Presse en danger : un journaliste convoqué devant le juge

Journaliste Presse Aboudi Ottou, rédacteur en chef « d’Investir au Cameroun » est attendu ce 13 mars au tribunal

Wed, 13 Mar 2024 Source: Le Jour

Aboudi Ottou, rédacteur en chef « d’Investir au Cameroun » est attendu ce 13 mars 2024 au tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif pour une affaire de « diffamation », déjà examinée par le Cnc.

Difficile de comprendre ce harcèlement dont Aboudi Ottou, rédacteur en chef d’Investir au Cameroun fait l’objet depuis plusieurs mois. Après son passage devant le Conseil national de la Communication (Cnc), l’organe en charge et de la régulation des médias et ses deux convocations auxquelles il a déféré devant la Direction de la police judiciaire, le journaliste est attendu cette fois-ci au tribunal de première instance de Yaoundé, Centre administratif.

Sa convocation reçue du président de cette juridiction précise que le journaliste est attendu ce 13 mars 2024 à 10h devant le juge d’instruction pour répondre des faits de diffamation et injure. C’est dans le cadre d’une affaire qui l’oppose à Michel Awana Ateba, président directeur général d’Enangue Holding. Le plaignant reproche à l’organe de presse d’avoir en ligne d’avoir publié le 22 août 2023, un article contenant des informations qu’il juge diffamatoires. L’article querellé était intitulé : « Transport urbain : comment le russe Yango a manœuvré pour obtenir l’autorisation d’exercer au Cameroun ». Voici l’extrait de cette publication qui fait problème : « En juillet 2023, la licence spéciale S10 est établie. Mais, le dossier continue de trainer au ministère des Transports. C’est alors que la diplomatie russe entre en scène.

En marge du 2è sommet Russe-Afrique des 27 et 28 juillet 2023, auquel prend part le chef de l’Etat, Paul Biya, des responsables de Yandex échangent avec la délégation camerounaise au sujet de Yango, apprend-on de sources concordantes et le 16 août 2023, le ministre des Transports notifie la décision d’autorisation et envoie la licence au chef du Bureau exécutif d’Enangue Holding ». La curiosité de cette affaire est que le journaliste est convoqué devant le tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif dans une procédure déjà examinée par le Conseil national de la Communication (Cnc).

Le directeur de publication d’Investir au Cameroun représenté par son avocat et le rédacteur de l’article querellé ont comparu devant le Cnc. L’organe en, charge de la régulation a conclu à un non-lieu tout en reconnaissant que l’information publiées par le journaliste avait pour but d’informer et étaient conformes à la déontologie en matière de communication sociale au Cameroun.

Un directeur de publication contacté affirme que la convocation d’Aboudi Attou devant le juge d’instruction est une entrave et une grave atteinte à la liberté d’expression au Cameroun : « C’est incroyable de voir qu’un journaliste qui a été jugé devant le Conseil national de la Communication se retrouve ensuite devant le tribunal dans le cadre de la même procédure. Cette attitude constitue une grave atteinte à la liberté d’informer », explique notre source. La convocation d’Aboudi Ottou devant le tribunal viole un engagement pris par le gouvernement du Cameroun en ratifiant le Pacte international relatif aux droits civils et politique qui dispose en son article 19 que : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions. Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix ».

Les répressions que subissent les journalistes au Cameroun depuis quelques années justifient la mauvaise position qu’occupe notre pays dans le classement annuel de l’Ong Reporters sans frontières.

Source: Le Jour