Trois ans après son élection triomphale à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Samuel Eto’o Fils est au cœur d’une violente tempête. Justin Tagouh, ancien président du conseil d’administration (PCA) du Bamboutos FC et ancien soutien de poids du président fédéral, accuse aujourd’hui ce dernier de détournement de fonds publics et de dérives autoritaires. Dans un communiqué incendiaire, l’homme d’affaires camerounais dévoile des accusations graves qui ébranlent l’institution footballistique.
Justin Tagouh était l’un des principaux artisans de l’ascension de Samuel Eto’o à la présidence de la Fécafoot en 2022. Homme d’affaires influent et ancien dirigeant du Bamboutos FC, il avait apporté un soutien financier et logistique décisif à la campagne de l’ancien attaquant du Barça. Mais aujourd’hui, le ton a radicalement changé.
Dans un communiqué officiel, Tagouh dénonce une « dérive institutionnelle » et une gestion opaque des subventions de l’État destinées au football camerounais. Selon lui, plusieurs milliards de francs CFA auraient été détournés par la Fécafoot entre 2022 et 2024.
D’après les révélations de Justin Tagouh, les fonds alloués par l’État pour le fonctionnement des compétitions, les arbitres et les clubs n’auraient jamais atteint leurs bénéficiaires légitimes. Il affirme que :
1,68 milliard de FCFA destinés aux clubs ont été « dissimulés et détournés » par la Fécafoot.
300 millions de FCFA prévus pour les arbitres et l’ONIES (Organisation nationale des instances élues du sport) n’ont pas été correctement redistribués.
Aucune transparence n’a été observée dans la gestion comptable, malgré les demandes répétées des présidents de clubs.
« La Fécafoot est devenue un cimetière de la vérité », assène Tagouh, dénonçant un système basé sur « la manipulation, l’intimidation et le trafic d’influence ». Il accuse également Samuel Eto’o d’utiliser la justice comme un « instrument de répression » contre ses détracteurs.
Ces accusations interviennent dans un contexte déjà tendu entre la Fécafoot et le Bamboutos FC, dont Justin Tagouh a annoncé le retrait des championnats nationaux. Le club accuse la fédération de « mauvaise foi » et de manipulations financières.
D’autres présidents de clubs auraient saisi le Tribunal de première instance (TCS) pour exiger des comptes, mais la Fécafoot refuserait, selon Tagouh, de fournir les justificatifs nécessaires.
Ces allégations jettent une ombre sur le mandat de Samuel Eto’o, déjà critiqué pour ses méthodes autoritaires et ses conflits avec plusieurs acteurs du football camerounais. L’ancienne gloire du football, qui promettait transparence et renouveau, se retrouve désormais accusé de corruption et de mauvaise gouvernance.
Contactée par nos soins, la Fécafoot n’a pas encore réagi officiellement à ces accusations. Toutefois, des sources internes évoquent une « campagne de déstabilisation » visant à discréditer le président fédéral.
Les accusations de Justin Tagouh pourraient avoir des répercussions judiciaires. Il affirme que les preuves des virements suspects sont consultables au Trésor public et que des enquêtes sont en cours au ministère des Finances.
« Aucune intimidation ne nous fera reculer face aux voleurs des deniers publics », prévient-il, appelant à une mobilisation générale pour « la vérité, la transparence et la justice ».
Alors que le football camerounais traverse l’une de ses crises les plus graves, la question reste en suspens : Samuel Eto’o parviendra-t-il à se disculper, ou ces révélations marqueront-elles la fin de son règne à la Fécafoot ?