Selon les informations de Kalara, l’accusée principale de l’affaire de l’assassinat du désormais célèbre Bryan Formbor, curieusement poursuivie libre, a échappé à la condamnation au bénéfice du doute. Trois de ses compagnons d’infortune sont frappés de prison à vie et trois autres sont remis en liberté pour faits non-établis. Dans leur verdict laconique, les juges n’ont pas rendu publics les arguments sous-tendant leur sentence.
André Agladala, sans profession, Djingui Djamo, boucher, et Maxime Nailengari, vigile, passeront le reste de leur vie en prison s’il n’intervient pas un rebondissement dans la procédure judiciaire qui vient d’aboutir à leur condamnation. Le tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi les a déclarés coupables des faits d’assassinat. Il leur a accordé des circonstances atténuantes en raison de leur qualité de délinquants primaires et a condamné chacun à la prison à vie. Les condamnés doivent payer ensemble les frais de justice à hauteur de 103 mille francs.
Patrick Nde Mouaffo, mécanicien, Gustave Martial Mbida, mototaximan, et Armel Amborira, commerçant, ont pour leur part été reconnus non coupables pour faits non établis. Catherine Ivana Obama Essomba, présentée par l’accusation comme étant l’accusée principale, a été acquittée au bénéfice du doute. Le tribunal a prononcé l’extinction de l’action publique en faveur de Salomon Amada, décédé à la prison centrale de Yaoundé Kondengui pendant le procès. Le tribunal a ordonné la libération des accusés acquittés, la restitution du téléphone de Mme Obama Essomba et la destruction des scellés constitués des blousons et d’un poignard qui avaient été signalés par le parquet comme ayant été saisis.
Procès de suspicions
Cette décision, qui a été rendue le 12 juillet 2023, a mis un terme à un procès d’une affaire qui a fait couler beaucoup de salive et suscité les suspicions de toutes sortes. Le renvoi à plusieurs reprises du verdict aura davantage amplifié ces soupçons, donnant l’impression que le dossier embarrassait le TGI à cause de certaines forces de l’ombre. Surtout que Mme Catherine Ivana Obama Essomba, l’épouse de Bruno Bidjang, l’accusée principale, était l’unique mise en cause qui comparaissait libre. Le collège des juges a continué à entretenir ces suspicions en s’abstenant de porter à l’attention du public le raisonnement (motivation) ayant sous-tendu leur sentence. De toutes les façons, après les atermoiements du verdict, le tribunal a finalement tranché. Il reste aux condamnés insatisfaits de saisir la Cour d’appel du Centre pour solliciter le réexamen du dossier.
A signaler que peu après la déclaration de culpabilité de André Agladala, Djingui Djamo, et Maxime Nailengari, l’avocate des ayants-droit du défunt, constitués partie civile, apparemment déçue, n’a sollicité qu’un franc symbolique représentant la réparation du préjudice subi par la famille de feu Boris Formbor. A la suite de l’avocate, le ministère public a, pour sa part, demandé au collège des juges d’accorder des circonstances atténuantes aux trois accusés déclarés coupables des faits de coaction d’assassinat à cause de leur statut de délinquants primaires. S’agissant de la peine à infliger à ces derniers, le magistrat du parquet s’est remis «à l’extrême sagesse du tribunal pour la détermination du quantum de la peine».
Les avocats des accusés, dont Me Beas Beas Jonas, ont exprimé leur déception face à la décision du tribunal, qui a déclaré coupables leurs clients alors qu’ils croyaient avoir suffisamment démontré l’innocence de ceux-ci au cours des débats. Ils ont plaidé pour de larges circonstances atténuantes et une peine de principe permettant aux accusés de recouvrer la liberté et de pouvoir se resocialiser.
Circonstances atténuantes
Rappelons que Catherine Ivana Obama Essomba, André Agladala, Djingui Djamo, Salomon Amada Maxime Nailengari, Patrick Nde Mouaffo, Gustave Martial Mbida, mototaximan et Armel Amborira avaient été renvoyés en jugement devant le TGI du Mfoundi pour répondre des faits d’assassinat en coaction. En fait, les mis en cause étaient poursuivis pour avoir, d’après l’accusation, commis ensemble et avec préméditation, le meurtre de Boris Bryan Formbor Fabo froidement assassiné à coups de poignard dans la nuit du 4 au 5 juin 2020 au lieudit Texaco-Omnisport à Yaoundé.
Devant la barre, Catherine Ivana Obama Essomba présentée par l’accusation comme étant une ancienne copine du défunt et actrice principale de l’assassinat de ce dernier et ses accusés avaient tous nié les charges retenues à leur encontre. Au terme des débats houleux et parfois passionnés, le tribunal a tranché en condamnant à la peine de vie trois accusés et en acquittant les quatre autres.