Procès de Mancho Bibixy: la partie civile réclame 579 millions

Mancho Bibixy 780x440.jpeg Mancho Bibixy

Thu, 26 Apr 2018 Source: journalducameroun.com

Elle est constituée de dix personnes physiques et de l’Etat du Cameroun désignés comme des victimes des casses et autres violences de décembre 2016. Pour avoir subi des pertes matérielles et des dommages physiques et psychologiques, elles demandent réparation. Les mis en cause, eux, rient devant le montant demandé.

Assis depuis le début de l’audience ouverte mercredi à 18h05, Mancho Bibixy écoute le ministère public, composé du commissaire du gouvernement, des défenseurs des intérêts des victimes et de l’Etat, présenter ses réquisitoires sur la peine qui devrait leur être infligée. Lui et ses six coaccusés ont été reconnus coupables des chefs allant du terrorisme à la dégradation des biens quelques minutes plus tôt. C’est l’occasion pour la partie civile de dire ce que les victimes des violences survenues à Bamenda en décembre veulent pour le préjudice moral, physique et matériel causé lors desdits événements.

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Les victimes en question ce sont dix personnes composées de trois militaires et de cinq civils auxquels s’ajoute l’Etat du Cameroun. Elles n’ont pas été ni vues ni entendues au fil des audiences, à l’exception des officiers qui ont comparu en qualité de témoins. Sécurité oblige. Leur identité a été dévoilée pour la première fois au cours d’une audience publique mercredi. On y reconnaît l’élève Thérèse Mbakop, 19 ans en 2016, victime d’une fracture des vertèbres cervicales après être tombée du deuxième étage de son collège « poussée par des sécessionnistes » disent les avocats de la partie civil. D’après les informations relayées par la presse camerounaise, c’était lors d’un mouvement de panique généralisé causé par l’intrusion dans le collège de quelques individus armés de gourdins.

Ces victimes demandent que leur soit versée la somme de 579 millions de francs CFA pour réparation après l’incendie du commissariat du 3ème arrondissement de Bamenda, dont l’immeuble était occupé dans le cadre d’un bail emphytéotique ; l’hospitalisation d’au moins deux jeunes filles, la dégradation du véhicule d’un officier et de certaines routes de Bamenda et le pillage de certaines boutiques.

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Le montant fait rire les mis en cause. Après avoir écouté silencieusement les chefs d’accusation retenus contre eux, Mancho Bibixy, Tsi Conrad, Tha Emile Agwe, Aselecha Martin, Valentine Guingah, Tamngwa Malvine Tamgwa, se laissent aller à un fou rire au fur et à mesure que l’accusation aligne les chiffres. Et Mancho Bibixy se lève, contourne ses compagnons en secouant la tête, sans doute pour se donner le temps d’encaisser le coup. Il revient se placer face au juge, hors du boxe dans lequel se trouvent les autres.

Seul Awah Dzenyagha Junior, connu sous le pseudonyme Thomas Sankara, laisse voir son indignation. Il n’hésite d’ailleurs pas à le montrer. « Cite les noms des personnes concernées », lance-t-il à l’endroit de la traductrice chargée de leur rapporter en anglais les différentes interventions. L’anglais n’est pas la langue utilisée dans le procès de ces personnes. « Vous parlez de l’incendie du Commissariat du 3ème arrondissement alors que moi je n’étais pas là-bas, je me trouvais à la Commercial avenue. Vous parlez des personnes que je ne connais même pas. Moi je ne les ai jamais vues de ma vie. Il faut dire que toi tu as poussé tel, toi tu as cassé telle chose, mais vous vous mettez tout le monde dans le même panier », lance –t-il en colère.

Son humeur est la même à chaque audience. Quand il n’est pas taiseux, il pleure ou gronde. La faute sans doute au risque de la peine de mort qui plane sur l’ensemble du groupe ou peut-être à sa maladie. Awah Dzenyagha Junior souffre de troubles psychologiques. Il n’est pas très bien dans sa tête depuis un accident de la circulation dont il a été victime, disent ses proches. Ses avocats avaient requis l’autorisation de la Cour pour que celui-ci puisse comparaître libre, afin qu’il subisse une énième intervention chirurgicale. Cela ne leur avait pas été accordé.

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Le commissaire du gouvernement, Eric Thadée Engono, a demandé mercredi une « peine didactique » à l’encontre des personnes jugées. Des sanctions qui vont « décourager tous les Camerounais qui s’imaginent qu’avec des menaces on peut revendiquer ce que l’on désire. Apprendre aux gens que la violence n’est pas un mode d’expression. Que les gens ne s’imaginent pas qu’en détruisant, menaçant, contraignant, ils vont atteindre leurs objectifs».

Le procès est reporté au 8 mai sur demande de la défense.

Source: journalducameroun.com