Après huit ans à la tête du Cameroun sous le règne du parti unique, le pouvoir de Paul Biya va être sérieusement menacé pour la première fois en mai 1990 avec la formation à Bamenda du Social Democratic Front (SDF), le tout premier parti de l’opposition.
Une menace que Paul Biya va essayer de contenir aussi bien sur le plan physique que spirituel à croire l’écrivain camerounais Daniel Yves Ebalé Angounou. Dans son ouvrage intitulé « Le vrai visage de Paul Biya », l’homme fait des révélations sur une « messe noire » qui aurait été faite la nuit du 26 mai. Extrait…
Le 26 mai 1990, un parti se déclare à Bamenda : le Social Démocratic Front (SDF). L'armée intervient pour réprimer. Bilan officiel 6 morts. Paul Biya panique. Les Camerounais pourraient-ils se soulever contre lui ? Certes, le phénomène est général en Afrique depuis que le vent des libertés s'est levé à l'Est, emportant en URSS, le président Gorbatchev. Ce qui arrive aux autres doit-il forcément lui arriver ? Rapidement, il fait appel à ses proches et très vite, un mot d'ordre est passé.
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A l'heure de Nicodème, une sinistre procession a lieu au cimetière catholique de Mvolye. Il s'agit ici du siège de l'Eglise Catholique. Une colline qui, de la base à la crête, est un territoire conquis aux installations catholiques. Les trois statues, le foyer des sœurs de Saint Paul, le Sacré-Cœur, l'imprimerie Saint Paul, le secrétariat général de la conférence épiscopale, l'école catholique, le cimetière de Mvolye, le centre Jean XXIII, la grotte mariale, la résidence de l'Archevêque de Yaoundé etc ... autorisent à croire en une sorte de bénédiction des lieux.
Que non ! Malgré toutes ces infrastructures, le quartier est plongé dans une obscurité infernale, favorable à toutes sortes de pratiques. Cette nuit du 26 mai 1990, les grosses légumes de la République et autres membres du cercle de Paul Biya, sont réunis au cimetière, pour une messe noire, autour d'un célébrant de tradition ésotérique. Parce qu'il faut absolument asseoir l'autorité de Paul Biya sur tous les Camerounais, afin que ceux-ci se retrouvent impuissants face à lui quelle que soient leurs velléités, cette messe a été convoquée.
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Ce soir-là, un Camerounais a été charcuté quelque part, pour les besoins de la cause, il fallait du sang et des organes humains, qui seraient présentés selon les rites de la transsubstantiation. Lorsque le prêtre, au cours de la messe, procède à l'offertoire, le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ. Le principe de la transsubstantiation relève d'un théorème magique. La poupée Ashanti chez les créoles, dans les îles du pacifique donne à l'observateur une idée de la consistance du principe de la transsubstantiation. Quand l'aiguille la frappe sur la tête, celui qu'elle représente à l'instant de l'opération éprouve de violentes douleurs à la tête.
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Si l'opérateur la frappe au cœur, la personne ciblée éprouve les douleurs à cet endroit. En sorte que, par ce moyen on peut mettre un terme à la vie d'un individu sans pourtant avoir eu un lien direct avec lui ; tout simplement en s'étant servi d'une poupée le représentant. De même, quand comme à Mvolye, le célébrant va déterminer que la chair et le sang qui vont être consommés sont la chair et le sang de tous les Camerounais, il en sera ainsi. Dès lors, ceux qui les consomment ont mangé tous les Camerounais.
Dans la forme et dans le fond en effet, la démarche du célébrant est absolue : "voici les camerounais, tous les Camerounais en ce corps et en ce sang. Quand vous en mangerez et en boirez avec foi, c'est tous les Camerounais que vous aurez consommés. On a vu ce que sont devenues tes villes mortes et autres manifestations ; on a vu comment ont été gérées les baisses de salaire chez les fonctionnaires. On en est encore à se demander comment l'ordre a pu revenir au pays après les périodes chaudes que les Camerounais ont connues durant les années de turbulence liées aux balbutiements de la démocratie naissante. Cette cérémonie rejoint étroitement celle de Maroua dans l'extrême-nord du Cameroun.
En 1991-1992, l'époque où l'agitation politique avait atteint son apogée, tous les fous de la ville furent décapités. On les retrouva morts un jour, et mutilés de certains organes vitaux. En réalité, redoutant une guerre civile, les dirigeants du pays bien informés des pratiques de sorcellerie, concoctèrent une mixture avec tous ces organes de personnes humaines sacrifiées. Une pratique magique qui eut certainement un effet heureux, puisque la menace de guerre civile qui pesait sur le pays, se dissipa toute seule.