Me Jean De Dieu Momo, nouveau général de Brigade du Front Anti-Déstabilisation du 7 octobre pense que la critique acerbe et répandue qu'il reçoit dans les media pour son approbation du dictateur Paul Biya est le signe qu'il est un politicien "sérieux," "sincère" et «digne». Il cite son travail au Rwanda comme la preuve de son engagement pour les droits de l'Homme. Les Camerounais sont connus pour souvent embrasser les causes politiques des autres peuples avec passion, que ce soit en faveur de Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale en Côte d'Ivoire, ou Emmanuel Macron lors de la dernière élection présidentielle en France.
Cependant, peu importe ce que les Camerounais ordinaires disent du Rwanda ou de Gbagbo si Paul Biya (85 ans et 36 ans de règne) reste au pouvoir à vie comme il entend le faire, et est même conforté en cela par ceux qui s'auto-désignent grands combattants de la démocratie et des Droits de l'Homme dans les pays des autres. En effet, tout au long des 36 années de dictature de Biya, ce genre de politique alimentaire dite «sincère» et «digne» n'a été rien d'autre qu'un spectacle national qui a essentiellement servi de «gardien de sommeil du peuple» au régime Biya.
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Ainsi, alors que Paul Biya renforce son emprise sur le pouvoir après 36 années d'immobilisme chronique, le spectacle offert par ce genre d'opposition cosmétique sert d'abord à endormir les gens. Ce pseudo martyr politique et révolutionnaire autoproclamé pour le peuple camerounais ne préfigure pas une économie de salut public mais, en fait, aide à plongé davantage l'opinion publique nationale dans un profond sommeil politique pendant d'autres sept (07) années.
Par ailleurs, ce genre de spectacle politique n'est en réalité qu'un outil personnel de survie dans la société camerounaise néocoloniale, et est utilisé comme une stratégie cynique pour exploiter et pervertir l'aspiration légitime au changement du peuple. En effet d'une part, c'est un acte d'accusation contre la passivité collective - un rappel politique que, comme le dit Débord, «Ceux qui regardent toujours pour voir ce qui va se passer n'agiront jamais: telle doit être la condition du spectateur politique ». D'un autre côté, ce genre de spectacle autocritique performatif mis en scène par Me Momo est lui-même complice d'une politique oppressive de contemplation.
Il convient ainsi de noter que le spectacle pathétique offert depuis quelques jours par Me Momo cache un véritable martyr politique au Cameroun. Cela efface à jamais le souvenir effroyable et les responsabilités écrasantes du régime de Biya dans la disparition des 9 de Bepanda. De plus, le martyre judiciaire des prisonniers politiques qui ont souffert et continuent de souffrir dans un silence général assourdissant, aux mains des gigantesques appareils d'oppression du régime de Paul Biya où la loi a été utilisée d'abord comme un instrument efficace d'une politique de répression et d'oppression, puis de dissuasion.
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Le dossier des prisonniers politiques reconnus par le CL2P révèle en cela la vraie nature de ce régime et l'inhumanité qu'il a su distiller au sein du sérail politique camerounais, tant dans la «douce innocence» souvent brocardée des victimes, que dans la cruauté de la détermination du tyran à abattre tout ce qui est perçu comme déloyal à son pouvoir.
C'est pourquoi ce que fait Me Momo est pire que de prendre de l'argent. C'est de donner au régime de Biya une virginité morale qu'il ne mérite pas. Et si nous acceptons tous cela sans broncher, alors nous sommes vraiment condamnés en tant que peuple. Parce que la nation est aussi une construction morale où les gens ordinaires se donnent les lois de leur choix.
C'est également un concept spirituel qui exprime le genre de conneries que nous sommes prêts à entendre puis à endurer à longueur d'années tout en étant capable de sauver ou préserver nos âmes en même temps.