Primes de 150 millions et avantages exagérés de Cavaye yéguié: un document de l'Assemblée a fuité

Cavaye Yeguié Djibril, président de l'Assemblée nationale

Thu, 28 Sep 2023 Source: Le Messager No 8128

Dans un contexte de difficultés financières et de crises qui ébranlent la cohésion sociale, l'Assemblée nationale du Cameroun est devenue le symbole de la gabegie. Tandis que le pays lutte contre les problèmes économiques et les tensions régionales persistantes, certains politiciens se permettent des privilèges exorbitants, ignorant ainsi les besoins pressants de la population. Un document récemment divulgué dans les réseaux sociaux et vérifié par plusieurs sources révèle les avantages excessifs accordés aux membres du bureau et assimilés de l'Assemblée nationale. Ces révélations, sensationnelles dans un pays peu habitué à la transparence, mettent en lumière une réalité choquante.

Tenez, dans la catégorie des « crédits d'achat de véhicule », les allocations annuelles des membres du bureau sont ahurissantes. Le Secrétaire bénéficie ainsi d'une somme de 45 millions de F, les questeurs de 50 millions de F, les Vice-présidents de 55 millions de F chacun, tandis que le 1er vice-président reçoit 60 millions de F.

Quant au président de l'Assemblée nationale lui-même, il s'octroie une somme colossale de 70 millions de F. Dans la rubrique des « primes d'installation », chaque membre du Bureau a reçu une somme conséquente de 13 millions de F en début de la 9ème législature pour couvrir ses frais d'installation. De plus, tous les membres du Bureau ont bénéficié d'un véhicule tout neuf de marque Toyota Prado, financé par les crédits de fonctionnement de l'Assemblée nationale.

Les "crédits d'entretien de véhicule" ne sont pas en reste. Les Secrétaires reçoivent 20 millions de F chacun, les questeurs 28 millions de F chacun, les vice-présidents 21 millions de F chacun, le 1er Vice-président 30 millions de F, et le président Cavaye Yeguie se voit attribuer une somme faramineuse de 40 millions de F.

Enfin, les "indemnités pour congés" sont tout aussi extravagantes : 20 millions de F pour chaque secrétaire, 28 millions de F par questeur, 30 millions de F pour chacun des vice-présidents, 35 millions de F pour le 1er Vice-président, et 40 millions de F pour le président.

Indignation

Ces sommes astronomiques témoignent de l'ampleur de la gabegie qui règne à l'Assemblée nationale. Ces avantages aussi exagérés sont préjudiciables au Cameroun dans son ensemble, exacerbant les inégalités et les tensions sociales. Face à ces révélations, l'indignation de l'opinion publique est palpable.

« Comment peut-on accepter qu'en période de disette financière, où une grande partie de la population croule sous la misère, certains individus s'enrichissent au détriment de l'intérêt général ? », s’interroge un membre titulaire du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, excédé par la mauvaise image de l’Assemblée nationale. Eu égard à l’obligation de réserve qui lui interdit de s’exprimer sur son parti, il n’a accepté de témoigner qu’à condition que son anonymat soit préservé. « Il est grand temps que des mesures drastiques soient prises pour mettre fin à cette gabegie financière à l'Assemblée nationale. La transparence et la responsabilité doivent être rétablies, et les fonds publics doivent être utilisés de manière judicieuse pour répondre aux besoins prioritaires du pays », ajouté notre source.

Pour Germain Nanga, économiste et universitaire, l'Assemblée nationale, en tant qu'institution représentant le peuple, doit retrouver sa légitimité en servant l'intérêt général plutôt que les intérêts personnels de quelques-uns. « Seule une réforme profonde permettra de restaurer la confiance des citoyens et de promouvoir une répartition équitable des ressources nationales. Il est temps que le gouvernement et les dirigeants politiques prennent leurs responsabilités et mettent un terme à cette gabegie financière, afin de préserver la cohésion sociale et de construire un avenir meilleur pour tous les Camerounais », souligne l’universitaire. Le silence des autorités sur cette affaire ravive les frustrations, et la multiplication des scandales dans l’entourage du président de l’Assemblée nationale ne contribue pas à arranger les choses.

Source: Le Messager No 8128