L’enjeu porte sur une mobilisation populaire maintenant que presque toutes les forces politiques de l’opposition ont dit non au projet du Rdpc.
La voix de Christian Cardinal Tumi sonne fort dans le concert des « non » au projet d’élection présidentielle anticipée au Cameroun ; projet porté par le Rdpc, le parti au pouvoir, et ses alliés ; projet surtout accompagné des appels à la candidature du président Paul Biya pour un mandat de plus. Un mandat de trop selon Christian Tumi qui le dit dans les colonnes du magazine Jeune Afrique en kiosque depuis ce lundi 7 mars 2017.
La voix de Christian Cardinal Tumi est un soutien de poids à ceux qui s’opposent à une élection présidentielle anticipée à laquelle Paul Biya serait candidat à sa propre succession. Pourtant, il faut aller plus loin, pense Alice Sadio qui a succédé à Bernard Muna à la présidence de l’Alliance des forces progressistes (Afp). Elle l’a encore rappelé ce 4 mars 2016 lors de la 23ème édition des Journées républicaines de réflexions et d’échanges organisées par l’Union démocratique du Cameroun (Udc) d’Adamou Ndam Njoya. L’occasion a été donné à ce dernier de condamner lui aussi le projet du Rdpc. Mais il faut faire mieux que dénoncer, a ajouté Alice Sadio qui appelle l’opposition à proposer aux populations camerounaises une « offre stratégique » afin de contrer le Rdpc.
Interrogée sur cette stratégie par Le Jour, la présidente de l’Afp explique : « La seule arme qui nous reste c’est le peuple souverain. Nous n’avons ni la soldatesque ni les institutions avec nous. Mais rien ne peut arrêter un peuple qui exprime son ras-le-bol comme on l’a vu au Burkina Faso où les projets du président Blaise Compaoré ont pu être déjoués. » Alice Sadio parle ici d’un mouvement populaire canalisé par les partis politiques qui n’aura alors rien à voir avec les émeutes de février 2008 où des jeunes sont morts pour rien.
Pour y parvenir, les partis politiques doivent relever deux défis majeurs selon Mme Sadio : taire leurs intérêts égoïstes au profit de l’intérêt général d’une part et, d’autre part, trouver une alchimie pour mobiliser leurs efforts et leurs personnels pour atteindre cet intérêt général. La présidente de l’Afp révèle alors que son parti est déjà en négociation avec d’autres organisations afin d’arrêter et de mettre en oeuvre le plan stratégique. Sachant que le temps presse, elle propose que s’il faut aller à une élection anticipée, l’opposition doit pouvoir proposer ce candidat que le peuple attend toujours, depuis la présidentielle de 1992 qui avait vu l’émergence d’un consensus autour de Ni John Fru Ndi.
La bataille des jeunes
Le discours et le projet ne sont en rien différents au Cameroon’s people party (Cpp) de Kah Walla. La stratégie est résumée par le secrétaire général, Franck Essi : « Rassemblement des forces politiques et la société civile pour créer une masse critique. Nous avons déjà entamé le travail de terrain. Nous allons actionner tous les leviers constitutionnels. S’il faut manifester et protester, nous le ferons. S’il faut faire du lobbying nous le faisons déjà. Nous allons mobiliser tous les Camerounais qui partage notre opposition à la présidence à vie ». Pour lui, il y a encore un désordre dans le front du « non » aux élections anticipées profitables à Paul Biya.
« Tous ceux qui disent non ne travaillent pas encore en synergie, regrette Franck Essi. Il reste encore à arrêter un calendrier, à s’accorder sur les dates de déclenchement des actions. Il faut briser la méfiance de tous contre tous qui s’est installée dans la société camerounaise. » C’est à ce projet que travaille le Cpp qui reste d’ailleurs fidèle à son plan d’action, indique M. Essi. Ce parti annonce une pétition formulée par un réseau de jeunes qui s’est constitué en trois semaines.
Les membres viennent de tous les bords et de l’ensemble du territoire national. Franck Essi situe bien les enjeux : « Dans cette bataille, la voix des jeunes comptent pour beaucoup. On a vu des jeunes se mobiliser et marcher en faveur de la candidature de Paul Biya. Puis il y a eu les contre-appels des jeunes de la Lekié et du Sud. Voici la coalition nationale des jeunes contre l’élection anticipée et le pouvoir éternel de Paul Biya. »