Présidentielle et vœux au Cameroun : dans les coulisses d'une cérémonie sous haute tension

Samuel Eto'o Et Paul Biya Samuel Eto'o et Paul Biya

Wed, 15 Jan 2025 Source: www.camerounweb.com

Au Palais de l'Unité de Yaoundé, la traditionnelle cérémonie des vœux du 10 janvier s'est déroulée dans une atmosphère particulière, entre protocole strict et enjeux politiques. Reportée dans un premier temps, elle a finalement réuni plus de 400 personnalités, faisant taire les rumeurs d'une possible annulation que l'opposition liait à l'état de santé du président Paul Biya.

Les coulisses de l'événement, dévoilées par Jeune Afrique, révèlent une organisation millimétrée. Sous la houlette de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la Présidence, et de Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil, chaque détail a été pensé. Le protocole, dirigé par Simon-Pierre Bikélé, n'a rien laissé au hasard : jaquette, costume sombre ou tenue traditionnelle d'apparat pour les hommes, tailleur ou robe pour les femmes, port des décorations recommandé et, fait notable, interdiction formelle des téléphones portables dans l'enceinte du Palais.

La cérémonie a débuté par les vœux du corps diplomatique, avec une intervention remarquée de Mostafa Bouh, doyen du corps diplomatique et ambassadeur du Maroc. Notre confrère rapporte que ce dernier a particulièrement insisté sur la "diplomatie rayonnante" du Cameroun en 2024, notamment en saluant l'élection de l'ancien Premier ministre Philémon Yang à la présidence de la 79e Assemblée générale des Nations unies.

Dans ce contexte de tensions avec l'Église et l'opposition, plusieurs échanges cruciaux ont eu lieu. Jeune Afrique révèle notamment qu'Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya de l'UDC a profité de l'occasion pour aborder la question brûlante de la réforme du code électoral. Face à elle, Paul Biya s'est montré diplomatique, se disant ouvert aux suggestions tout en réaffirmant son "respect pour la Constitution".

La réponse présidentielle aux évêques a été plus directe. Alors que ces derniers s'opposent ouvertement à une éventuelle nouvelle candidature, le chef de l'État a rappelé que "les critères d'éligibilité étaient définis par la Constitution, et non par les prélats". Un message qui prend un relief particulier quand on sait que Paul Biya n'a plus convoqué de Conseil des ministres depuis 2019.

Les absences ont également été scrutées. Jeune Afrique note particulièrement celle de Laurent Esso, ministre de la Justice, dont les relations tendues avec Ferdinand Ngoh Ngoh et les problèmes de santé expliquent l'absence. Le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial empêtré dans un scandale d'escroquerie, manquait également à l'appel, tout comme Marcel Niat Njifenji, président du Sénat, hospitalisé en Suisse.

La journée s'est prolongée le lendemain avec une cérémonie distincte organisée par la Première Dame, Chantal Biya, qui a reçu quelque 1 300 convives à la résidence principale du Palais de l'Unité, démontrant la vitalité maintenue du protocole présidentiel malgré les tensions politiques ambiantes.

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