut pas vous déclarer vainqueur sur la base des PV que vous détiendrez. Car, je le répète une fois de plus, le Conseil constitutionnel n'a aucun pouvoir pour décider des résultats de l'élection présidentielle au Cameroun. C'est une simple caisse d'enregistrement des résultats à la présidentielle.
Le Conseil constitutionnel lit simplement, je dis bien lit simplement (proclame) les résultats, comme le lirait celui qui vient lire les noms des personnes admis à un examen dont les résultats ont été délibérés dans le secret par un jury. Les résultats de l'élection présidentielle sont concoctés et validés par une espèce de jury composé des fonctionnaires et les agents d'Elecam, regroupés dans une structure administrative ad hoc appelé Commission nationale de recensement général des votes.
C'est le PV rédigé par la Commission nationale de recensement général des votes qui est transmis et qui sera lu par le Conseil constitutionnel et non pas les PV issus des bureaux de votes. Je vous redonne les articles 68 et 69 du Code électoral qui démontre tout ce que je viens d'exposer.
Article 69 du code électoral : « La commission nationale de recensement général des votes procède au décompte général des votes, au vu des procès-verbaux et des pièces annexes transmis par les commissions départementales de supervision.
Elle redresse les erreurs matérielles éventuelles de décompte des votes. Elle ne peut toutefois annuler les procès-verbaux correspondants... La commission nationale de recensement général des votes dresse procès-verbal de toutes ses opérations. Ce procès-verbal, établi en autant d’exemplaires que de membres est signé du président et des membres présents.
Un exemplaire est transmis dans un délai de cinq (05) jours au Conseil constitutionnel, accompagné des pièces annexes ».
Article 68 du code électoral sur la composition de la commission nationale de recensement général des votes : « Il est créé une commission nationale de recensement général des votes, composée ainsi qu’il suit : président : un (01) membre du Conseil constitutionnel, désigné par le président du Conseil constitutionnel.
Membres : deux (02) magistrats de l’ordre judiciaire, désignés par le premier président de la Cour suprême ; cinq (05) représentants de l’administration désignés par le ministre chargé de l’Administration territoriale ; cinq (05) représentants d’Elections Cameroon désignés par le directeur général des élections ; un (01) représentant de chaque candidat ou parti politique en compétition, désigné par le candidat ou le parti politique.