Les Camerounais sont choqués de retrouver sur les réseaux sociaux une bande audio dans laquelle un homme présenté par son interlocuteur comme le procureur de la République, négocie la somme de 100 millions pour gérer un dossier par devant lui. L’avocat Me Christian Bomo demande au ministre de la justice de réserver une suite pénale à cette affaire.
LETTRE OUVERTE AU MINISTRE D'ÉTAT, MINISTRE DE LA JUSTICE, MONSIEUR LAURENT ESSO
Monsieur le Ministre d'Etat,
Un voice devenu viral présenté comme celui du Procureur par intérim du Tribunal de première instance de Douala, est en circulation. On y entend une conversation dans laquelle un individu interpelle un interlocuteur qu'il appelle procureur.
La discussion dans cette audio porte sur un montant de 100 millions qu'aurait exigé le procureur pour régler une affaire qui serait pendante devant lui.
Une note de Monsieur le Procureur Général de Douala, certainement prise sur vos instructions au vu du principe de la subordination hiérarchique, a été prise ce 25 avril pour remplacer le procureur par intérim du Tribunal de première instance de Douala- Bonanjo
Ce qui laisse présager, sauf autre motif que cette affaire est prise au sérieux par votre département ministériel.
Monsieur le Ministre d'État,
Vous êtes certainement après Monsieur Adolphe MOUDIKI, le plus haut et ancien magistrat encore en fonction.
Vous faites dès lors partie de ces anciennes générations des magistrats qui ont bâti leur réputation dans l'intégrité.
Pour tout dire vous restez l'un des pères de la justice camerounaise, encore vie.
C'est donc une lourde responsabilité qui vous incombe de maintenir notre justice dans sa dignité d'antan.
Un magistrat supposé négocier des commissions comme un avocat qui négocierait des honoraires, si avéré, ce serait le franchissement du rubicond.
Il serait incompréhensible de ne pas donner des suites judiciaires pénales à cet audio en instruisant une enquête pour mieux investiguer ,au- delà de toute enquête administrative et éventuellement de sanctions administratives qui pourront tomber, si les faits sont établis.
La corruption et sa tentative sont des infractions pénales en droit cameroun.
La loi n'accorde aucune immunité aux magistrats.
Pour sauver l'honneur de notre justice et de nos robes, une enquête pénale doit être ouverte pour investiguer dans cette affaire, afin de savoir si réellement, ces faits ont été commis par ce magistrat, et dans ce cas, lui appliquer la loi. Nul n'étant au-dessus de celle-ci.
Les magistrats tout comme les avocats doivent sanctuariser la justice dont ils sont les sacrificateurs.
Ce serait un signal fort si vous instruisez l'ouverture d'une enquête pénale contre un magistrat soupçonné des faits de corruption, même si la présomption d'innocence doit être scrupuleusement respectée.
Les avocats ont souvent fait l'objet de poursuites pénales pour des indélicatesses soupçonnées dans l'exercice de leur profession , et cela a contribue à assainir le milieu judiciaire.
Il serait donc tout aussi justifié d'ouvrir une enquête penale dans cette affaire où, le nom d'un magistrat est cité dans un acte de corruption aussi barbare.
Par Christian Ntimbane Bomo
Société Civile des réconciliateurs
Candidat déclaré à l'élection présidentielle.